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MUNICIPALES : UN COUP POUR RIEN ?

mardi 18 mars 2014
par  Jean-Pierre Lefebvre
popularité : 1%

Scénario écrit à l’avance. Rappel : Les média oligarchiques ont truqué la primaire socialiste en imposant Hollande comme candidat de l’oligarchie, grâce à la trahison de Montebourg dont les voix pipées à gauche auraient du aller logiquement à Martine Aubry, qui semble avoir, elle, une colonne vertébrale à défaut d’un anticapitalisme indémaillable. C’est ainsi qu’une majorité de gauche devient en un tour de bonneteau une majorité de droite ! Pis que Sarkozy qui lui défend logiquement sa classe de bourgeois. Chacun connaît la suite : à chaque jour sa pantalonnade, reculade après reculade devant CAC 40 et MEDEF : la honte sans phrase, tellement attendue qu’on en reste coi. Un boulevard pour le retour des pétainistes déguisés en mère grand du petit chaperon rouge, en dépit d’une presse bien pensante qui nous répète que, non, le vilain méchant loup a limé ses canines : il n’est plus fasciste, seulement raciste, démagogique, irresponsable, d’extrême droite : tous les ingrédients remis au goût du jour !

La gauche va prendre une volée aux municipales. Les banques continueront à spéculer à nos dépens. Les mandarins étatiques à produire paperasse et déficit. Nos patrons à traîner les pieds à la Bourse plutôt qu’à exercer leur gouvernance : 33 000 robots industriels en France contre 168 000 en Allemagne. Moins que l’Italie ! Cherchez l’erreur. Là est pourtant le secret des exportations pour payer notre pétrole. Le problème de fond est encore plus grave. 82 % des actifs sont salariés : ils devraient donc gouverner économie et politique à leur profit. Pourquoi en sont-ils privés ? Dans cet enlisement de la République, aucun parti ne s’interroge sur les tares profondes du système municipal, quand tous en profitent. Après le vote pourtant, toute relation vivante avec les citoyens disparaîtra immédiatement dans les sables mouvants du tsunami médiatique soporifique et marchandisé, de la délégation de pouvoir étanche, de l’inertie bureaucratique de nos chers (en euros) services publics. Rendez-vous dans cinq ans pour la même comédie électorale, avec un peu de chance on repassera à gauche. A moins que, d’ici là ?

Que faire ? Occuper nos places Tarir ou Maïdan par des barricades ? Trop de morts pour des résultats trop incertains. La clé de la situation est à notre avis dans le mode de désignation des maires et des conseillers municipaux. Au delà de quelques milliers d’habitants, la constitution actuelle est une machine à produire des mandarins, à édifier une pyramide oppressive, opaque, truqueuse. Bien entendu chacun a croisé au moins un élu honnête dans sa vie. Tous nos braves maires ne sont ni Balkany ni Dassault ni DSK, etc. Il ne s’agit donc pas seulement d’un problème d’éthique personnelle des candidats. C’est le système lui-même qui est en cause et qui vicie les individualités qui s’y engagent. Un conseiller municipal représente de 10 à 500 électeurs selon le lieu où il vote. Impossible d’être contrôlé par 500 électeurs inconnus. La contradiction dialectique entre le corpusculaire (individuel) et l’ondulatoire (social) ne peut agir. Il faudrait instituer partout un même taux de représentativité : un élu pour deux cents électeurs sur tout le territoire national, quelle que soit l’importance de la commune. Grâce au relais de comités de quartier de quelques milliers d’habitants, se réunissant régulièrement, proposant et contrôlant en permanence ses élus de base, les révoquant au besoin en cas de maldonne. Sinon, l’épreuve des municipales une fois franchie grâce à la maîtrise - certes relative - des techniques de réélection, bilans truqués, pommade, promesses, sourires aux pépés mémés, martelage médiatique, etc., il ne reste comme décideurs que le Maire potentat, deux trois adjoints, deux ou trois hauts fonctionnaires, petit comité qui décide de tout. L’oeil fixé sur les sondages, le fessier vissé au matelas des services innombrables qui amortissent les chocs, ces mandarins profiteront des menus ou gros avantages plus ou moins licites liés à leur fonction en répétant les normes obsolètes de la gestion pépère. Dans les villes, en six ans (2006-2012), les dépenses de personnel des collectivités locales ont augmenté de 34,5 % (Le Monde du 21 /02 /14) ! Pour quel service en plus ? Les actionnaires ne sont pas les seuls à ponctionner la plus value produite par les salariés ! Le secteur public absorbe ici 56 % du PIB, 10 % de plus que nos voisins. Le pis est que ce dispositif obèse empêche toute idée un peu originale de franchir le seuil des hôtels de ville. Grands élus et hauts fonctionnaires, quelles que soient leur qualité humaine initiale, sont digérés par le système pervers et sécrètent doucereusement une seconde classe sociale exploiteuse, enfouie dans sa langue de bois, sa viscosité, sa technocratie protectrice des situations acquises, rabâchant les mêmes âneries d’un faux savoir fossilisé, les mêmes mensonges démagogiques, le même conformisme obtus. Dans une ville d’extrême gauche, le maire me dit avoir concédé les repas des cantines à une boîte privée : ça lui coûtait deux fois moins cher ! Dans une autre ville de même couleur, en trente ans les effectifs sont passés de 400 à 1000, pour un service sensiblement équivalent ! Au fou !

