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LE DEVOIR NAIT DE L’AMOUR

jeudi 12 juin 2014
par  Jacques Broda
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Marseille, Janvier 2014, Atelier d’écritures, elles disent : « Le devoir naît de l’amour ! » Nous interrogeons la cause de la bonté. « L’éthique précède le politique ! ». Cette tension-responsabilité quant à l’autre, nous incombe comme un commandement. L’amour déposé, fait, agi, parlé, contenant de l’angoisse, de la confiance, est responsable, absolu, inconditionnel et infini, quant à l’autre. La tendresse préexiste à la gratitude. Elles soulignent : « Dans la floraison des lilas... la chaleur de la misère humaine. » (1) Passer de l’amour au devoir exige une sorte de conversion de l’affect au sentiment, à la raison. Le respect, le temps et la conscience opèrent une métamorphose mystérieuse, dont j’ignore la teneur, la douleur. A l’origine, l’éthique de l’acte sexuel dans sa dignité, trace de l’infini, en soi.

Parmi les droits de l’enfant, le ’droit à être aimé’, nous oblige ; nombreux le crient, le clament, le hurlent dans des mots malhabiles, parfois violents. En retour, par rétroversion de l’acte, l’amour reçu se transforme en agir où le devoir est une figure incarnée du Moi. Etre, c’est devoir être. Ici, le mot devoir, n’est pas au sens d’obéissance, aveugle, tout le contraire, le devoir est l’ajustement critique du désir à la raison. Il y a certes une volonté volontaire, sorte de violence, arrachement du sujet à lui-même, au-delà de lui-même et des mots pour le dire, pour le faire. Ici, la réciprocité ouvre sur le tiers, assomption du politique.

Abstentions. Le populaire est tendu. Tendu quant au devoir être au quotidien, éthique avant d’être politique, il maintient la valeur à chaque instant, à chaque seconde, contient la violence et la haine. Il s’abstient. Ce n’est ni une démission, ni une lâcheté, c’est un courage différent, différé, décalé. Toute l’énergie, la force, le désir, sont mis au service du maintien du respect de l’autre, de soi, quand tout part en vrille autour de soi. Il pallie à la faillite des services publics. Quand il n’y a plus d’école, les aînés prennent le relais, aident aux devoirs ; quand il n’y a plus d’hôpital, la (belle)-fille donne les soins à la mère, au père, aux anciens toujours présents aux souvenirs d’avant avant. « Vivre pour travailler et travailler pour que d’autres vivent... » (2) Le populaire vit dans le souvenir, la nostalgie, d’avant, quand la solidarité, l’entraide, la coopération et les luttes existaient au quotidien, non plus épisodiquement, ponctuellement, comme autant de feux de paille, braises éteintes dans les failles de la conscience de classe. L’évènement ouvrait sur une promesse.

La conscience de classe, devoir né de l’amour (de la justice) et de la lutte, est un vague souvenir, pourtant elle s’inscrit dans la mémoire du geste. Elle prend une autre forme : une forme éthique, discrète, singulière, silencieuse. Elle transcende le sujet, l’idéologie suivra, ou pas. Cette éthique populaire, ne saurait suffire. A terme elle risque l’épuisement de l’être, sa défaite, ne transforme en presque-rien le rapport social. Toutefois, le geste maintient l’intégrité dans la division. L’abstention : mise en retrait, mise à l’écart, d’un (en)-jeu où les effets du discours capitaliste totalisent tous les discours massifs. L’abstention n’est pas une abstinence, ni une absence, elle est une parole sans voix, une voix sans parole.

Fonder le discours du prolétaire est une priorité. Il doit faire effraction dans la rhétorique d’un populisme glauque, effraction par la recherche de la phrase, du mot, de la syllabe ! Ce détour est incontournable, il s’inscrit dans l’éthique du politique (révolutionnaire). Arrachement à la langue, dans la langue ; arrachement quant à soi du même répétitif, reflétant en miroir la conviction déjà acquise. Imiter ou répéter n’est pas inventer !

L’éthique du politique doit aller à la rencontre de l’éthique du populaire. Nous devons le savoir. Celles et ceux, qui du politique ont été saisis, par cette éthique, peuvent et doivent re-signifier y compris, pour eux-mêmes, les gestes et les signifiants, qui les ont fondés.

« Deux choses remplissent mon esprit d’une admiration et d’un respect incessants : le ciel étoilé au-dessus de moi et la loi morale en moi. » (Emmanuel Kant)

(1). Tsvetaeva, M ; « Lettres à Anna Teskova », Editions Clémence Hiver, 2002

(2). Tsveateava, op cité


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