https://www.traditionrolex.com/18 LE FEU AU LAC - La Gauche Cactus

LE FEU AU LAC

lundi 21 décembre 2015
par  Jean-Luc Gonneau
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Avant d’en arriver aux difficultés et aux menaces qui préoccupent tant de nos concitoyens, nous tenons tout d’abord, c’est de saison, à vous souhaiter malgré tout d’heureuses fêtes de fin d’année et une année 2016 féconde. Restons optimistes, puisqu’il ne devrait pas y avoir d’élections l’année prochaine, donc pas de nouvelle raclée à craindre de ce côté-là. Nous avons éprouvé le besoin, à la sortie de l’hiver, de marquer un temps de répit pour Réchauffer la Banquise et la Gauche Cactus, après une douzaine d’années d’opiniâtre parution. Et puis, comme beaucoup à gauche, avouons que nous étions aussi fatigués des abandons, des concessions, des trahisons parfois d’une large partie de ce qu’on continue d’appeler, à grand peine chaque jour davantage, la gauche, gouvernement en tête. Nous pensions rouvrir boutique en novembre, puis il y eut le drame du 13 novembre, puis la proximité des élections régionales, où un tsunami d’extrême droite menaçait (et se produisit, on y reviendra). Donc, nous revoilà.

Nous ne nous attarderons pas dans cet édito sur les massacres du 13 novembre : les contributions qui suivent de René Lenoir et Gérard André, nouveaux contributeurs à qui nous souhaitons bienvenue au club, la premier posant les bonnes questions qui engendrent les bonnes réponses (mais ce ne semble pas être le souci principal de nos dirigeants), le second, salut l’artiste militant, sous une forme poétique qui traduit bien notre volonté de résistance, expriment au mieux notre analyse de ce drame, dont nous rappellerons simplement qu’il a engendré une très inquiétante dérive sécuritaire, notre état d’urgence étant un cousin germain du Patriot Act de George W. Bush, tant vilipendé à l’époque par le Parti socialiste. Si on pouvait concevoir que cette mesure soit prise pour quelques jours après les attentats, sa prolongation et plus encore la lubie présidentielle de le constitutionnaliser constituent une grave menace pour nos libertés. Qu’en feraient une fille Le Pen ou le mini-lepen qu’est en train de devenir Nicolas Sarkozy si par malheur l’une ou l’un d’entre eux accédait ou revenait aux affaires ? Et constatons que la flopée de perquisitions, avec les « dommages collatéraux » (en français courant : bavures) qu’elle a entrainés, n’ont pas apporté de résultats significatifs, pas plus en tout cas que si ces perquisitions s’étaient déroulées sans les pouvoir spéciaux permis par l’état d’urgence. Mais l’ article de Frédéric Lordon, paru dans son blog associé au Monde Diplomatique, et la lettre ouverte d’Alain Brossat et Olivier Le Cour Grandmaison, que nous reproduisons plus bas, en disent plus et mieux sur le sujet (et sur d’autres encore). Victimes collatérales de tout ceci, les réfugiés, comme le montre le dernier article de Yann Fiévet

Les élections régionales ont constitué l’autre grande affaire des dernières semaines. Les sondeurs l’avaient prévu et pour une fois ne se sont pas trompés : nous avons subi une démonstration de force électorale du Front National, qui continue son implantation, triple le nombre des élus et mécaniquement placera dans les conseils régionaux les collaborateurs qui vont avec autant de forces militantes et de moyens administratifs qui lui faisaient encore défaut. S’il y eut, dans les combats contre les « idées » du Front National, des erreurs, (moralisme hors de propos surtout lorsqu’il était prêché par des gens dont la propre éthique avait quelques faiblesses, absence d’une analyse sérieuse des arguments du Front National qui « parlent » à la population, diffusion par une parie de la droite autoproclamée « républicaine » d’idées empruntées au FN (et même à « gauche »), instrumentalisation par la gauche (et ce depuis Mitterrand) du vote FN pour provoquer des triangulaires qui longtemps ont fait le miel de la gauche lors des élections locales), la responsabilité des gouvernements successifs, ceux de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, est immense :trahison, par l’un et par l’autre, du suffrage populaire qui avait dit non au traité constitutionnel européen (étonnez-vous après que le FN surfe sur les rancœurs vis-à-vis de l’Union Européenne), aucune politique sérieuse d’aménagement du territoire, d’où cette France « oubliée » où prospère le FN (la réforme territoriale régionale fut une vaste et médiocre et au final coûteuse alors qu’on prétendait faire des économies, plaisanterie, qui finit plutôt mal), une politique sociale et fiscale favorisant largement les catégories les plus favorisées, une idéologie fondée sur la compétition au lieu de la solidarité (ah, ce Macron qui ose dire qu’il faut que les jeunes aient envie de devenir milliardaires : en faire des loups dans un monde de loups ; et les loups qui ratent le coche, ils font quoi, dealer, kamikaze, les deux ?). Martine Aubry a résumé tout ça dans une formule assassine, mais juste : « Sarkozy a tué la République, nous avons tué la politique ». Un système à bout de souffle (voir l’article de Jacques-Robert Simon)

Nous étions de ceux qui, sans trop d’illusions, estimaient que la « gauche de gauche » pourrait se développer et faire contrepoids à la majorité droitière du Parti socialiste. De bisbilles en querelles de chapelle, de défense de boutiques que la clientèle délaisse, de batailles d’égos en chipotages sans fin, le Front de Gauche et la majorité de gauche d’Europe-Ecologie finissent cette séquence électorale en caleçon. Dépité mais lucide, Jean-Luc Mélenchon l’avait dit quelques jours avant le premier tour ; « Nous allons être humiliés ». Oui, certes, mais lui-même, probablement le représentant le plus cultivé, le plus talentueux de cette famille politique a pris sa part des bisbilles en question.

Face aux succès du FN au premier tour, une partie significative de l’électorat s’est mobilisée et a fait barrage. Les premiers commentaires des dirigeants politiques ont insisté que la nécessité de tenir compte des résultats du premier tour. Oui, il faut tout changer, qu’ils disent tous, changer le nom du PS (Julien Dray et d’autres), faire émerger de nouvelles têtes à LR (Bruno Lemaire, qui se voit bien en nouvelle tête). Changer les priorités politiques serait plus important, mais ça, les voix se font rares pour le dire : silence radio de François Hollande, tandis que pour Manuel Vals, ce n’est manifestement pas un sujet, continuation de la « stratégie » de Nicolas Sarkozy de coller aux thèmes du FN, faisant du Buisson sans Buisson. Quand à la gauche de gauche, elle a du mal à se remettre de sa gueule de bois. Et dire qu’il va falloir après ça ingurgiter les repas de réveillon. Faut avoir le foie solide.


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