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MUNICIPALES 2014 : POLES ALIMENTAIRES ET UNIVERS-CITES POPULAIRES

mardi 18 mars 2014
par  Jacques Broda
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Le savoir de la faim et la faim de savoir orientent une proposition innovante et urgente. Le programme dans les villes de plus de 20.000 habitants doit inclure un projet sur cinq ans : éradiquer la faim, instruire les populations à partir des valeurs de l’éducation populaire. Ces deux axes prioritaires ne sont pas opposés aux nécessités du logement, de la santé et de l’emploi. Ils en sont la condition incontournable.

1. Pôle alimentaire. Fédérer à partir de la commune toutes les initiatives sociales, municipales, associatives, créer un grand pôle alimentaire, avec pour objectif : ’la faim zéro’ en 2020. Il y a urgence à lutter contre les phénomènes de mal-nutrition, dénutrition, dénoncés avec vigueur par tous les organismes : dont la profondeur est sans précédent, frappant des pans entiers de populations précaires, chômeurs, retraités, familles monoparentales ; les enfants, les adultes ont faim, ou ne mangent pas équilibré, avec toutes les conséquences catastrophiques en termes de santé, d’incapacités (diabète, obésité, hypertensions...).

Depuis trente ans je vois la chute autour de moi, en moi, la faim, le manque, la nécessité absolue, manger devient une obsession, ne pas manquer une hantise, j’engrange, je bénéficie de l’aide alimentaire, le placard est plein, on ne sait jamais. Les enfants sautent les repas. Ils mangent d’abord, moi après, si, il reste. Petit à petit les forces me quittent, lentement, doucement se crée une autre forme d’être au monde, une forme hallucinée où le monde m’apparaît à travers la nourriture, la faim et la soif, je n’ai plus la force de demander, chercher, aller de bureau en bureau, du Secours Pop, aux Restos du coeur, ce n’est pas la honte, ce n’est plus la honte, c’est l’absence d’énergie, de désir de vivre, tout lâcher, tout abandonner. Voter ! Voter ! Je ne mange pas, et quand on ne mange pas la politique c’est loin, très loin, comme une nébuleuse, un autre monde, un monde de l’Autre, où ils apparaissent sur l’écran bien nourris, à l’aise ; dans mon ’foyer’ depuis trente ans, de mère en fille, parfois je fais des ménages pour trois euros de l’heure ; les bénéficaires de l’aide alimentaire dépensent deux euros et trente centimes par jour pour manger(1). Voter ! Travailler ! Avec quelle énergie, quelle force, quelle vitalité ? C’est la chute, mon corps m’échappe, mon désir aussi. La vie, la mort, dans le quartier on n’a pas le temps, ni les moyens de faire le deuil de nos proches, le fils, mon père, les deuils s’accumulent, comme les poupées russes, on devient tous mélancoliques.

Qui va aimer ce corps, cet esprit blessé, sempiternelle blessure ? Elle ne guérit pas, ne cicatrise pas, l’une se rajoute à l’autre, on s’habitue au malheur (d’autres sont plus malheureux que nous) et pourtant on partage, on donne le peu, et plus encore, à ceux qui n’ont pas, qui n’ont rien, nous on a peu et on connaît le vide, c’est la raison pour laquelle on donne, après on va mieux, on va bien, on va bien du geste, on vit plus longtemps parce qu’on a donné, c’est étrange, on a moins et on vit mieux, parce que nous on partage. Le don fait vivre. Le geste allonge l’espérance de vie.

Le Pôle alimentaire s’inspire des innovations sud-américaines, au Brésil (faim zéro), au Vénézuela, elles associent les populations, les jeunes (service civique), aux solutions ; rompre le cercle vicieux de l’assistanat, dans l’ambivalence du sauvetage et de l’attente angoissée. Interventions populaires en appui des réseaux d’assistances nécessaires, pour passer à autre chose, du savoir de la faim à la faim de savoir.

2. Univers-Cités Populaires. Dans toutes les villes créer en lien avec les universités et les réseaux d’éducation populaire, un service public d’univers-cités populaires, accès libre et gratuit aux savoirs, décentralisé, antennes dans les quartiers. Présence obligatoire ! Non pas, adossé au pôle alimentaire ouvrir la porte du savoir de la faim à la faim de savoir. Nous mourrons aussi de ne pas savoir, de ne plus savoir pourquoi l’on vit, pour qui l’on vit, de quelle histoire participons-nous, qui sommes-nous ? Qui suis-je ?

Oui, la crise identitaire est profonde, cruciale, existentielle, métaphysique. Le capitalisme est incapable de répondre aux questions vitales de nos existences, aux questions lancinantes, récurrentes, même pas formulées, même pas pensées, parce qu’impensables. Manger nous obsède, savoir aussi. Cette quête, cette appétence, ce désir, est souvent l’affaire d’une rencontre, un autre, un prof, un éducateur, une assistante sociale, un ami, un amour, un fils. Il ouvre la porte du savoir, et devient mon père, mon grand frère, m’adosser à lui pour apprendre encore, et lire le monde à ma façon, car l’Univers-Cité Populaire, sera faite pour nous et par nous, à partir de nos expériences de vie et de morts. A partir de nos vies. Quand nous sommes partis, nous avons quitté le lieu, en quête d’un autre lieu, d’un accueil, d’une hospitalité. Avant on ne fermait pas les portes.

Cinq ans, cinq ans pour doter chaque ville d’un service d’Univers-Cités Populaires, où les valeurs de l’éducation populaire, le rapport à l’histoire réelle, au travail réel, aux cultures réelles sera revisité, ré-approprié, fulguré vers le futur. Outil fabuleux : tradition ouvrière de l’émancipation des ouvriers par eux-mêmes, en dehors des savoirs réifiés, mais en appui des savoirs savants.

On verra alors Spinoza, côtoyer Lacan, Freud, Marx et mon voisin Farid, dire les poèmes d’Apollinaire, ou mieux encore écrire des poèmes, des livres, des récits de vies incroyables ; et si on nous explique bien l’extraction de la plus-value, Deuil et Mélancolie, le Manifeste du Parti Communiste, on pourra peut-être mieux orienter nos vies.

On mangera, on apprendra des autres et les autres apprendront de nous. On lira Aristote : « La justice contient toutes les autres vertus ». La Cité deviendra autre, insoumise aux désirs de l’Autre du capital et du moins-disant social. Nous n’avons pas renoncé à tout, jusqu’au bout nous nous battrons pour faire valoir l’humain d’abord, après et toujours. Toujours, nous faisons oeuvre d’humanité, pour nous, nos enfants, petits, ne pas laisser leurs parents affamés, de savoirs. Voici tracé à grands traits le trépied d’une politique de la commune, le troisième pied réside dans la volonté politique de mettre aux programmes et à l’oeuvre dès 2014 : Pôles alimentaires et Univers-Cités Populaires !

(1) « Etat nutritionnel des bénéficiaires de l’aide alimentaire », Etude Abena, ORS, Institut de Veille Sanitaire..., Mars 2013


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