ANTONIO ZAMBUJO : JUSQU’OU S’ARRETERA-T-IL ?

lundi 5 mai 2014
par  Jean-Luc Gonneau
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Antonio Zambujo et ses compères ont fait escale à l’Espace Jean-Vilar d’Arcueil le 24 avril, devant un public enthousiaste. On sait le goût du jeune homme pour les mélanges musicaux, où le fado immisce aussi bien les musiques de l’Alentejo que le jazz ou les rythmes du Brésil. Son concert reprend, mais pas seulement, les titres de son dernier cd, Quinto. Il y a ajoute quelques morceaux plus anciens, dont le savoureux et très jazzy Reader’s digest et une pointe d’expérimentation, ou tout se mêle pour une étrange harmonie, où se succèdent, entre autres, mélodies simples de la guitare sèche et pointes de free jazz de la trompette et de la clarinette. Car, en plus de la guitare portugaise du très aiguisé Luis Guerreiro, que l’on retrouve souvent aux côtés des « grands » du fado et de la contrebasse de Ricardo Cruz, qui veille de façon bonhomme à l’homogénéité de l’ensemble, sans oublier Zambujo qui, outre sa prestation vocale, tient la viola, il y a un trompettiste/cornettiste, João Moreira, et un clarinettiste, José Conde, spécialiste de la rare clarinette basse. De quoi faire tiquer, peut-être, les puristes du fado, ce dont Antonio Zambujo n’a manifestement pas cure. D’autant que José Conde et João Moreira sont des musiciens qui connaissent leur affaire et savent à merveille s’intégrer dans le petit monde musical créé par Antonio Zambujo.

Car celui-ci considère la musique comme un tout. A la question commence passe-t-on de la musique alentejane au fado de Lisbonne, il répond : « je n’ai jamais pu concevoir que la musique puisse se diviser en morceaux, ou en compartiments, il y a des formes de musiques qui vous touchent, au fur et à mesure que vous les découvrez, vous avez envie de les parcourir, et voue les faites renter dans votre univers musical ». Si tel ou tel estime que Zambujo s’éloigne du fado, c’est le problème de tel ou tel, pas le sien. Il garde un très bon souvenir de ses sept années passées au Senhor Vinho, la maison de fado de Maria da Fé et de son mari, José Luis Gordo, estimable auteur de fados. Senhor Vinho a été une étape importante pour beaucoup de fadistes aujourd’hui au premier plan, dont Mariza, Camané, Ana Moura. Une école ? Pas vraiment, dit Antonio Zambujo, mais une occasion unique de se nourrir du savoir, de la technique, des expressions d’artistes remarquables, au premier rang desquels il cite, outre la maîtresse de maison, Aldina Duarte, Maria Dilar, les guitaristes Paulo Parreira et Carlos Macedo.

La voix d’Antonio Zambujo a toujours cette chaleur, un brin brésilienne, l’œil est toujours malicieux, la complicité amicale entre les musiciens est encore plus évidente que par le passé, et l’univers « zambujien » réussit le prodige de se complexifier encore dans les harmonies, les arrangements, les brisures de rythmes, tout en demeurant extrêmement accessible, y compris pour un public peu au fait des musiques mélangées par Antonio Zambujo. Ne croyez pas qu’il s’agisse là d’un étalage de virtuosités gratuites ou d’ajouts d’éléments purement décoratifs : chaque note participe au sens commun de l’ensemble. Et pour quel résultat ? Le plus simple et le plus difficile à obtenir : le spectateur sort de là heureux, et aurait bien voulu que cela dure, encore et encore. En attendant, un sixième CD devrait sortir, à l’automne, dans la lignée, dit-il, de Quinto, le cinquième, comme les doigts de la main.

Texte paru également dans Lusojornal du 30 avril (www.lusojornal.fr)


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