LA FORCE DU NON DANS L’HISTOIRE ET SON RAYONNEMENT MONDIAL
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LA FORCE DU NON DANS L’HISTOIRE ET SON RAYONNEMENT MONDIAL
Par Fabrice Aubert
L’INDEPENDANCE AMERICAINE
Guerre qui dura de 1775 à 1782. Elle opposa les 13 colonies anglaises d’Amérique du Nord à leur métropole pour des motifs : * matériels (refus de la taxe imposée par la Grande Bretagne), * constitutionnels (les colonies n’avaient pas de représentants au Parlement Britannique).
Bien que les relations entre les nouvelles colonies américaines et Londres commencent à se dégrader depuis 1763, le début de la guerre d’Indépendance date du 16 décembre 1773. Ce jour là, les Bostoniens (Port de Boston) jettent à la mer une cargaison entière de thé pour manifester leur refus d’acquitter des droits sur ce produit. D’ailleurs, ce coup d’éclat à été surnommé ironiquement la "Boston Tea Party"... C’est ce NON à l’empire Britannique, qui déboucha sur la création des Etats-Unis (l’indépendance fut consacré dans le cadre du traité de Versailles le 3 septembre 1783) et de la première constitution démocratique. Aujourd’hui les U.S.A, issus d’un NON du peuple, sont la première puissance mondiale.
LA FIN DE L’ABSOLUTISME ROYAL
Quand le roi Louis XVI convoque les Etats Généraux en 1789 (aujourd’hui on nous convoque à un référendum pour ratifier), c’est pour trouver de l’argent en créant de nouveaux impôts, face à une banqueroute de l’Etat . Le tiers Etat, dira NON et répondra par « les cahiers de doléances ». Le 17 juin, constatant que le tiers représentait les 96 centièmes de la nation, Sieyès fera voter la transformation des États Généraux en Assemblée nationale. Ses membres, trouveront porte close le 20 juin 1789, à 9 heures. Suspectant un coup de force du roi visant à interdire la réunion, les six cents députés partiront à la recherche d’une salle suffisamment grande pour les accueillir. Sur la proposition de Mounier, député du Dauphiné, les députés prêteront à l’unanimité moins une voix le serment, rédigé par Target, député de Paris, " de ne jamais se séparer et de se rassembler partout où les circonstances l’exigeront jusqu’à ce que la Constitution du royaume soit établie et affermie sur des fondements solides". Prenant la parole devant l’Assemblée, Louis XVI cassera les décisions du Tiers Etat et interdira aux trois ordres de siéger en commun. Le 23 juin, l’Assemblée dira NON et refusera de se retirer. Mirabeau lancera au marquis de Dreux-Brézé, chargé par le roi de faire évacuer la salle, "Allez dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par la volonté du peuple et que nous ne quitterons nos places que par la force des baïonnettes !’"
C’est ce NON à l’absolutisme Royal qui donnera à la France une constitution précédée d’un préambule garantissant les droits et libertés fondamentales, remplaçant les « chartes » octroyées par le Roi à certaines villes, comme aujourd’hui Giscard et le baron Seillière nous octroie une charte des droits fondamentaux qui n’a aucune obligation (dépend des annexes non publiées, portant sur l’interprétation de la charte et des futures décisions de la cour de justice européenne, qui seront là pour l’interpréter).
LE NON AU MANIFESTE DE BRUNSWICK C’EST VALMY ET LA REPUBLIQUE
En 1792, le Roi appelle les autres rois d’Europe à son secours. le duc de BRUNSWICK (Prince Autrichien), à la tête d’une armée de mercenaires, envahit la France, et menace dans un manifeste resté célèbre (le manifeste de Brunswick) « déclarant en outre, leurs dites majestés, sur leur foi et parole d’empereur et de roi, que si le château des Tuileries est forcé ou insulté, que s’il est fait la moindre violence, le moindre outrage à leurs Majestés, le roi, la reine et la famille royale, s’il n’est pas pourvu immédiatement à leur sûreté, à leur conservation et à leur liberté, elles en tireront une vengeance exemplaire et à jamais mémorable, en livrant la ville de Paris à une exécution militaire et à une subversion totale, et les révoltés coupables d’attentats aux supplices qu’ils auront mérités ». (On croirait lire votez OUI à la constitution ou le chaos).
Le peuple dit NON à BRUNSWICK et envahi le château des tuileries... Louis XVI est arrêté. C’est adossé à un moulin, à Valmy le 20 Septembre 1792, que les « sans culotte », répondirent à l’armée de mercenaires qui venaient « libérer le Roi » et restaurer le système féodal de droit divin, par une victoire improbable qui fit naître la République ce qui fit dire à Goethe : « Ici et maintenant commence une nouvelle époque de l’histoire universelle et vous pourrez dire que vous y étiez. ». Non seulement le NON est une preuve de force, mais il permet de rayonner en Europe et dans le monde.
