https://www.traditionrolex.com/18 L'ELEGANCE DISCRETE DE VITOR DO CARMO - La Gauche Cactus

L’ELEGANCE DISCRETE DE VITOR DO CARMO

mardi 24 mars 2015
par  Jean-Luc Gonneau
popularité : 1%

Comme dans toutes les communautés, même restreintes, celle du fado parisien compte quelques braillards (assez peu, tout comptes faits), certains égos un peu démesurés, une pincée de cyniques, de prudents observateurs, plusieurs bons vivants, de braves gens et de moins braves. Comme dans toutes les communautés, même restreintes, il n’est pas fréquent que certains membres fassent l’unanimité, au moins sur certains traits de leur personnalité. Vitor do Carmo est de ceux-là, un homme discret, toujours équanime, impeccablement élégant, sur lequel les poids des ans glisse désespérément : quand pourrai-je lui accrocher une ride, à celui-là, doit se dire le dieu du temps.

Chanteur, guitariste (viola surtout, mais aussi guitare portugaise), Vitor do Carmo, qui est aussi un homme de convictions, est arrivé tout jeune en France, en 1967 : il désapprouvait les guerres coloniales d’alors et refusa d’y participer. « Au Portugal, je n’étais pas du tout dans le monde du fado, je ne chantais pas le fado, ni d’ailleurs quoi que ce soit, je ne jouais pas de guitare. Pourtant, presque toute ma famille était dans le fado. Mon frère le chantait et était compositeur, mon oncle « Ramin II », était guitariste professionnel, ma sœur, Alice do Carmo, était professionnelle, elle est venue d’ailleurs avec un contrat au Ribatejo, qui était alors la Mecque du fado parisien. Elle y est restée pendant presque deux ans, j’allais l’écouter. A cette époque, au début des années 1970, j’ai connu la première génération de fadistes immigrés, le regretté Joaquim Botelho, Manuel Boavida, toujours parmi nous, le guitariste Robles Monteiro, trop tôt disparu, et des chanteuses venues de Lisbonne, et qui y sont reparties, comme Vicenzia Lima ou Isaura Gonçalves. J’écoutais, mais ne participais pas. »

C’est en fréquentant une petite boite latino du quartier latin, créée par un groupe connu à l’époque, Los Machucambos, que Vitor do Carmo a commencé à apprendre la guitare et quelques chansons sud-américaines. Il fréquente aussi la maison de fado créée à Colombes par la fadiste Claudia Maria. Il y fait la connaissance du guitariste José Rodrigues, toujours en activité et du chanteur et guitariste José Machado, décédé encore jeune voici quelques années. Celui-ci l’encourage à chanter et à apprendre quelques fados. Lorsque José Machado quitte Chez Claudia pour le restaurant Avril au Portugal, lui aussi disparu, il propose à Vitor de le remplacer. Ce qu’il fait. Et voila comment, depuis une quarantaine d’années, Vitor do Carmo est un pilier de la vie du fado parisien. Et la vocation familiale continue à prospérer. Sa nièce, récemment entendue à Paris, chante le fado à Lisbonne. Et sa fille Valérie a quitté le barreau voici presque un an pour créer à Vincennes l’Académie de fado, qui connait un joli succès et prépare la relève des musiciens et vocalistes de demain. Et où Vitor, quand on le lui demande, ne refuse jamais de donner des conseils et de participer à la vie de l’Académie.

Chanteur à la voix ferme et chaude, où se distinguent les influences de Carlos do Carmo (pas de liens de parenté) et de Tony de Matos (« mais mon fadiste Préféré est Fernando Mauricio, même si je ne chante pas du tout dans son style »), accompagnateur sûr et attentif aux chanteurs, ce jeune retraité (il a mené ici une carrière d’électricien) vit la vie comme elle vient, avec le sourire. Et chaque année, il retrouve Lisbonne, et, la aussi, le fado


Commentaires

Brèves

11 octobre 2022 -  LE FADO CES PROCHAINES SEMAINES A PARIS... ET AILLEURS EN FRANCE

Pour écouter du fado ces prochaines semaines, tous les événements (sauf ceux qui ne nous ont (...)

20 septembre 2020 - LE FADO CES PROCHAINES SEMAINES A PARIS... ET AILLEURS EN FRANCE

Bonjour ! Pour écouter du fado ces prochaines semaines, tous les événements (sauf ceux qui ne (...)

26 mars 2018 - DES NOUVELLES DU COIN DU FADO

Ceci pour informer celles et ceux qui y ont participé ou se sont intéressés aux soirées de (...)
https://www.traditionrolex.com/18 https://www.traditionrolex.com/18