LA MORALE PAR LA LOI ?
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Je suis surpris par l’approche de l’ensemble des dirigeants pour ce qui concerne l’essentiel de toute société : le degré de morale qu’elle développe et les moyens mis en œuvre pour l’acquérir. L’emploi même du mot « moral » est devenu impossible sans subir les sarcasmes de tout intellectuel médiatisé. Morale : « Science du bien et du mal : théorie de l’action humaine en tant qu’elle est soumise au devoir et a pour but le bien ». Pour être précis, les termes « Science » et « Théorie » sont parfaitement impropres. La science ne se préoccupe en rien de bien ou de mal et elle ne le peut, par définition, pas. Son objet est de comprendre et de mettre en ordre ce qu’il ressort de ses observations, en aucun cas d’indiquer si c’est bien ou mal. D’ailleurs les scientifiques qui hiérarchisent leurs savoirs en fonction de critères moraux font partie des charlatans les plus nuisibles de notre temps. « Théorie » est aussi inadapté. Une théorie simplifie le réel en le rendant abstrait mais au sein de propositions toutes démontrables. Rien n’est démontrable en Morale.
La Morale est une construction personnelle, purement individuelle donc, qui se fait tout au long de la vie. Elle commence bien entendu par l’éducation prodiguée par les parents et les intimes. Aux âges les plus tendres, l’acquisition se fait quasi-uniquement par l’exemple. Il est parfaitement inutile de « prêcher », un regard, un geste, une parole sont immédiatement absorbés par l’enfant qui les retranscrira dans son Monde. Un peu plus tard, l’adolescent doit apprendre à maîtriser ses pulsions. A ce stade, ce sont les résultats de ce qu’il entreprend plutôt que les causes qui devraient guider notre apprenti « Homme ». Il devrait remarquer, mais il le fait rarement, que s’abandonner à la jouissance ne permet que de très éphémères satisfactions. Les livres peuvent déjà l’aider, mais ils ne peuvent que bien difficilement contrecarrer les hormones. Puis vient la vie d’adulte. Il faut pour le moins manger, se vêtir et par dessus tout avoir un toit. Ceci entraîne de lourds sacrifices pour qui ne supporte pas les tutelles, l’autorité sans aucune autre compétence que de pouvoir intimider, car on est « chef » et payé pour cela. Il faut en accepter le moins possible, mais il faut malgré tout accepter de fournir quelques choses de ce qu’ils cherchent à ceux qui se pensent utiles. Consentir sans abdiquer, et surtout ne pas se comporter comme eux, ne se fier qu’à ce que l’on pense, ce que l’on croît, ce que l’on a réussi à extraire de mieux de soi-même, ce qu’il convient d’appeler la morale. L’âge ensuite vous enveloppe dans ses suaires. Par peur de l’inéluctable, il ne faut toujours pas, à deux pas du but, abandonner ce qu’on a eu tant de mal à atteindre : une vie conforme à sa propre vision du bien, si tant est qu’il existe, mais on peut au moins essayer de l’atteindre.
Les forcenés de l’Inquisition, les bolcheviques, les khmers rouges… et maintenant les hiérarques réfugiés dans leurs bureaux de Bruxelles (simples relais des spéculateurs tapis dans les banques) ont tous prétendus mettre en œuvre par leurs lois et leurs règlements une morale collective avec, et c’est tout naturel, le même résultat : les contraintes qui augmentent au fil de leurs échecs jusqu’à aboutir, pour les plus décidés d’entre eux, aux plus atroces massacres. La loi ne peut simplement pas remplacer la morale. Ce n’est ni une proposition, ni une hypothèse, c’est un fait expérimental.
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