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LA PULSATION DU MONDE

jeudi 18 décembre 2014
par  Jacques Broda
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L’international sera le genre humain. Je réalise la portée anthropologique de l’énoncé. Le genre humain, l’espèce humaine à contrario de l’ethnie, la religion, le sexe. Il y a là une proposition ontologique et métaphysique majeure. Un arrachement au destin, au déterminisme, y compris de classe et de biologie. Freud dit : ’L’anatomie c’est le destin’. Les travaux sur le ’genre’ nous interpellent, ils pointent l’incorporation des habitus, des codes, et font du genre un construit social. Mais quid du sujet conscient ?

Je propose un troisième genre, un troisième type, fruit de la conscience de classe, de la conscience internationaliste, pétri dans la lutte, l’engagement, le travail de la pensée et de la parole, sur les valeurs d’égalité, de fraternité et de solidarité. Il met la liberté au service de la valeur, et non pas du seul plaisir, désir, libertaire. Ce sujet se projette dans l’avenir, il anticipe le nouveau monde et fait de l’utopie fraternelle un horizon d’attente. Il détricote les pièges des idéologies identitaires fragmentaires, vise à l’universel. Unis-vers-celles qui luttent, espèrent, travaillent dans des conditions ignobles, abjectes, émigrent avec leurs enfants dans leurs bras, leur ventre. Se noient juste avant Lampedusa.

Les noyés de la terre nous obligent à refonder, recréer un nouvel internationalisme prolétarien. Déjà des chaines de solidarités s’organisent, s’agencent, agencent le réel d’une autre façon que l’indifférence ou l’exclusion mortifère. Déjà humaine dans le travail de la pensée, de l’hospitalité inconditionnelle, dans l’accueil du pauvre, précaire, démuni. Fraterniser c’est rendre possible l’impossible, pensable l’impensable, aimable le lointain. Quand tout oppose, la rivalité, la concurrence, la compétition, le racisme, l’exclusion, la guerre, la difficulté à se laisser altérer par l’autre, dans les deux sens de la réciprocité incertaine. Prolétaires de tous les pays unissez-vous !

D’où vient la difficulté, le blocage, le non-vouloir, le non désir fraternel ? D’où vient la défense ? S’agit-il d’un refoulement de l’histoire sociale, d’un clivage entre moi et autrui, ou d’un déni de la souffrance de l’autre, fut-ce la mienne ? Comment se fait-il que l’accroissement obscène des inégalités sues, connues, reconnues, avouées ne débouche pas sur organisation de la révolte et la mise en mouvement d’une Internationale ? Pourquoi tant de souffrance et si peu de combat ? (W. Benjamin).

La lutte transforme, je me transforme dans la transformation du monde, je deviens un internationaliste dans mon action, ma pensée, ma chair, je rencontre l’autre différemment, la lutte nous uni. C’est une conversion, une conversion qui n’est pas hystérique mais anthropologique, c’est un choix entier et radical, il fonde une nouvelle espérance au regard d’une ancienne déçue. Déjà elle existe, déjà d’autres par millions l’agissent, la vivent, la pensent, autour du mot ’camarade’. Les alter-mondialistes à leur manière, le village du monde à la fête de l’Huma et bien d’autres performances mondiales, insues, déniées, refoulées, méprisées. La Bolivie, Tunisie, Burkina, ouvriers cambodgiens, le Brésil, Venezuela, la Grèce, la pulsation du monde au rythme des luttes.

L’international(e) sera le genre humain par la valeur, l’action organisée, et la pensée. La pensée se pensant, au plus près de la contradiction, de soi à soi, de soi à l’autre, de soi à autrui, de soi à tous. De la valeur et de la souffrance de tous, de la construction d’une nouvelle logique, une logique où le paradigme de la justice fonde le rapport au monde, non comme incantation, mais comme condition pratique de ma pratique, théorique.

L’internationalisme déconstruit la notion de cosmopolitisme, c’est un affect constructif de lutte, une dette d’affect (J.F Lyotard), c’est un état, un lieu, un fait et une pratique, une ouverture absolue sur un monde inouï. Il fonde l’internationalité, elle se nourrit de la tradition et de la transmission, ne fait pas du passé table rase, mais une force productive, elle fonde une éthique de la fraternité.

Oui la fraternité, doit être ressaisie, ré-activée, ré-agie, oui la fraternité va plus loin que la solidarité, ne fait pas du droit le but mais le moyen. Car la conquête des droits ne garantit pas la Loi. A l’individualisme prolétarien substituons l’internationalisme prolétarien ! Ce n’est pas une incantation, une injonction, c’est un appel. Les forces existent, elles sont souvent enfouies, insues du sujet lui-même, il suffit de peu, de presque rien, pour réveiller, ce que deux siècles de luttes émancipatrices ont crée comme valeurs. Déconstruire cet héritage est nécessaire mais insuffisant à co-construire une logique mentale, psychique, qui serait traversée de bout en bout par l’idée de l’Internationale. Elle n’est pas une totalité mais un infini. " Car l’hymne du jour est né sur les lèvres humaines / D’un souffle de paix, notre chant s’est prodigué, / Dans l’heur et le malheur réjouissant / le cœur de l’homme et depuis lors / Nous aimons, chantres du peuple, être auprès des vivants / Joyeux dans la foule assemblée, amis de tous, / Ouverts à tous..." (Hölderlin)


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