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Continuer et construire ensemble

Par Jean-Luc Gonneau
vendredi 3 juin 2005
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Nous pouvons nous accorder sur (au moins) deux points concernant le sens du vote non au référendum :
-  il s’agit, pour le non de gauche, d’un vote d’espoir et pas de peur
-  il traduit aussi une colère contre la destruction des acquis sociaux et des services collectifs, construits dans les luttes pendant des décennies.

Nous pouvons nous accorder sur (au moins) trois points concernant la dynamique de la campagne :
-  les collectifs unitaires y ont joué un rôle majeur, à la fois réseaux militants et instruments d’éducation populaire
-  dans la plupart sinon tous les collectifs unitaires, sont apparus le plaisir d’être ensemble, pour la première fois depuis longtemps, et le désir de poursuivre ce mouvement
-  il ne faut pas se raconter d’histoire sur le spontanéisme : dans la plupart des cas, les collectifs unitaires ont été créés, animés, par des militants d’organisations politiques, associatives, syndicales, reflétant notre diversité.

Nous pouvons nous accorder sur (au moins) trois points concernant les attentes de celles et ceux qui, à gauche, ont voté non (partagées sans doute par certains votants du oui, vote de peur, pour le coup, sur l’avenir de l’Europe) :
-  démontrer que nous sommes capables de proposer un projet de constitution alternatif. Ce n’est peut-être pas le plus important, mais c’est un gage de crédibilité. L’erreur serait de proposer une constitution « de gauche ». La raison serait de bâtir un texte qui nomme les principes et définit les mécanismes du fonctionnement de l’Union, bref, une vraie constitution.
-  Proposer une vision claire de l’Europe que nous voulons. Nous disposons d’une bonne base de travail, avec le texte « Propositions pour une relance européenne » déjà élaboré, qui nous permet à court terme (avant le Conseil européen du 16 juin) d’interpeller le Président de la République.
-  Construire une gauche antilibérale unie, lisible, crédible, porteuse d’un programme politique en vue des échéances à venir. Nos histoires sont différentes, nos fidélités fortes, et la convergence que nous avons constatée lors de la campagne demeure fragile. Nous ne serons crédibles que si nous sommes capables, ensemble, d’offrir une alternative politique au social-libéralisme qui pèse, en termes de suffrages, suffisamment pour passer des compromis positifs au niveau de toute la gauche. Faute de quoi nous risquons d’être condamnés, les uns et les autres, à des rôles de supplétifs façon gauche plurielle. Nous ne serons lisibles que si nous sommes capables, ensemble, sous une bannière commune, de porter cette alternative auprès de nos concitoyens. Cela suppose la continuation de notre travail en réseau, quasi gramscien, et la construction patiente de la bannière commune, dans le respect de l’identité de chacun. Il s’agit là d’un projet qui, à notre sens, va bien au-delà de l’idée de « pôle de radicalité », qu’il convient, toujours à notre sens, de dépasser : ce dont notre pays, et l’Europe, ont besoin, c’est d’une politique économique et sociale qui retrouve les chemins de l’intérêt général, de l’emploi, des grands projets. Nous ne devons pas nous laisser engoncer dans le costume de « gauche protestataire » que les libéraux de tous poils essaient de nous faire endosser.

Le non de gauche a été porté par diverses forces : nous en avons été, ensemble, la cheville ouvrière. D’autres, pour des raisons compréhensibles à divers degrés, ont préféré développer des stratégies propres. Nous ne saurions fermer les portes, mais au contraire rechercher les convergences.

Nous ne savons pas ce qu’il adviendra des débats au sein du Parti Socialiste. Il conviendra d’en tenir compte, mais ceci ne doit pas paralyser les suites de notre action. Nous savons que nous pouvons compter, dans ce parti, d’alliés qui ont démontré, lors de la campagne, leur détermination anti-libérale.

Constatons enfin une chose : dans cette phase intense de notre histoire politique, où nous avons tous, les uns et les autres, tenu notre place du mieux que nous pouvions et peut-être davantage, nous avons pu compter sur l’appui logistique et l’esprit d’ouverture du Parti Communiste. C’est l’honneur de sa direction, de ses élus, de ses militants. C’est encourageant pour la suite de notre histoire collective.

Ce texte reprend l’intervention de Jean-Luc Gonneau lors de la réunion de la coordination nationale de l’Appel des 200 du 1er juin


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