La tâche la plus importante d’une ville est son urbanisme car il conditionne vitalement l’épanouissement de chacun comme la solidarité de tous et il durera des décennies. L’ensemble des constructions de l’hexagone est aujourd’hui aligné sur le conformisme le plus misérable : il s’agit de bâtir le plus bêtement du monde de l’antiville, des barres, des barres rien que des barres, les plus simples qui soient, afin que les trois gros du bâtiments ne voient jamais leur cash flow descendre au dessous de 15 %. Chacun sans pouvoir choisir est enfermé dans la même cellule orthogonale qui réprime son imaginaire. Modèle unique. Après une décennie de contestation bienvenue, avec Mitterrand le corps des architectes s’est effondré dans cette horreur économique, alignant sa médiocrité sur celle des vedettes que les mêmes médias oligarchiques lui imposaient comme des parangons d’inventivité quand celle-ci avait rendu l’âme dès les Grands Projets du Président, les Grands Prix usurpés, aujourd’hui dans un Grand Paris totalement contracyclique. Menacée d’apoplexie, la région parisienne devrait en effet courageusement bloquer son développement et commencer sa patiente reconstruction à visage humain, en desserrant sa démographie excessive. En premier lieu en traitant ses grands ensembles que le monstre étatique de l’ANRU démolit dans l’unique but de virer les HLMiens souvent migrants, en remplaçant les grandes barres par de plus courtes, cette fois digicodées par Valls, baptisées miniplots par un autre génie du verbe creux.

Pour sortir de cette mécanique anti-écologique délétère, il conviendrait d’engager un vrai débat permanent sur la ville, en bas, chaque projet d’architecture étant exposé pendant deux mois dans une maison de quartier, avant d’accorder tout permis de construire, pratiquant ainsi une pédagogie progressive du projet, les habitants contrôlant la mise en oeuvre de leur confort, les architectes partageant enfin avec eux leur culture de l’espace solidaire. L’ébauche du corpus de savoir nécessaire à l’édification d’une telle ville organique et solidaire existe, il a été expérimenté dans les années 70 dans les banlieues ouvrières, il faudrait seulement le réinvestir en repoussant les censures du secteur productif et du fric facile, l’embarras gastrique des réglementation inutiles et tueuses de créativité architecturale. Il faut enfin libérer la forme. Les autres domaines de l’activité municipale nécessiteraient une même révolution patiente et obstinée du bon sens et de l’invention altruiste. Mais les « grands maires » créent leur fief de roitelet, tels Fabius en Normandie, Colombus à Lyon, Brancaleone en Seine Saint Denis, etc. De véritables maffias tiennent les rênes et contrôlent la moindre décision, la moindre élection, ou tu te soumets ou tu disparais de la scène. Ce sont leurs députés dociles qui feront les lois, éliront le gouvernement. Ils sont les inévitables produits de ce système municipal qui génère l’hydre bureaucratique national, l’absurdité ubuesque et la dérive aveugle dans l’art de fabriquer du vent et de l’impéritie. L’oligarchie manipule à son profit vorace ce système obèse et paralytique en modulant par ses sondages et médias les courants d’opinions, la trahison banale venant huiler les rouages à chaque élection. En passant compromis avec la classe bureaucratique, elle gagne la guerre de classe et prolonge son règne délétère au-delà du raisonnable. Le second volet de cette révolution démocratique urgente (la véritable sixième République, au-delà des leurres montebourgeois) consiste dans l’amaigrissement progressif des services bureaucratiques. Petit à petit, ils devraient être remplacés, comme la Suède l’a expérimenté, par des entités autogérées et concurrentielles. Reclassant les fonctionnaires, à égalité d’avantages, elles passeraient contrat avec un appareil politique léger des mairies pour fournir à la population des services au moindre coût, rejetables en cas de défaut de fabrication.

Si elle veut éviter le basculement néo fasciste, la France devrait sortir enfin de l’ornière oligarcho-bureaucratique pour engager une longue marche vers l’autogestion de l’économie par l’extension des pouvoirs des comités d’entreprise au moyen d’une loi adéquate, par la création dans les banques de conseils de surveillance paritaires entre salariés et titulaires de comptes élus. Dans la perspective historique il s’agit sur le tronc commun post marxiste de l’abolition de la propriété privée des moyens de production, d’intégrer le sérieux gestionnaire de la gauche réformiste comme l’irrédentisme antiétatique du courant anarchique, en rejetant la tendance à la capitulation des premiers et l’évaporation chimérique des seconds ! Facile !!


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