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PARIS : LE FADO COURT LA VILLE

vendredi 8 novembre 2013
par  Jean-Luc Gonneau
popularité : 3%

Nous connaissons, à Paris et dans les environs, les concerts donnés par les vedettes du fado portugais venues de Lisbonne, qui drainent pour une part importante un public non lusophone. Plus rares étaient les concerts ou les soirées de fado données par des artistes portugais établis ici à destination de ce public composite, où la lusophonie est souvent minoritaire, dans des lieux qui ne soient ni des restaurants de cuisine lusitanienne, ni des salles investies par les heureusement nombreuses et actives associations de la communauté. Il y eut bien quelques concerts ces dernières années, parfois dans le cadre de semaines culturelles (nous avons le souvenir de ceux de Cinda Castel, de Monica Cunha au Théâtre 13, de Diogo Rocha et Claudia Costa au Petit Journal entre autres).

Il y a, plus fréquemment et depuis peu, les soirées sous forme de spectacle, soit très concertées (l’excellent Sud-Express de Philippe De Sousa, où le fado est présent ; le spectacle équestre et fado de Carlos Pereira, qui en est à ses débuts et suppose des lieux spécifiques), soit sensiblement plus déjantées, telles les soirées « café-concert » organisées régulièrement aux Affiches à Paris (5e) par le Coin du Fado avec en équipe à peu fixe Conceição Guadalupe, Philippe de Sousa, Pompeu Gomes et Nella Gia plus une ribambelle d’invités. Ces initiatives visent un public qui excède largement le monde lusophone parisien.

Plus récemment encore, le fado a investi des lieux parfois improbables : certains dimanches après-midi dans la salle d’un centre médical aimablement prêté à l’initiative du chanteur Sousa Santos ; tout récemment dans un minuscule mais sympathique préfabriqué des bords de Seine à Paris, où la jeune chanteuse Daniela Costa a embarqué pour une mini session de fado la bande de l’Arganier (Paris 14e) et quelques autres ; ou bien encore, voici quelques mois dans le cadre très sélect du golf d’Ozoir-la-Ferrière pour un dîner fado (une « production » du Coin du fado, avec Jenyfer Rainho, Paulo Manuel, Philippe de Sousa et Nuno Estevens) privé, rassemblant deux cent adhérents du golf). Et aussi des lieux, bars ou restaurants qui ne sont pas liés à la lusophonie. Karine, la « française du fado », a montré la voie dans les cafés de Montreuil avec du « fado folk ». Eunice Ferreira, comédienne et fadiste, propose, avec la complicité de Philippe de Sousa et Nuno Estevens aux guitares, des soirées de fado dans des bars parisiens habitués de programmations musicales. Monica Cunha, avec les mêmes complices, va faire de même. Citons aussi les soirées fado, plus classiques, que propose de temps à autre l’Estaminet (Paris 12e) dont le patron est certes portugais, mais avec une cuisine et une clientèle essentiellement française. Ou encore, mi novembre, le « brunch fado » où l’équipe de l’Arganier (Sousa Santos, Daniela Costa, Manuel Corgas, Nuno Estevens) dans le restaurant (français) De part et D’autre dans le 15e.

Ainsi donc, de Montreuil à Croix-Nivert, d’Oberkampf à Saint-Michel, de Fontenay aux Lilas, de Stalingrad aux quais de Seine, d’Alesia à Daumesnil, le fado tente de sortir des limites communautaires qui longtemps, hors les concerts de stars, furent les siennes. On pourra, si l’on est optimiste, y voir une conséquence de la reconnaissance par l’UNESCO du fado dans le patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Quoique : comme le confiait récemment Ana Moura au Lusojornal, cette reconnaissance n’avait pas eu, pour elle, d’incidence sur sa carrière. Plus sûrement sans doute, cette ouverture peut s’expliquer comme une volonté de trouver des publics nouveaux (et donc, pour les artistes, de nouvelles ressources, car le fado parisien ne nourrit guère ses interprètes), et peut-être par un changement générationnel : ce sont les « jeunes » du fado, à quelques exceptions près, qui sont en pointe dans ce mouvement, encore fragile, et qu’il convient d’encourager.

Cet article est également paru dans Lusojornal daté du 6 novembre 2013 (www.lusojornal.fr)


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