LE FN, LA DROITE SOCIALISTE, L’IMMIGRATION, L’EURO, ET CEUX QUI NOUS FONT HONTE
par
popularité : 1%
Tout le monde tourne autour du pot. Ce qui sépare le FN de l’UMP c’est l’euro. Ce qui les réunit c’est l’hostilité envers l’immigration. Pour beaucoup l’euro, c’est bien abstrait. Pour beaucoup, l’immigration c’est bien concret. Ce qui va marcher, du moins aux municipales, c’est le front contre les Roms, les Arabes et les Noirs et, plus généralement, contre les "assistés".
Je suis à contre courant : je pense que le FN a raison sur l’Europe et a tort sur l’immigration (c’est même l’un des points essentiels qui m’en sépare, car c’est bien la pierre de touche des appartenances idéologiques). Je suis donc aussi à contre courant de la droite socialiste qui est, elle, comme l’UMP, contre les Roms (et contre les autres immigrés assistés ?) et pour l’euro.
Oui, à contre-courant, par honneur et fidélité, de la droite socialiste (c’est à dire culturellement libertaire, économiquement libérale et socialement nulle part) pour laquelle roule désormais de manière évidente Marianne, ne touchant plus guère un mot du piège européen (si apprécié de Jacques Julliard ) mais qui me fait honte en soutenant dans son ouverture, "Notre opinion", (signée par Maurice Szafran, qui nous avait laissé mieux espérer de lui, et en contradiction, heureusement encore, avec une part du reste des pages de ce numéro) que "la position de Manuel Valls (lui) semble juste et devoir être défendue". Car, si cette position peut être défendue (par opportunisme électoral et, même, par une recherche d’assurance vie politique, si nécessaire après tant de suivismes européens ayant offert "du carburant au FN"), elle n’est pas fondée : on ne peut soutenir, sans démonstration mais uniquement par suivisme de la sensibilté populiste que la plupart des Roms ne veulent pas s’intégrer ; et d’ailleurs l’anthropologue M. Olivera (sans doute à classer parmi les tenants d’un "gauchisme ringard " et d’un "moralisme de pacotille " du type de Cécile Duflot) soutient lui, avec beaucoup de bon sens, le contraire, dans Le Monde.
Faire, à ce propos, et dans les termes solennels employés ("quelle gauche ? quelle ligne ?" etc.) le procès des "zigzag du crabe" - un président (auquel je continue, malgré ses limites, à accorder, en tant que je suis un citoyen angoissé par l’avenir de mon pays menacé par l’extrémisme, de pouvoir être un rempart d’avenir contre les plus mauvaises des droites) qui partagerait les préjugés de M. Valls (ou du moins sa pertinence politique ?), mais qui ne saurait choisir - comme si c’était sur ces débats imposés par les populismes les plus sommaires que se définissait une stratégie, et sans revenir à la question fondamentale de l’équivoque européenne, relève de la part de cet hebdomadaire de l’erreur de jugement et de l’imposture intellectuelle. C’est sur une stratégie qu’il faut juger un pouvoir (et là, il y a toujours, hélas, beaucoup à dire…) et non sur des contraintes de conjoncture électorale, que l’on peut, hélas, comprendre... mais sans devoir, par charité, trop s’y attarder.
Le blog de Gérard Belorgey : http://www.ecritures-et-societe.com
Commentaires