« Lumpenprolétaire » et terroriste

samedi 21 mars 2015
par  Jacques-Robert Simon
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Deux énergumènes assassinent la quasi-totalité de la rédaction de Charlie Hebdo … Les attentats, sur notre sol, sont commis par quelques uns de nos ressortissants. Mais des attentats du même type avaient déjà frappé la France et d’autres pays d’Europe. Il apparaît très vite que la jeunesse des personnes impliquées avait maints points communs. Nous détaillerons celle de Mohamed Merah à titre d’exemple. Son père arrive pour la première fois en France en 1966. Il se marie en 1975 mais il s’était déjà précédemment marié deux fois et avait sept enfants. Le couple donne naissance à Merah en 1988 à la cité du Mirail à Toulouse. Lorsque Merah a 5 ans, ses parents divorcent. Son père sera condamné pour trafic de cannabis, puis retournera en Algérie. Sa mère se remariera par la suite. A l’âge de 4 ans, avec sa famille, il passe six mois dans un foyer. Les services sociaux s’inquiètent de son environnement familial violent, et, à l’âge de six ans, il est placé temporairement dans une famille d’accueil. À 9 ans, un rapport propose qu’il soit séparé de sa mère. Il est alors admis dans une maison d’enfants où Il passe un an.

Sa scolarité sera marquée par des redoublements, des sanctions, des exclusions. À 12 ans, il est victime de violences de son frère. Il fait l’objet d’un signalement par la principale du collège pour son agressivité. Inscrit pendant six mois dans une classe de 5e, il a été exclu du collège à la suite d’une bagarre. En situation d’échec scolaire, il intègre un Centre de Formation d’Apprentis pour préparer un CAP de carrosserie. À la sortie il est embauché mais il est licencié au bout d’un an. Durant sa minorité, il sera condamné à quatorze reprises par le tribunal pour enfants pour diverses affaires de dégradations, de manquements à l’autorité ou de vols.

Ensuite une suite de délits. À 19 ans, il saccage l’appartement de son frère. Il percute un véhicule de la gendarmerie avec un véhicule volé. Il arrache le sac d’une personne âgée : il est condamné à 18 mois de prison. Durant une incarcération, en 2008, il tente de se suicider par pendaison et passe quinze jours en hôpital psychiatrique. Derrière les barreaux, il s’adonne à une lecture assidue du Coran, commence à se radicaliser, et agresse d’autres prisonniers. Il fait un voyage au Pakistan à l’été 2011. Puis le basculement dans l’horreur : 11 mars 2012 – A Toulouse, un parachutiste en civil est tué par un homme en scooter. 15 mars 2012 – A Montauban, deux militaires sont abattus sur le même mode opératoire, et un caporal est gravement blessé. 19 mars 2012 – A Toulouse, devant le collège juif Ozar Hatorah, un professeur, ses deux enfants de 2 et 6 ans et la fille du directeur de l’établissement, âgée de 8 ans, sont froidement abattus. 22 mars 2012 –Mohamed Merah est tué lors de l’assaut des forces de police. Il avait 24 ans.

Drogue, bouffée délirante, fanatisme, malfaisance constitutionnelle, pauvreté, milieu familial …. ? Comment peut-on en arriver là ? Merah, faisait manifestement partie de ce que l’on nomme « Lumpenprolétariat », classe sociale misérable et imperméable à la raison, dont les caractéristiques ont été bien étudiées. Faut-il y ajouter un endoctrinement au sein de croyants, de fanatiques, d’illuminés ? La foi, celle qui consiste à se conformer à un idéal, permet quelquefois de changer le monde mais surtout offre à ceux qui n’ont rien d’avoir un espoir même s’il est erroné. Il est peu vraisemblable que Merah ait acquis ce type de croyance qui réconforte. Par contre, il a pu se construire un cadre à ses errements.

Existait-il des alternatives ? La Nation pouvait-elle lui fournir cet espoir si nécessaire pour vivre démuni au milieu de gens repus ? La Démocratie est un idéal en plus d’être un moyen pratique de faire fonctionner paisiblement une société. Mais est-ce ressenti ainsi dans les « cités » ? Les taux d’abstention aux élections permettent d’en douter. La France tiraillée entre les réglementations Européennes venues d’un autre monde et les déréglementations vécues dans le sien est-elle encore capable d’engendrer une espérance ? Les « marchés », même divinisés par les médias, n’y sont guère propices.

Merah n’avait probablement qu’une conscience confuse des notions de Nation ou des fondements des religions : il vivait dans un cadre sans le comprendre. Pour s’affirmer par rapport à lui-même et aux autres, les vols, les rebellions, les agressions se succédèrent jusqu’à ce qu’il se réfugie dans un carcan qui donnait un cadre à son désir d’être « quelqu’un », ce qu’il n’arrivait pas à faire dans le monde réel.

Reste à esquisser des solutions. Aucune solution durable ne pourra être trouvée si une industrialisation et un essor économique du Maghreb ne se produisent pas. C’est une condition indispensable pour que la jeunesse n’ait pas le que le choix entre être sans emploi dans leur pays d’origine ou chômeur en France. La « transition énergétique » permet d’apercevoir d’immenses possibilités à cet égard.

Des cellules solaires pourraient être installées dans les régions sahariennes ; l’électricité produite serait alors utilisée pour électrolyser l’eau en hydrogène et oxygène. Pour subvenir aux besoins énergétiques de l’ensemble Union Européenne et Union du Maghreb un carré d ‘environ 500 km de côté recouvert de capteurs serait nécessaire. Les technologies sont éprouvées, il suffirait …

L’aspect religieux.

La religion musulmane semble échapper au déclin d’influence des autres religions qui n’ont pas résisté aux sociétés de consommation. En France, de splendides églises sont la plupart du temps vides. Pourquoi ne pourrait-on pas penser à célébrer dans celles-ci les cultes musulmans, juifs et catholiques. Bien évidemment, les détails cultuels sont différents, mais elles ont l’essentiel en commun : l’amour ou du moins le respect de l’autre. Les racines des religions sont bien les même, il suffirait … La formation d’un enfant doit aussi comporter la possibilité de rencontres autres que celles permises par son entourage familial ou l’école. Cette dernière ne permet pas à un enfant de rencontrer des personnes qui lui permettraient une identification. Les professionnels de toutes sortes, du carrossier au chercheur CNRS … pourraient servir dans ce but lorsqu’ils ont atteint l’âge de la retraite. Ils ne seraient là pour écouter et non pas pour parler ou faire apprendre. De nombreux retraités sont disponibles, il suffirait… Il faudrait également sortir l’enseignement technique du carcan dans lequel on le maintient : on l’assimile à une voie de garage alors que ce peut être une voie d’excellence. Mais malheureusement, ce problème touche l’ensemble de la Nation et les « décideurs » sont trop méfiants vis-à-vis de cette filière pour qu’ils y consacrent une réelle attention. Le travail manuel est utile pour maintes grandes découvertes, il suffirait…

Probablement que chacun connaît ces solutions, mais le « il suffirait » se fracasse en général sur les tenants du pragmatisme qui pourtant ont toujours eu tort.


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