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L’HIVER N’EST PAS TERMINE AU PAYS DU FADO

jeudi 2 mai 2013
par  Antonio Pereira Nunes
popularité : 96%

Tel que certains commentateurs que l’on peut écouter dans l’intense information politico-sociale portugaise, moi aussi j’ai du mal à comprendre les évènements au Portugal. C’est surtout un profond sentiment de gâchis qui nous envahit quand ici et là dans ce doux pays, on écoute les gens dans rues ou sur les terrasses des cafés peu peuplés, on ne sait trop si parce que la saison est encore fraiche malgré le soleil toujours généreux, ou tout simplement à cause d’un pouvoir d’achat qui n’est plus.

Gâchis oui car les gens, atrocement conscients de leur situation actuelle ainsi que de leur devenir, hésitent entre la rage et une tragique résignation face à l’amplitude des difficultés. Ils sentent que malgré tout, il y a des choses à faire et surtout qu’avec un peu plus d’efficacité et moins de bâtons dans les roues ça pourrait mieux aller. Meilleure distribution des aides sociales, réduction de la bureaucratie en général, et tout particulièrement faciliter l’accès au démarches administratives et au crédit pour les PME, éviter l’hémorragie des licenciements, impulser les formations professionnelles. Une justice rendue dans des délais raisonnables au lieu des procès sur 10, 20 ans voire plus. Les gens veulent des mesures urgentes pour éviter le désespoir. D’autres mesures à moyen et long terme pour donner un sens à tant de sacrifices. C’est peut-être le profond sentiment d’un peuple qui n’a jamais été très riche, même au temps des caravelles et des découvertes, qui revient à la surface. Un peuple qui a toujours dû faire beaucoup avec très peu.

Ce que l’on ne comprend pas, c’est cet acharnement du gouvernement vers des réductions des aides sociales et les augmentations des impôts et taxes en tout genre alors que M Sélassié, leader de la troika-crocodile, écrasant une larme fugace s’étonne lui-même des conséquences de ces mesures sur la population. Le syndrome grec est arrivé au Portugal. Les rues qui se vident de leurs commerces, des diplômés ou non, de tous âges quittant le pays incapable de les employer, des retraités qui sont déjà dans la misère ou sur le point d’y être. 42% de la population portugaise sont des pauvres ou en voie d’appauvrissement. De vieilles personnes qui font la manche dans les rues, des familles entières qui ne mangent plus à leur faim, et qui le crient devant les caméras de télévision ou dans des réunions politiques, ou lors du passage de leurs représentants officiels, désormais entourés dans leurs déplacements par des gardes rapprochées pléthoriques. Pas une sortie du premier ministre Passos Coelho, ou même du président de la république Cavaco Silva sans être objet de manifestations populaires de plus en plus agressives. La crainte d’un dérapage devient palpable. Serait-il qu’au pays des « brandos costumes », que les bonnes manières du peuple portugais n’y soient plus ? Malgré tout les gens ne veulent pas en rajouter, ne pas aller trop loin. Il suffirait de donner quelques signaux de ralentissement dans les mesures d’austérité, laisser les gens souffler un peu, pour que les choses se calment.

Les pouvoirs publics, toute la classe politique les yeux rivés sur les élections allemandes de septembre prochain, l’espoir d’une aumône, une petite baisse des taux d’intérêt, peut–être, un assouplissement de la période de règlement de la dette, guettant une accalmie des exigences européennes, semblent paralysés à l’idée de prendre des mesures internes alors qu’au pays les indicateurs sont toujours au rouge, les urgences se font sentir, et les souffrances subies, elles, bien en croissance. « Le peuple est habitué aux coups, mais pas nous ! », les entendrait-on dire si on avait l’oreille assez fine. Tout sauf décevoir Madame Merkel ! Pas plus à M. Antonio José Seguro, secrétaire général du Parti Socialiste portugais qu’à M. Passos Coelho, premier ministre portugais en exercice, l’idée de quitter l’Euro ne hante leurs rêves. Malgré leurs déclarations à consommation interne tout le monde sait, ou se doute, que les deux sont prêts à tous les compromis, toutes les soumissions quel que soit le prix à payer, la simple notion de souveraineté reléguée à tout jamais dans leurs esprits aux curiosités de l’Histoire. A peine diront-ils, peut-être, fléchissant les genoux, baissant les yeux et arrondissant le dos « Monsieur le bourreau ne vous fatiguez point de la sorte et veuillez reposer votre bras un court instant ! » Seule la rue s’insurge, mais contre elle la garde veille avec ses hommes casqués ses bâtons et ses chiens, de préférence des bergers allemands. A quand porteront ses gardes des brassards aux croix bizarres ? On me susurre à l’oreille que c’est pour bientôt.

La communication gouvernementale portugaise, alambiquée et insuffisante n’est pas appropriée. Les gens ne comprennent pas de quoi ils parlent, ne voient pas une direction claire et durable à suivre, et quand le ministre des finances avec sa tête des mauvais jours s’adresse, enfin, au peuple comme il l’a fait devant les caméras de télévision le 16 mars dernier, c’est pour dire que les mesures économiques mises en place par le gouvernement depuis son arrivée aux affaires avaient toutes échoué. Pendant ce temps les partis d’opposition présentent séparément des motions de censure vouées à l’échec. Une fraction importante de l’opinion publique souhaite le départ du gouvernement. Le Président de la République qui, au cours de son mandat, a déjà dissous le Parlement une fois, ne le fera certainement pas une deuxième. Une crise politique ajoutée à une crise économique, est-ce vraiment ce dont Portugal a besoin en ce moment ? Pas sûr. Dans les jours qui suivent le pays attend un remaniement ministériel et plus encore les conclusions du Tribunal Constitucional relativement aux normes du budget de l’état pour 2013. Si la situation du pays venait à s’aggraver suite aux décisions prises, le gouvernement pourra s’attendre à de très mauvais jours, et le pays continuer sa descente aux enfers.


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