QUE RESTE-T-IL DU SOCIALISME ?
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Que reste-t-il de nos amours, chantait Charles Trenet. Superbe chanson, qui nous laisse une douce mélancolie, une merveilleuse mélodie, un charmant poème, que nous pouvons, sans nous lasser, réécouter. Que reste-t-il, en France, du socialisme après les déclarations du Président de la république ? Plus grand-chose, si peu, presque rien.
Social-démocrate ? Pas même. On sait d’ailleurs depuis longtemps que le modèle socio-démocrate, mis en œuvre par les gouvernements travaillistes avant Tony Blair, ce bel enfoiré, par les socio-démocrates allemands avant Schroeder, ce triste sire, et scandinaves était fondé sur la présence d’une forte organisation syndicale unitaire des salariés, ce qui ne fut pas le cas en France. Comme disait l’autre, les conditions objectives n’ont jamais été réunies.
Social-libéral ? C’est un quasi oxymoron. Le dernier palier en tout cas avant le lâchage de toute référence à la gauche, la transformation des organisations de gauche en avatars du Parti démocrate, une sorte de centrisme social, pas loin, hors la référence religieuse, des démocrates chrétiens qui tinrent un temps le haut du pavé en Europe. Probablement.
Jean-Luc Mélenchon, quand il ne cède pas aux invectives plus ou moins heureuses, demeure probablement l’un des politiques français ayant une vaste culture, et politique, et générale. Il connaît son Hollande par cœur et il y a belle lurette qu’il a repéré, dans les travaux des « transcourants » que Hollande animait à partir du mitan des années 1980, une explicite référence au modèle américain du Parti Démocrate. Car on ne peut enlever à François Hollande cette qualité : la constance dans ses idées. Le problème, c’est que ces idées ne sont pas celles du socialisme, et plus quoiqu’il en dise, celles de la social-démocratie, qui admettait le compromis avec le marché. Compromis, pas soumission. Quand Hollande s’est affirmé socialiste, il se trompait (et tentait de nous induire en erreur). Quant il se dit aujourd’hui social-démocrate, il se trompe (et dans la foulée nous trompe).
Le socialisme, ce n’est pas la priorité à l’« offre », terme opaque qui cache à peine des rapports de force en faveur du capital, mais la priorité à la « demande », c’est-à-dire viser la satisfaction des besoins vitaux et culturels des citoyens. Le socialisme, ce n’est pas la priorité à la propriété privée des moyens de production, mais à leur appropriation collective, au moins partielle, ce qui ne passe pas uniquement par la nationalisation ou toute autre forme d’intervention publique. Comme nous ne sommes pas bégueules, nous apprécions les efforts de Benoît Hamon, dont le ministère essaie de développer l’économie sociale malgré des moyens ridicules. Le socialisme, c’est porter une vision internationaliste du monde, et non pas mondialiste, alignée sur la finance, cet « ennemi » qui doit franchement s’esclaffer. Mais brisons-là, on fait un article, pas un traité.
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