GRANDES CAUSES NATIONALES
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Après le « mariage pour tous », qui a permis l’accès à une norme sociale éminemment bourgeoise de quelques dizaines de milliers de citoyennes et citoyens, et accessoirement de mettre dans la rue quelques centaines de milliers de ringards éminemment bourgeois, voilà la loi sur la prostitution, éminemment urgente à une époque où nous comptons quelques millions de chômeurs ou précaires, où les cadeaux fiscaux aux entreprises s’amoncellent (joyeux noël !), où la phynance, on a des lettres, tremble, de rire, devant devant l’aplatissement de ce brave Moscovici, où une droite « décomplexée » se lâche dans la xénophobie (à propos, aucune enquête, aucune mesure contre les parents des mômes à la banane, qui mériteraient, au moins, quelques coups de pieds aux séants ? Il y a pourtant bien injure raciste publique). Se méfier du mot « décomplexé », nous avons lu récemment dans la presse des appels à constituer une gauche « décomplexée » : gaffe à ne pas singer la droite du même adjectif.
Attention, hein, nous n’avons rien contre le « mariage pour tous », mais des doutes sur la notion même de mariage, qui, au passage constitue pour nombre de conjointes un état de prostitution exclusive. Et nous ne nions pas que les pouvoirs publics se soucient des conditions de vie des personnes, hommes ou femmes, insistons là-dessus même s’il est évident que le nombre de femmes concernées est très supérieur à celui des hommes, se livrant à la prostitution. Et nous apprécions que la future loi abroge l’ahurissant délit de racolage passif inventé par Nicolas Sarkozy, destiné uniquement à faire monter las statistiques d’ « affaires résolues » et accessoirement, encore, car il y a dans la politique d’aujourd’hui beaucoup d’accessoire et pue d’essentiel, à faire pression davantage sur les prostitué-e-s pour en faire plus encore des balances, pardon, indicateurs ou trices. Quant à la pénalisation du client, croit-on vraiment que cela va améliorer le sort des malheureuses victimes des réseaux de traite, si rarement épinglés par une police qui, en la matière manque de moyens et parfois de motivation (les proxos font de bons indics) ? Et les prostitué-e-s indépendant-e-s, oui, ça existe, même s’il s’agit d’une minorité pas si négligeable que le disent tant de bons esprits qui ne connaissent guère les réalités de cette activité, sont superbement ignoré-e-s dans ce salmigondis législatif. Les policiers eux-mêmes sont plus que réservés sur ce sujet, tant l’apport de la preuve de la relation tarifée sera difficile à établir ; de plus, le client, lui ne fait pas un bon indic. La priorité, on le sait, c’est la lutte acharnée contre la traite. La loi ne prévoit rien de tel, les macs doivent être a peu près aussi effrayés par la future loi que les banquiers face à Moscovici. Et puis, comme l’écrit non sans pertinence dans Libération le philosophe Ruwen Ogien : qu’est-ce que cette loi qui veut pénaliser le client d’une activité qui demeurera légale ?
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