Nanterre, Bois d’Arcy : deux soirées fastes pour le fado
par
popularité : 1%
Vendredi soir à Nanterre, samedi soir à Bois d’Arcy : deux soirées consacrées au fado, et deux francs succès. Des points communs hors le fado lui-même ? La présence aux deux soirées de la toujours lumineuse Conceição Guadalupe et de Nuno Estevens à la viola très rythmique (et accessoirement de votre serviteur). Des fados et chansons entendues les deux soirs (les inévitables Casa portuguesa et Cheira Lisboa, par exemple). Dans les deux cas, salle comble et public satisfait. Mais des différences aussi. A Nanterre, c’est dans le cadre d’un festival de musiques du monde (La terre est à nous) organisé par la ville que Gilles Duval, qui coordonne le festival, a eu la bonne idée de placer une soirée fado, où intervinrent en ouverture deux accordéonistes de l’ARCOP, association lusitanienne locale. A Bois d’Arcy, c’est le Centre culturel Franco-Portugais, association présidée par M. João Ferreira, particulièrement active dans l’enseignement du portugais, qui organisait sa septième soirée annuelle de fado. A Nanterre, une formule concert. A Bois d’Arcy, un dîner et du fado. A Nanterre, un public à l’image de la ville, jeunes et moins jeunes (et même une dame en voile qui ne fut pas la moins enthousiasme) où les lusophones représentaient un tiers de l’assistance. A Bois d’Arcy, par contre, une large majorité portugaise ou luso-descendante.
Et deux elencos différents : outre Conceição et Nuno, le toujours élégant et charmeur Sousa Santos et le « caïman » de la guitare portugaise Manuel Corgas complètent le programme de Bois d’Arcy, avec une apparition remarquée de Daniela, toute en grâces, et la participation de João Ferreira lui-même, révélant une jolie voix de baryton dans des fados de Coimbra. A Nanterre, on retrouve l’équipe du Coin du fado, avec Conceição, Nuno, Filipe De Sousa, brillant improvisateur, à la guitare portugaise, Nella « Booster » Gia, explosive aux percussions, renforcés par Jenyfer Rainho, magistrale, et la contrebasse de Philippe Leiba, toute en agiles douceurs. Fado plus traditionnel à Bois d’Arcy, fado plus métissé à Nanterre, mais fado toujours.
Dans les deux cas, un public respectueux des artistes, heureux d’être là, et même enthousiaste. A Bois d’Arcy, nombreux furent celles et ceux qui tinrent à féliciter les artistes à la fin de la soirée. A Nanterre, l’équipe eut droit à un rappel et la soirée aurait pu continuer encore si les contingences horaires l’avaient permis. Comme nous le confiait, un large sourire aux lèvres, un jeune luso-descendant : « C’est du fado vitaminé que vous faites là, ça fait du bien ». Au final, ces deux soirées de qualité démontrent que le fado francilien est capable de rencontrer des publics différents, d’en être apprécié. Grâces en soient rendues aux artistes qui en ont fait le succès, et à Gilles Duval, João Ferreira et leurs équipes, dont le dévouement et l’énergie ont permis ces soirées.
Texte également paru dans Lusojornal (www.lusojornal.com) du 19 mars 2014
Commentaires