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TRIBUNE : DROITE, GAUCHE ET DEMOCRATIE

vendredi 12 juillet 2013
par  Jacques-Robert Simon
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Il est fréquent de postuler que la "Gauche" porte des valeurs tandis que la "Droite" représente des intérêts. Cette hypothèse est en partie vraie, du moins si l’on se limite à l’expression publique des idées plutôt qu’aux actions concrètes. Toutefois, cette affirmation de valeurs, pour la gauche donc, coïncide le plus souvent avec des propositions de moindre effort : la "Gauche de la Gauche" se distingue en mettant en avant augmentations de salaires, améliorations des prestations, gonflement des effectifs ... En se situant sur ce terrain, elle accepte de rester sous la domination d’une classe ou d’une caste : elle manifeste contre les excès ou les dérives d’une minorité de possédants alors qu’il serait possible d’imaginer qu’elle se consacre à éliminer, ou au moins à limiter, l’exploitation de l’Homme par l’Homme.

Je n’arrive pas à croire (et encore moins à penser) que le chemin le plus aisé corresponde à celui de la Justice. Proposer "Liberté, Egalité, Fraternité" comme principe d’action suppose de contrecarrer la nature profonde des individus pour lesquels l’accaparement et la domination sont les ressorts instinctifs de toute décision, de tout comportement. Privilégier le collectif et le rationnel implique de se désengager d’une gangue de l’immédiateté et du naturel qui régit le comportement tribal des Hommes. Le respect des autres et de leurs différences implique un effort constant sur soi-même. Tout conduit à penser que ses propres traits constituent une espèce d’idéal auquel les autres doivent aspirer pour être "conformes".

La fin de l’Histoire, ou du moins d’une histoire, semble être l’horizon indépassable de la vision de la plupart des citoyens des Nations européennes. L’Etat ne dirige plus, il insuffle, il suggère, quelquefois il essaie encore d’orienter, mais alors sans succès. Les routes offertes sont tracées par un système financier qui suit un concept incontournable qu’il a inventé à son usage : l’autorégulation de ses flux et l’autocorrection de ses erreurs. Aucune rationalité, aucune décision politique, aucune expression démocratique n’est nécessaire pour contraindre ce système, il se contrôle seul et sans intervention. Ainsi les "politiques" en sont réduits à commenter les péripéties du système financier en proposant une pantomime parfaitement inopérante pour le contrôler mais parfaite pour "occuper" l’espace médiatique. Ce jeu de rôle concerne indistinctement la "Droite" et la "Gauche" qui ne différent que par le spectacle offert mais pas par les propositions d’action influant "réellement sur le réel". Alternativement, l’une et l’autre classe de comédiens vitupèrent l’une contre l’autre en criant à l’incompétence et l’irresponsabilité, tout en faisant très exactement la même chose lorsqu’elle obtient ce qu’elle désire : un pouvoir virtuel mais une apparition plus prégnante dans les médias. Prenons quelques exemples de l’actualité pour illustrer ce point.

Le "mariage pour tous" ? Les uns sont pour, d’autres sont contre, mais qu’existe-t-il au-delà des procès en sorcellerie ? Si l’union de quiconque avec quiconque n’a aucune espèce de répercussion au niveau sociétal, son institutionnalisation par le mariage transforme un droit individuel en une normalité collective. Personne ne sait si la collectivité en sera plus harmonieuse, plus unie, plus forte dans quelques générations, qui est l’unité de temps à considérer pour une société. Personne ne sait davantage si les enfants adoptés par des couples homosexuels seront mieux, moins bien ou autant heureux que ceux issus "naturellement" de couples hétérosexuels. Personne ne se demande s’il est nécessaire de faire cette expérience.

La crise morale ? La morale, d’essence purement individuelle et construite par soi-même et pour soi-même, a laissé pour une large part la place à la réglementation, qui est, elle, à destination d’un collectif. La morale ne peut pas être contournée par des artifices sans disparaître. Il est patent que la réglementation fera l’objet de toutes les attentions d’habiles, de contrefacteurs ou même d’escrocs. La réglementation favorise-t-elle la morale ? Un société peut-elle ou doit-elle se contenter des lois ?

La crise du capitalisme ? Il est surprenant que l’on puisse confondre les mondes financiers et entrepreneuriaux. Un investissement donné pour bâtir ou fortifier une industrie nécessite l’accumulation du travail d’un nombre quelquefois considérable de personnes. Cet accaparement n’est justifié que si, en échange, une autre accumulation, celle du savoir, est proposée. Peut-on réellement penser que les personnes qui hantent les banques et les places financières sont créatrices d’une quelconque richesse ? Bien entendu il est essentiel de promouvoir le talent et le mérite, mais ceux-ci doivent à terme bénéficier au plus grand nombre et non pas favoriser nombrilisme, clanisme et cet effroyable mépris pour autrui que l’on retrouve presque constamment chez ceux qui pensent avoir "réussi". Les Démocraties peuvent-elles emprunter sans disparaître le chemin de l’effort qui peut seul permettre la réalisation effective des préceptes qu’elles mettent en avant ?


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