NON A MUNICH ET AU REGIME DE VICHY C’EST LA RESISTANCE ET LA LIBERATION
En 1938, déjà de grands dirigeants politiques (Edouard DALLADIER pour la France, Neville CHAMBERLAIN pour la grande Bretagne signaient avec Hitler et Mussolini les accords de Munich et nous appelaient à « ratifier cet accord » proclamant : « Munich c’est la paix ». Et Léon Blum écrivit : « Il n’y a pas une femme, pas un homme en France pour refuser à MM. Neville Chamberlain et Édouard Daladier leur juste tribut de gratitude ». Seuls, 75 Députés communistes votaient NON indiquant « Munich c’est la guerre ». On sait ce qu’il est advenu. Par la suite, (de Gaule, les communistes, des socialistes résistants et d’autres) ont su dire NON à Vichy, créant les bataillons de la résistance en France .
LA RESISTANCE C’EST de Villepin A L’O.N.U : C’est cette Résistance qui en contribuant de manière décisive au débarquement allié en Normandie, a obligé les Américains à reconnaître la France (les Américains voulaient en faire un protectorat), et à obtenir un siège au conseil de sécurité de l’O.N.U, qui a permis au ministre de Villepin de faire l’intervention que l’on sait à l’O.N.U. Or sur quoi portait l’intervention tant applaudie (fait inédit) ? Elle disait NON à une intervention militaire programmée par les U.S.A, à partir de justifications mensongères (Armes de destruction massives).
QUAND LA FRANCE DIT NON, c’est là, qu’elle est regardée, écoutée et admirée...de Calcutta à Washington (« Not in my name »), car elle renoue ainsi avec son histoire, ses racines, et son image de « Patrie des droits de l’homme ». Le NON n’isole pas, il est source d’un rayonnement mondial.
LE NON A L’A.M.I = CROISSANCE ET EMPLOIS EN FRANCE ET EN EUROPE
Rappelons nous, 1995 manifestations monstres contre la réforme Juppé, débouche sur 1998 et la dissolution. A ce moment là, des négociations secrètes étaient menées au « château de la Muette » (siège de l’O.C.D.E) à Paris en vue d’accélérer la « libéralisation » de la mondialisation (Organisation capitaliste du monde). Ces négociations portaient le nom d’A.M.I et sont dénoncées par l’ensemble des O.N.G progressistes, Attac en tête et de certains partis politiques (P.C.F, Ligue Communiste, Verts). Et sous le regard médusé de l’ensemble des Etats Européens et des Puissances du Monde (firmes privées multinationales et Etats), à la question d’un député communiste, le premier ministre socialiste du gouvernement de la « gauche plurielle » répond : « L’A.M.I tel qu’il est aujourd’hui n’est ni négociable ni amendable ». C’est un nouveau VALMY. Pour la première fois depuis très longtemps, un traité International négocié secrètement par des professionnels est battu en rase campagne, par quelques militants et des élus sous la pression des mobilisations citoyennes (rapport de force).
Loin d’être mis au ban des Nations, la France parle, est entendue, et le traité est tout simplement jeté dans les poubelles de l’Histoire. C’est aussi dans cette période (1998-2001), que la France a connu depuis plus de 20 ans sa plus longue période de croissance, de création d’emplois et de baisse du chômage . C’est cette bataille (petite comme Valmy) et son issue qui permettra par la suite SEATTLE et GENES.
PARTISANS D’UNE AUTRE CONSTITUTION
On le voit, des sans-culottes de 1789 aux résistants de 1940, le NON à l’absolutisme royal, au nazisme, ou à l’ultra libéralisme (de 1936 à 1995) est porteur de valeurs historiques. Comme à Valmy, notre NON à l’actuel référendum est un OUI pour une autre Constitution. Plus le NON à l’actuel référendum sera massif, plus il obligera (signification de la souveraineté) le Président de la République à porter le message des citoyens français d’une vraie Constitution pour les peuples Européens. Ceci passe par l’élection d’une Assemblée Constituante Européenne, dont la seule mission sera de donner une Constitution démocratique à l’Europe, c’est-à-dire un texte fondateur ne s’occupant que de la définition et de l’articulation des 3 pouvoirs, précédé d’un préambule définissant les « droits de l’homme et du citoyen » car, c’est ainsi que depuis 1789, les constitutions sont conçues, travaillées, rédigées et proposées. Pour être adoptée, les Peuples Européens devront alors être tous consultés, le même jour, sur le même texte. C’est ainsi que, le 29 Mai, une démocratie Européenne pourrait émerger de la victoire des partisans du NON. Pour se forger un avenir de progrès les peuples ont besoin de se replonger dans leurs racines.
Fabrice Aubert est économiste
Notes : 1. Comme aujourd’hui le gouvernement n’est pas capable de régler le déficit, alors que cela fait partie de ses priorités. 2. Le 22 septembre 1792, la convention décide que désormais, les actes publics seront datés de « l’An 1 de la République » 3. Comme aujourd’hui les collectifs locaux sont constitués de manière plurielle (communistes, socialistes, républicains, citoyens) 4. Accords Multilatéral sur l’Investissement (prévoyait notamment d’assurer totalement la rentabilité de l’investisseur privé.). La directive Bolkestein en est une variante. 5. Je pense que ni Lionel JOSPIN, ni Dominique STRAUSS-KAHN, ni Martine AUBRY ne me démentiront sur ce point.
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