IMMIGRATION : TROP TARD, TROP PEU
par
popularité : 5%
D’aucuns attendaient avec soulagement le discours du président de la République sur l’immigration lors de l’inauguration officielle d’un musée à celle-ci consacrée qui fonctionnait déjà depuis sept ans. Enfin une parole sur ce sujet qui semblait tabou pour les lèvres présidentielles. D’autres, plus nombreux attendaient ces mots avec inquiétude : sujet brûlant à un moment ou les effluves malodorants des discours zemmouro-marino-sarkozos envahissaient nos gazettes, nos ondes et nos écrans. Comme, hélas, d’habitude, le discours présidentiel mania, c’est bien le moins, le recours aux valeurs humanistes, les symboles. A ces discours, certes bienvenus, manquaient cruellement les actes, les perspectives. Au même moment, ou presque, le parlement délibérait sur une loi asile, chiche en (réels) progrès, généreuse en mesures précautionneuses, pauvre en moyens, dédaigneuse envers le milieu associatif qui assume pourtant l’essentiel du suivi des demandeurs d’asile.
Et bien sûr, manquait au discours l’un des aspects majeurs d’une politique de l’immigration digne de ce nom, celui du droit de vote des populations immigrées après un certain nombres d’années passées dur le territoire, que même Nicolas Sarkozy avait, dans un jour d’égarement probablement, avait jugé souhaitable, se gardant bien, alors qu’il en avait les moyens, de la mettre en application. Ces moyens législatifs, il est évident, et le discours présidentiel l’a rappelé, que François Hollande n’en dispose pas. Cette promesse électorale, portée par François Mitterrand, puis Lionel Jospin, puis François Hollande, jamais mise en œuvre, est l’un des boulets de la gauche de gouvernement. On sait qu’elle répugne à une partie du corps électoral, comme lui répugnait l’abolition de la peine de mort. C’est l’une de ces mesures courageuses que doit prendre, afin d’être moins téméraire, un gouvernement dans les tout premiers mois de sa prise de fonction, les fameux « 100 jours » symboliques. On sait aussi que les « 100 jours » de François Hollande, sous prétexte d’intense réflexion (mais qu’avait donc cogité le Parti Socialiste, pendant des années coaché par Hollande François ?), à une superbe ronflette.
Aussi le bon aloi moral du discours présidentiel risque de rejoindre le fil de l’eau de ses précédentes interventions et de se perdre dans l’océan des bonnes résolutions qui jamais ne se réalisent. C’est bien entendu dommage. Une politique de l’immigration ambitieuse devra attendre des temps politiquement meilleurs, ce qui n’est pas forcément pour demain, tant la gauche, toute la gauche hélas, est dans un état proche de l’hébétude. L’espoir demeure, des voix se lèvent, sèment des idées. Préparons la moisson.
Commentaires