MUNICIPALES ET BOUILLIES POUR LES CHATS
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Dans quelques jours, le premier tour des élections municipales livrera un verdict. Lequel ? Forêt (dense) de conjectures. Les sondeurs sont en plein brouillard, ce qui certes pas nouveau, sauf que le brouillard apparaît plus épais que d’habitude. Seule unanimité : l’abstention risque d’être forte. A première vue, cela ne ferait que confirmer une tendance au désintérêt de la chose publique. A deuxième vue aussi. Comme eut dit Pierre Dac, il n’y a guère qu’à perte de vue… mais nous y reviendrons. Autre crainte largement partagée par les partis dits « républicains » (guillemets car nous voyons mal ce qui reste de républicain dans la frange la plus à droite de l’UMP) : un score relativement important du Front national. Pronostic fréquent, le reflux du Parti Socialiste, encore que personne ne sait s’il s’gira d’un repli, d’une défaite ou d’une déroute.
Pour l’électeur, le choix d’une liste ressemble souvent à un exercice de décryptage décourageant, et notamment pour un électeur de gauche non militant. Il y a certes les dissidences, habituelles dans ce genre de sport. Mais aussi (surtout ?) les éparpillements : listes d’union de la gauche où il est rare que s’y retrouvent toutes les composantes, listes Front de Gauche où la aussi l’union est souvent tripotée, cas emblématique de Paris où une liste Front de Gauche rassemble les différentes organisations, sauf le Parti Communiste (qui affiche sur les murs « membre du Front de Gauche) et deux petites organisations, qui concourent avec le Parti Socialiste. Maître inégalable de l’éparpillement, le Modem de François Bayrou, présent, selon les communes, sur des listes de droite, du centre ou de gauche. Et parfois sur deux listes d’une même commune. Ou l’art abouti de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. On peut comprendre, sans l’approuver, l’envie d’abstention devant de tels mélimélos.
Il est probable aussi que la déception d’une large partie de la population face à l’action (et l’inaction) gouvernementale rende le cheminement entre le domicile et le bureau de vote pesant. Pensez donc ! Qu’est-ce qu’il disait, le Hollande ? Le changement c’est maintenant ? Polop, oui. Quand les repères entre gauche et droite deviennent flous, quand les projets demeurent timorés, quand les discours (chômage, logement…) concernant les problèmes les plus aigus de la population ne sont pas suivis d’effets tangibles, quand les affaires, depuis celles de cornecul jusqu’aux fraudes ou corruption, ou les palinodies constituent une écume des jours qui masque le politique, alors les conditions sont réunies pour que les valeurs citoyennes s’effacent, pour le plus grand bénéfices des forces des marchés.
Un ami me confiait que la crise de la gauche française était en grande partie issue du scrutin européen de 2005 et de ses conséquences. C’est un non sans équivoque qui avait été prononcé par une majorité d’électeurs. Qui se retrouvèrent quelques mois plus tard frustrés de leur verdict par le Parlement, à l’initiative de Nicolas Sarkozy, alors président, et avec le soutien de la majorité du Parti Socialiste, dont le premier secrétaire était François Hollande. Hypothèse séduisante, même si insuffisante. Bons citoyens, nous allons donc voter, sans doute sans enthousiasme, les 23 et 30 mars. Bons citoyens de gauche, nous allons tenter de faire barrage à la droite et à l’extrême droite. Mais sans illusions.
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