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LA GRENOUILLE AMERICAINE

dimanche 15 septembre 2013
par  Roberto Robertelli
popularité : 91%

Merci, monsieur de La Fontaine de nous avoir donne des fables si plaisantes et si proches de ce qu’il faut bien nous résigner à appeler la nature humaine. Oui, proches de la nature humaine et donc de ses nombreuses faiblesses. Une constatation qui loin de nous rassurer et de nous inciter a tenter l’impossible, ne fait que nous conduire à jeter, suivant les circonstances furtivement ou avec arrogance, un voile pudique ou indécent sur les inévitables conneries que les faibles comme les puissants ne manquent pas de commettre dans le feu de l’action ; portes par l’irrésistible élan que suscite parfois une éphémère réussite et où l’individu, forcement ordinaire, est saisi par un irrépressible désir de gloire et par un culpabilisant mais grisant sentiment de puissance. Sentiment de puissance qui, comme un fort élixir, fait oublier le toujours instable support de l’équilibre, de l’ordre et de l’efficacité : la prudence. Cette prudence qui, si souvent mal comprise puisque si souvent mal employée, entrave l’action mais empêche bien des bêtises. Or les bêtises sont notre lot commun puisque nous sommes tous, puissants ou faibles, des individus forcément ordinaires et donc prévisibles. Prévisibles : cet état qui est nôtre est aussi, je trouve, une excellente excuse qui nous permet de défausser sur d’autres la responsabilité de résultats si souvent modestes auquel nous conduit inévitablement notre ordinaire condition. Car n’est pas Mitterrand qui veut. Car en haut de l’échelle on est pris de vertiges. Et les puissants oublient dans ces instants où tout semble devenir possible, qu’ils sont avec nous parties du commun et qu’ils sont prévisibles.

Si Hollande veut jouer avec les américains à qui perd gagne, il a fichtrement intérêt à emporter des biscuits, ce que visiblement il a oublié de faire. Lorsqu’on gesticule pour s’insérer dans la partie complexe qui se déroule au proche orient en mimant les va t’en guerre il faut éviter de froisser l’empire en voulant lui ravir la vedette et se retrouver piégés comme des gamins trop audacieux, dans une habile mais probable pirouette politique des grands, de ceux qui ont les moyens, de ceux qui sont prêts à carboniser sans regrets toute la région s’il le faut. Ceux qui participent a cette sanglante séance de grand guignol, n’ont pas vraiment le choix. Entre ceux qui ont le dos au mur et ceux qui voient dans cette crise leur meilleure chance de tout rafler et conforter pour longtemps leur pouvoir sans partage, l’espace pour de géniales improvisations est bien mince. Qu’est ce qu’on vient foutre dans cette fosse à purin où au mieux on nous jettera un os a ronger si on est bien sages ? Le temps du mandat franco-britannique pour la Syrie est bien loin et nous sommes hors jeu depuis longtemps dans cette région. L’unique résultat politique obtenu jusqu’a présent a été de montrer à l’opinion internationale nos insuffisances dans le domaine militaire et la dégradation rapide de nos services diplomatiques ainsi que les lacunes de nos services de renseignements. Bravo. Après l’intervention au Mali les français attendaient certainement mieux. On serait plus avisés de porter nos efforts pour tenter de conserver nos positions en Afrique et nous préparer à parer ce qui semble déjà s’y dessiner ; consolider et assoir notre puissance politique et militaire dans une Europe en devenir ; tisser des liens d’intérêts solides avec les pays émergents d’Amérique latine et avec le géant Indien. Et puis les français n’en veulent pas de cette guerre : mais bien sur ils sont idiots et mal éduqués, donc leur avis est sans intérêt. Encore bravo. Pour la politique intérieure c’est tout bon : la gauche guerrière sans le sou à la conquête du monde. Je pense qu’ils préfèreraient entendre parler nos dirigeants d’une meilleure répartition de l’effort de reconstruction. Je dis bien de reconstruction ; comme après une guerre.

Bon, comme rien n’est tout noir ou tout blanc en politique, le maréchal Hollande qui sait battre en retraite sans perdre complètement la face et qui sait aussi qu’il lui faut sauver ses troupes, saura certainement saisir les occasions qui ne manqueront pas de se présenter dans cette partie qui est loin d’être jouée. Dans un jeu de massacres où les enjeux sont bien plus importants qu’ils ne paraissent et dont les consequences du resultat final risquent de peser lourdement et pendant longtemps sur nos societes d’individus forcement ordinaires. Etre ordinaires et previsibles n’est pas forcement un désavantage. Etre prévisible c’est aussi être crédible. Néanmoins, lorsqu’il est prévisible des le début que le résultat de ce qui est entrepris sera pour la France de paraitre aux yeux de l’opinion internationale comme une grenouille américaine, nos dirigeants auraient pu éviter de la gonfler.


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