https://www.traditionrolex.com/18 SUISSE : DE L'OR DANS LES ALPAGES - La Gauche Cactus

SUISSE : DE L’OR DANS LES ALPAGES

mardi 9 avril 2013
par  Roberto Robertelli
popularité : 91%

Trotski avait raison. Et son lucide regard sur la réalité suisse est, dans son essence, aussi neuf et tragiquement vrai aujourd’hui. Leurs déboires juridiques et moraux passes, récents et présents, comme leur comportement pendant la 2e guerre mondiale ou leur culpabilité admise dans l’affaire des fonds en déshérence ou encore leur conséquente participation a de nombreuses malversations pendant cette interminable crise financière et dans le scandale des manipulations du taux du libor et tous ces etcetera etcetera que l’on voudrais oublier ; tous ces taches qui bariolent le blason à croix blanche et qui nous font regretter le choix d’Henri Dunant ; tous ces déboires n’ébranlent pas la bonne conscience collective de nos voisins producteurs de fendant qui restent dans une très large mesure de donneurs de leçons et porte-drapeaux de la vrai morale : celle de ceux qui détiennent le pouvoir ; celle de l’argent. Bravo les suisses. Visiblement ce n’est pas seulement du chocolat que vous savez préparer avec amour.

Vous savez pourquoi la Suisse est connue pour sa sécurité ? Elémentaire mon cher ami. Non, non : pas en raison de l’efficacité de sa police cantonale ou privée, ou de ses services de renseignements, mais non mon cher, c’est la sécurité assurée par l’argent facilement et impunément amassé par tous ces actuels ou futurs "révolutionnaires" qui y résident, ainsi que par tous les déchus qui ont bien mérite un exil doré. Une bonne sécurité bien sûr : on ne vient pas déranger les requins impunément. C’est la Sicile sur Léman, et les seuls qui peuvent réellement les inquiéter font partie des mêmes espèces prédatrices. Dès qu’ils commencent à accumuler les profits du travail des autres, ils ouvrent un compte, puis vient l’appartement pour le petit dernier qui est prometteur, aussi avide que ses parents et qui ira dans une bonne école pour qu’il puisse se frotter aux espèces étrangères de rapaces. Puis viendra le chalet pour les vacances et les soirées avec les gens qui comptent ou, avec un frisson d’origine psychologiquement douteuse, ils serreront des mains ou s’inclineront discrètement avec respect devant un héritier déchu ou un prince arabe, un jovial italien sans beaucoup de manières mais qui semble avoir beaucoup d’argent ; un aristocrate représentant de la banque privée protestante qui a l’air idiot mais papa est occupé ce soir ; et un universitaire de bonne famille et de nationalité indéterminable qui a visiblement trop bu. Et puis discuter avec ce distingue vieil anglais, ancien du S.A.S et ce premier secrétaire d’ambassade dont le nom commence par un u et finit par un s qui n’arrête pas de rassurer l’assistance en déclarant souriant que tout va bien et que "c’est sans danger ? ", et puis ce cureton béat qui a ses entrées au Vatican. C’est ça le bonheur camarade.

