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TAUBIRA, LA REPUBLIQUE

vendredi 8 novembre 2013
par  Jean-Luc Gonneau
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Les insultes odieuses dont vient d’être la cible Christiane Taubira de la part d’enfants, encadrés par des parents propres sur eux mais sales, très sales, dans leurs têtes ont suscité, avec un peu de retard à l’allumage, un tollé dans une large partie de la classe politique et des médias et, heureusement dans une bonne partie de l’opinion. Une autre partie de la classe politique s’est réfugiée au mieux dans de molles condamnations des insultes, le plus souvent dans le silence. Pas étonnant de la part d’élus, UMP ou Front national, fréquemment désobligeants avec la garde des Sceaux.

La dame a le cuir épais, comme on dit. Le racisme, elle connaît. Tout juste a-t-elle regretté qu’une « grande et belle voix » ne se fasse pas entendre pour dénoncer ce climat de haine raciste qui monte dans le pays, au-delà de sa personne, qui n’en est qu’un cristallisateur. Mais Christiane, permettez qu’on vous appelle Christiane, y-a-t-il une grande et belle voix dans le gouvernement auquel vous appartenez ? Il y a certes des ministres respectables, d’autres moins, mais de grandes et belles voix il n’en est qu’une : la vôtre. Et dans le personnel politique en général, il n’est guère que Jean-luc Mélenchon, voire Martine Aubry, et encore, dans leurs bons jours pour prétendre à grande et belle voix. A droite, des voix sont respectables, d’autre odieuses, mais de grandes et belles, macache. La dernière, et en une seule et unique occasion lors de son discours à l’ONU, fut celle de Dominique de Villepin, devenu affairiste (hé oui, les avocats d’affaires sont affairistes, comme d’autres sont pénalistes ou civilistes). Dans la société civile, ou les belles et nobles voix sont moins rares (normal, elle est plus nombreuse), il en est peu qui peuvent, au niveau de l’opinion, apparaître comme grandes. Edgar Morin peut-être. Pour Stéphane Hessel, c’est trop tard. N’empêche, grandes et belles voix ou pas, nous aurions aimé que le président de la République et le premier Ministre prennent fissa, et haut, et fort, la défense de leur ministre.

En 2005, la Gauche Cactus s’est fortement impliquée dans la campagne pour le Non au projet de traité européen. Ainsi, chaque jeudi soir, en complicité avec l’association Résistance 7e art, un Jeudi Non était organisé à l’Espace Saint-Michel à Paris. Après quelques (très) courts métrages, un débat avait lieu avec une salle toujours bondée. Nous avions invité des politiques (Clémentine Autain, Jérôme Guedj, pas encore député, Eric Coquerel, pas encore conseiller régional, Alexis Corbière, pas encore coneiller de Paris…), des juristes (Dominique Rousseau, Geneviève Geay…), des scientifiques (Jean Bricmont, Jean-Pierre Berlan…), des responsables associatifs (Susan George, Pierre Henry, Marc Mangenot…). Nous aurions souhaité avoir dans le panel des parlementaires. Seule Christiane Taubira accepta. Elle arriva en retard, préféra s’installer, lors des projections, à même une marche d’escalier plutôt que la place qui lui était réservée à la (modeste) tribune (ça me rappelle mes années étudiantes, commenta-t-elle). Et, lors du débat, nous eûmes droit à une grande et belle voix.

Ce que l’on sait peu, c’est que Christine Taubira est d’origine sociale modeste, loin, tant géographiquement que culturellement, de l’entre soi bourgeois qui constitue l’essentiel du milieu politique français ; qu’elle est multi-diplômée (sciences éco, sociologie, ethnologie, agroalimentaire, une belle diversité). Ce que l’on sait plus, c’est quelle fut jusqu’à 29 ans une militante indépendantiste pour la Guyane, ce que l’UMP lui renvoie sans cesse à la face (J’ai mal à la France, commente un bien médiocre député de ce parti en apprenant sa présence au gouvernement). Flamme de la jeunesse, révolte contre les séquelles, toujours visibles, de la colonisation, la tentation indépendantiste a toujours été présente dans la jeunesse progressiste antillo-guyanaise. Aimé Césaire lui-même, autre grande et belle voix disparue, en fut proche. Indépendantiste en Guyane à 20 ans, ça peut se discuter ; proche du Front National (dans la tête) à 50 balais, comme le sont certains élus et/ou dirigeants de l’UMP, non.

Car depuis le consternant « discours de Grenoble » d’un Sarkozy alors en fin de course tentant un à droite toute désespéré, les langues de certains UMP (pas tous heureusement), qui n’attendaient que le signal du chef, se sont déliées : Hortefeux et sa blague à moins de deux balles sur les arabes, Copé et son pain au chocolat, Garraud et son mal à la France. Face aux insultes de ses adversaires, aux silences de son camp, Christiane Taubira fait face. Au nom de la république. Car l’ancienne indépendantiste, souvent qualifiée d’ « électron libre » est une parfaite républicaine. Ce qu’elle défend, là où elle est, ce sont les valeurs de la république : liberté, dignité de l’individu, émancipation, respect de la loi commune. Dans ce gouvernement qui déçoit tant de gens, Christiane Taubira est pour nous une boussole de gauche. Une boussole électron libre ? Oui, et alors, justement. Courage, Christiane, vous permettez qu’on vous appelle Christiane, t’es la meilleure !


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