ITALIA FARA DA SE (mais ça va être coton), ET L’EUROPE, FARA COMMENT ?

vendredi 1er mars 2013
par  Jean-Luc Gonneau
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Les commentaires à propos des résultats des élections italiennes ont été profus. Synthèse rapide : attention aux « populismes », d’une part, et les peuples tournent le dos à l’Europe de l’austérité, de l’autre. Les mieux éduqués des commentateurs patentés disent d’ailleurs l’un et l’autre, mais la grande majorité en conclut, contre toute logique, que l’ennemi est avant tout le « populisme ». Notion d’autant plus commode qu’elle est tout particulièrement floue. Disons, là aussi pour faire court, que le populisme, c’est souvent l’attitude de ceux avec lesquels on n’est pas d’accord. Copé est populiste avec son pain au chocolat ? Non, il est xénophobe. Chavez est populiste quand il nationalise ? Non, il est anti-impérialiste. Berlusconi est populiste quand il prétend supprimer plein d’impôts ? Non, il est démagogue. Mélenchon est populiste quand il propose de ratiboiser les rémunérations qu’il juge excessives ? Non, il veut redonner une signification à la notion d’égalité.

Il demeure que l’imbroglio italien est à la mesure de la grande tradition de la vie politique chaotique et désordonnée de ce pays. La situation n’est pas vraiment surprenante : le manque de fraîcheur de la coalition menée par Pier Luigi Bersani, assez « hollandaise », même plus centriste encore, dans son programme et dans sa démarche n’était pas une découverte. La talent de showman, même usé par les ans, et le culot d’acier de Silvio Bernusconi sont sa marque de fabrique. Même le succès, cependant sous-estimé par les sondages, de Bepe Grillo était attendu. Ce qui nous souci, dans ce minestrone, c’est la confirmation qu’une « gauche de gauche » est effacée du paysage électoral : la coalition de petits partis incluant les communistes « maintenus » de Rifondazione comunista fait un score dérisoire qui ne lui donne pas accès aux parlements. La coalition Gauche Ecologie et Liberté, « aile gauche » de la coalition de Bersani, pèse environ 10% des voix de celle-ci, soit un peu plus de 3%. Plus encore que dans d’autre pays européens où les partis communistes ont représenté une force importante, voire, c’était le cas en Italie, hégémonique à gauche, la gauche s’est effondrée : turpitudes du Parti Socialiste Italien, virage au centre gauche de l’appareil del’ex-Parti Communiste, dont Bersani lui-même est issu, et voilà le travail : Bersani, après Massimo d’Alema, autre ex PCI, sera probablement premier ministre, et probablement aussi éphémère que son prédécesseur. Tout ce virage idéologique pour ça…

Mais les cris d’orfraie se sont bien davantage manifestés sur les éventuelles conséquences des élections italiennes sur l’Europe. Quand ils disent « Europe », les crieurs ne pensent évidemment pas à l’Europe des peuples, moins encore à celle des nations, toutes deux abhorrées. Non, il s’agit de l’Union Européenne libérale, encore et toujours présentée comme l’acquis intouchable d’un demi-siècle de tractations politiques. Point de salut hors cette Europe -à, rabâchent les crieurs. Et quiconque oserait suggéré qu’une autre construction européenne, avec des finalités sociales, environnementales prioritaires, avec des orientations économiques différentes est prestement taxé d’ « anti-européen ». Le « modèle » libéral européen (certains parlent maintenant d’un modèle allemand, nous n’irons pas jusque-là : plusieurs gouvernement pratiquent la servitude volontaire, si finement analysée par Etienne de la Boétie voilà presque cinq siècles) a beau prendre l’eau de toutes part, pas question pour les crieurs, au premier rang desquels l’inénarrable président de la Commission Européenne, José Manuel Barroso. En France, le Front de Gauche a tracé quelques perspectives pour une Europe différente. Il ne serait pas inutile de reprendre ce dossier.


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