L’air ambiant est conducteur du pouvoir qui s’ennuie et d’obséquieux espoirs toujours déçus mais toujours renaissants. Et toi camarade, tu voudrais que par les pouvoirs que toi et d’autres benêts m’avez confiés imprudemment, j’aille déranger ses messieurs-dames qui viennent juste de me serrer la paluche ? Tu rêves. Attends je vais te réveiller encore plus ; je vais te parler de la politique chez les helvètes, les lacs et l’altitude ainsi que le chocolat orné de feuilles d’or étant, c’est bien connu, très bénéfiques pour l’épanouissement de la démocratie. Enfin, je veux parler de la démocratie directe, une spécialité locale comme la raclette et la fondue mais bien plus visqueuse. Je dis bien visqueuse puisqu’elle colle si bien à l’esprit des suisses qu’elle a fini par l’engluer, même si parfois de surprenants résultats obligent ceux qui ont la charge de surveiller les soubresauts du "souverain" à d’inquiétantes contorsions médiatiques qui vont de la surprise navrée à la menace voilée. Leur tâche est parfois rude puisque si la prose des journaux locaux suit parfaitement la lettre et la forme inviolable de cette recette d’origine grecque (vous voyez bien qu’ils ne sont pas xénophobes), ils se permettent parfois des excès aux senteurs européennes, généreuses et bouleversantes que le vote populaire, dûment renseigné et conseillé, réprime prestement, restaurant la normalité et la grisaille porteuses de lendemains confortables et résignés. Oui, résignés puisque le peuple n’est pas dupe ; il connait le prix : les compromissions nécessaires, l’hypocrisie indispensable et le poison du silence craintif ou la délation fait son lit. La démocratie directe est en première ligne dans leur combat européen. "Nous avons tout essayé mais le peuple souverain en a décidé autrement" : en d’autres mots, allez vous faire foutre, circulez y a rien à voir, mais peut-être que dans 10 ou 20 ans, pour vous faire plaisir, on verra. La stabilité sociale, la stabilité politique, la prédictibilité : un rêve d’investisseur, un privilège de riche, une réalité payée par la soumission d’une classe moyenne qui n’en crois pas ses yeux tellement c’est bon ; une classe moyenne plongée dans le fromage, jalouse et agressive avec ceux qui refusent de s’intégrer et de marcher dans la combine ; et les critiques qui n’ont qu’à bien se tenir, oui, ceux qui crachent dans la soupe qui est si bonne.

Nous disions donc, une démocratie irréprochable et proche du peuple, une liberté de la presse aux limites de la diffamation, un système judiciaire à tiroirs et d’une lenteur légendaire, dominée par des cabinets d’avocats à l’adresse indiscutable et aux relations impressionnantes. C’est l’Amérique en plus propre mais avec autant d’armes à la maison (armée de milice). Bien sûr ils sont neutres ; la neutralité consistant à être toujours du côté du plus fort en lui rendant service, tout en aidant le faible, les rapports de force ayant une fâcheuse tendance à changer. Ça rapporte gros, la neutralité, on garde l’or et les enfants pendant que les Grands se chamaillent tout en préparant de belles conférences internationales pour les réconcilier, sûrs qu’ils sont d’être toujours sur la photo, discrets mais bien places, prêts pour la prochaine. Puisqu’on vous dit que c’est pour aider. La preuve ; les suisses sont d’une générosité sans égale lorsqu’ils peuvent aider les pauvres étrangers à rester chez eux ; ils les soignent et les nourrissent avec leurs médicaments et leurs produits alimentaires pour enfants, les banques n’étant pas la seule spécialité exportable et alors là, pour les photos c’est classe : y a bon la Suisse. Résumons : ils sont gentils, propres, généreux, consciencieux et honnêtes ; le chocolat, la Williamine et la fondue sont irréprochables ; la démocratie et la liberté d’expression sont garanties ; le pays est beau comme une carte postale coloriée des années 50 ; mais que vois-je dans l’alpage ? Est-ce bien Heidi qui se fait mettre par un taureau ? Zut, j’ai encore oublié de parler des femmes voilées et des néo-nazis. Mais je pense qu’il n’y a que de l’or dans les alpages.


Commentaires

Brèves

28 janvier 2009 - REFERENDUM HISTORIQUE EN BOLIVIE (de notre correspondant permanent en Amérique latine Jean-Michel Hureau)

La Bolivie a vécu un jour historique le 25 janvier puisque, pour la première fois de son (...)

5 avril 2007 - Arrestation de quatre militantes féministes à Téhéran : Réagissons !

Merci à Maryam Youssefi de nous avoir alerté sur cette information, qui implique une action. (...)
https://www.traditionrolex.com/18 https://www.traditionrolex.com/18