EUROPE : LE REPAS EST TERMINE
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Une table de salle à manger. Trop petite pour les 28 grosses pétasses, propres mais bien trop grasses, qui rappellent les personnages décadents et ridicules de George Grosz, qui comme ces derniers cachent mal leurs désirs malsains et par leur inquiétantes postures laissent entrevoir leur fin. Une fin amusante ; comme celle d’un empire qui tombe sans coup férir, qui va bêtement glisser sur la pente, un empire qui s’oublie. Oui, gavées les pouffiasses, à ne plus en vouloir, à ne plus en pouvoir, à ne plus pouvoir du tout, à ne plus désirer que ce repas qu’on leur promet sans fin, sans ombres, sans pleurer et sans vomir. Avec de pareilles espérances et expériences vous comprendrez aisément que nos grosses écoutent avec attention et intérêt le discours du vieux de la montagne et à son appel elles ont déjà fermé leurs yeux et bouché leurs narines pour que les massacres ne viennent pas gâcher le banquet des élus, le banquet important, la fête des païens qui détournent leurs esprits avides de l’inévitable, du nécessaire, de leur fin certaine dans le cœur du vieux de la montagne, celui que seul nourrit la déchéance des autres. Conscients des enjeux de ce dangereux festin et parfois présents a cette débauche qui finira par lasser même les dieux, arrêtons de croire en la clémence de ce vieux con de la montagne et d’attendre patiemment qu’il nous élimine, nous les gêneurs, nous les mal embouchés ; ceux qui refusent de profiter des autres à les tuer, comme lui sait le faire, comme il voudrait nous apprendre à faire. Si nous ne pouvons plus changer le cours du destin par nos simples indignations et qu’il est trop tard pour cette Europe Unie, pour cette farce américaine que nous avons gobé faute de mieux, que les forces nous quittent, qu’elles ont définitivement changé de camp, que nous ne pouvons que subir, rien n’est vraiment perdu. L’erreur est aussi un travers des dieux. Le destin est caché, demain n’existe pas encore et notre désir de le connaitre est une vaine et fiévreuse quête. Pour conclure sur une note optimiste et concrète : il faut réduire rapidement et drastiquement le nombre des convives. La table est trop petite pour toutes nos truies et j’en vois qui ne savent vraiment pas comment se tenir, risquant de renverser leur infâme mais clinquante mangeoire. Le temps vire à la défense ; ceux qui ne veulent pas de cette Europe n’ont qu’à quitter la table et ils sont priés de payer avant de se lever. Des négociations seront bien évidemment nécessaires pour rester de proches amis. Sortons donc nos couteaux : nous aimons tous les saucisses. Bonne boucherie donc et bon charcutage, vivement la petite Europe qui n’a plus peur des grands.
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