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GAUCHE ET DROITE EN CAPILOTADE

jeudi 20 novembre 2014
par  Jean-Luc Gonneau
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C’était comme si c’était fait. Retour de deux ans d’exil au Cap Nègre (mais courant quand même le monde des conférences de luxe), tel Napoléon revenant de l’île d’Elbe, Nicolas Sarkozy allait accomplir une marche triomphale au milieu d’un peuple versant des tonnes de larmes de bonheur suite à cette bonne nouvelle : la France allait bientôt retrouver son guide flamboyant. Ben non, à la grande stupeur de ses courtisans, sans même évoquer la froideur attendue du « peuple de gauche », voilà-t-il pas que le retour en question ne fait pas la recette attendue. C’est comme les CD de son épouse : ça se vend, certes, mais pas des masses, juste dans son fan club. On sent le bonhomme nerveux, et pour reconquérir, espère-t-il, les faveurs populaires, il se met à dire tout et son contraire. Même Nadine Morano, dont le sens de la nuance est notoirement ténu, en est toute chose. Et Nathalie Kosciusko-Morizet de prendre des airs d’infirmière en chef maternant un patient un peu agité. Bref il est improbable que le retour du « chef historique » remette le principal parti de la droite en ordre de marche, même si, comme on peut le prévoir, il parvient à en prendre la présidence. Une présidence de fan club. Et toujours la menace judiciaire, pour lui et quelques uns de ses amis proches.

Le reste de la droite ne va guère mieux : l’UDI demeure confidentielle, le Modem n’existe que par la grâce (n’oublions pas qu’il est catho, quoique impeccablement laïque) de François Bayrou, rallié à Alain Juppé sans exclure de se remettre en selle en 2017 si le maire de Bordeaux renonçait, ni de passer des accords avec la droite du PS si celui-ci explosait. Mais cessons de jouer aux Alain Duhamel de comptoir : ce qui caractérise l’ensemble de la droite, c’est une cruelle absence de vision du pays, ce qui la fiche mal pour les prétendus héritiers du général De Gaulle. Bref, ce qu’on peut en attendre, c’est du Hollande en pire, et au mieux un attentisme bon enfant d’un Juppé qui rechausserait les bottes de Chirac.

Si la droite ne va pas bien, la gauche non plus. Chaque semaine, et parfois chaque jour, les dissensions internes du Parti Socialiste se font jour. Les différentes factions de la gauche du parti s’agitent de plus en plus, salivant en l’attente du prochain congrès, dans quelques mois. Les hollando-vallsiens, alliance méfiante, tentent de donner à Juppé lui-même un cours de droit-dans-les-bottisme alors même que le bordelais se maquille en bonhomme. Et les « frondeurs », se gardent de fronder à bloc, partagés sans doute entre la crainte de perdre tout de suite un siège parlementaire en cas (de toute façon improbable) de dissolution de l’assemblée nationale, comme, dit-on, MM. Le Guen et Leroux les en menace en cas de fronde frontale, allitération facile, d’accord. La gauche de la gauche est en convalescence, mais pas très allante. Ici, nous nous réjouissons de la position de Pierre Laurent au nom du PCF concernant les prochaines élections cantonales et régionales : pas d’alliance avec le PS dans l’état actuel de la politique gouvernementale. C’est clarifiant, donc on se réjouit, mais il est vrai que nous ne sommes pas difficiles pour les réjouissances, tant il y en a peu. Et il serait peut-être temps que le Front de gauche se remette, collectivement, au travail, passe un coup de plumeau sur les propositions portées par la candidature de Jean-Luc Mélenchon en 2012, les actualise, les complète et trouve quelques nouveautés pour faire d’un programme un projet et d’un projet une vision. Cela va finir par urger grave.

Pendant ce temps, le Front National engrange, sans grand effort intellectuel ou militant. Il suffit de dénoncer les bêtises des autres, et ce n’est pas cela qui manque, et de saisir les opportunités des désordres internationaux. La collusion UMPS ? Voyez le guichet Fillon-Jouyet. Les étrangers indésirables ? Voyez les fanatiques de Daech, on vous l’avait bien dit. L’Europe des margoulins ? Voyez les turpitudes fiscales luxembourgeoises. Et ça marche. Et ça marche même à gauche, car, reconnaissons-le, l’Europe marchande, on la dénonçait avant Marine Le Pen, la frontière poreuse entre la gauche et la droite, on la connait depuis toujours.

A propos de ces frontières, justement, sans doute l’avons-nous déjà dit mais la répétition a des vertus éducatives, on ne trouve que rarement chez nos concitoyens des convictions qui correspondent pile-poil aux propositions d’un parti politique. Le choix, qu’il soit électoral ou militant, est le plus souvent (surtout dans l’acte de vote, le cas du duel Hollande-Sarkozy et plus encore celui du duel Chirac-Le Pen senior sont éclairants). En fait, le positionnement politique des citoyens est moins tranché que plutôt dans un continuum, qui transgresse les frontières des partis politiques. Ainsi, il est possible de considérer, exemple parmi d’autres, qu’un Manuel Valls (qui dit être de gauche) est probablement plus proche, globalement, d’un François Bayrou (qui dit, maintenant, être de centre droit) que d’un Pierre Laurent (qui dit et est de gauche) ou même d’une Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice socialiste et animatrice de la gauche du PS. Les « grands » partis doivent leur poids à leur capacité à rassembler un segment relativement important du continuum politique. C’est à la fois leur force et leur faiblesse. Les pêcheurs connaissent bien ça : à vouloir tout attraper, on laisse filer le poisson, pardon, l’électeur ou l’adhérent. Un électeur qui, de plus, peut considérer à l’usage que l’appât n’est si appétissant que ça, et nous concédons ici, sans en avoir de preuve scientifique, que ce doit être plus rarement le cas du poisson. Et tous, poissons et électeurs, ont généralement un souvenir assez désagréable de l’hameçon.

Ces difficultés sont exacerbées par le système électoral majoritaire, qui, au final, ne tient pas compte du continuum. D’où notre affection certaine pour un système proportionnel : il a aussi des défauts, mais moins. Mais ceci est une autre histoire.


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