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CHRONIQUE DE LA GAUCHE EN QUESTIONS

lundi 9 mai 2016
par  João Silveirinho
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Une précision tout d’abord, car cela ne va pas de soi : nous inclurons dans cette chronique, vouée à devenir mensuelle, du moins jusqu’à l’an prochain, les péripéties de ce qu’on nomme généralement « la gauche », bien qu’il soit de plus en plus admis que de gauche, il y en a plusieurs, d’une part, et, d’autre part, que d’aucuns réfutent l’appartenance à la gauche de certains qui s’en revendiquent encore. Magnanimes donc, comme toujours, nous n’exclurons pas dans nos propos la droite de la gauche, même s’il est parfois difficile de la distinguer de la gauche de la droite.

Nous avions signalé le mois dernier plusieurs initiatives, que nous suivrons. Depuis, d’autres ont suivi. Cent fleurs vont-elles s’épanouir ? Il ne semble pas, comme disait Vladimir Oulianov, que les conditions objectives soient aujourd’hui réunies. Balayons en tout cas le champ initiatif.

A l’extrême droite de la gauche, Emmanuel Macron a lancé « son » mouvement, En Marche (EM, comme Emmanuel Macron), qui se veut ni de droite ni de gauche (mais lui se dit toujours de gauche). De programme, point ou pas encore, de valeurs, si on peut les qualifier ainsi, deux : compétitivité et modernité. Pour le reste, faites-lui confiance, il est jeune, souriant, glamour, prolixe et plait à Paris-Match et Pierre Gattaz. Subtiles sont les nuances qui le séparent d’une Nathalie Kosciusko-Morizet qui, elle, a l’air jeune, est souriante, glamour, prolixe, et se prétend et de gauche et de droite. En Marche ? On verra bien vers où. Pour l’heure, une opération porte à porte est prévue, moderne et compétitive bien entendu.

Plus amusant encore ? Nous avons ça en magasin avec Hé ho la gauche, fan club de François Hollande, lancé en fanfare par un grand meeting public dans un amphithéâtre de la faculté de médecine (quel communicant a eu cette idée ? ou Touraine peut-être ? A bin oui, alors…) à 17h30 en semaine, un moment idéal pour les retraités (il en vint) et pour les chômeurs (il n’en vint pas et tout ce beau monde se demande peut-être pourquoi). Programme : faire savoir tout ce que le gouvernement a fait de bien depuis quatre ans et ne pas parler de ce qui fut moins bien, voire très mal. L’exercice est risqué, quoique le contenu de l’argumentaire ne pèse pas des tonnes.

Vous ne trouvez pas tout ça assez rigolo ? Alors essayez la Belle Alliance Populaire, conçue par le boss du Parti Socialiste, présentée dans un café parisien à la mode, lui. Il s’agit là de « dépasser la forme » des partis, c’est un chef de parti qui le dit, et, en gros, de faire tout ce que ses copains du gouvernement n’ont pas fait, écouter les français, réussir la transition écologique, repolitiser l’Europe, et on en passe. « Camba » s’est taillé une réputation d’« architecte » de la gauche plurielle, idée assez futée à l’époque, mais qui finit, comme on le sait, en eau de boudin. La B.A.P. est plus modeste : en l’état, elle rassemble le PS, moins ses frondeurs, moins les aubristes, moins Macron, moins les vallsistes (on dit vallsistes ou vallseurs ?). Et question dépassement, on liste les « renégats » des Verts, mouvement de masse bien connu, les radicaux de gauche, retour d’ascenseur après le ministère offert à leur président, et quelques - rares – membres de la société civile, dont Fadela Amara, émergeant de sa pénitence post sarkozyste. A l’heure où nous écrivons, cette belle alliance a surtout recueilli au mieux des moues dubitatives, au pire de cruels sarcasmes. Nous ne jouerons pas ce jeu là : un respectueux silence convient mieux.

Tiens, les Verts justement : silence radio. Il se dit que Cécile Duflot mitonne une candidature présidentielle, dans le cadre, ou pas, d’une « primaire de la gauche ». Bah, elle est sympa, Duflot, mais une candidature de plus ou de moins, hein.

Et tiens, justement encore, elle en est où, la « primaire de toute la gauche » ? Du plomb dans l’aile, on dirait. Même Laurent Joffrin, le roi de la gauche marshmallow, qui espérait avec cette idée en faire le marronnier incontournable de la presse pendant six mois pour le plus grand profit de Libé, semble avoir le moral dans les chaussettes. Socle commun, disent les uns, sans avancer quoi que ce soit pour esquisser le dit socle. Pas question, disent les autres, chacun pour soi et que le meilleur gagne. Avec Hollande, disent les uns, sans lui, répondent les autres. Et même, seul Hollande comme candidat socialiste, dit le un Cambadelis. On va voir ça, répondent les frondeurs, et voilà que Marie-Noëlle Lienemann, à qui on ne contestera pas un brevet de bravitude, qui se candidate, Hervé Hamon qui fait plus qu’y songer, Christian Paul qui se tâte, et le boss communiste Pierre Laurent qui n’exclut rien, donc pas lui-même, à condition que ce soit sans Hollande, ou Valls, ou Macron. Et Montebourg qui se demande s’il faut en passer par là, ou y aller direct, ou rester à la maison. Ce maelstrom pour une primaire qui a de fortes chances de ne pas avoir lieu n’est en fait dépassé que par la furia candidatoriale de la droite. Dans ce paysage qui va du PS et de ses affidés de la Belle alliance jusqu’à la direction du Parti Communiste, qui sur ce point comme sur d’autres, est loin d’avoir derrière elle l’unanimité du parti, relevons le silence, à notre sens avisé, de Martine Aubry et d’Anne Hidalgo, jouant, peut-être, le rôle du recours une fois que sera sifflée la fin de la récréation.

A gauche de tout cela, on passera rapidement sur la mouvance trotskiste puisque le NPA et Lutte Ouvrière ont déjà tranché : leurs candidats à l’élection présidentielle sont désignés, les mêmes qu’en 2012, respectivement Philippe Poutou et Nathalie Arthaud, promis à des scores confidentiels, bien loin des pics (modestes quand même) atteints par leurs prédécesseurs Olivier Besancenot et Arlette « Travailleuses, travailleurs, on vous ment » Laguiller. Quant au Parti Ouvrier Indépendant, il est à la ramasse après sa scission. Pour Poutou et Arthaud, comme à chaque fois, la chasse aux parrainages est ouverte, elle va mobiliser l’essentiel de l’énergie de NPA et de LO, et elle n’est pas gagnée.

Côté Front de Gauche, l’appel que nous reproduisions dans notre numéro précédent, et toujours consultable sur notre site, a pris un départ gentillet, et semble depuis un (gros) brin somnolent. Uu peu moins de 3000 signatures, quand même ou seulement, selon les points de vue. Les composantes du Front de gauche connaissent, elles, des phases différentes. Pour Ensemble et quelques autres, moins importants, c’est plutôt l’atonie. Pour le PCF, la préparation du congrès mobilise les énergies, et les débats internes s’annoncent mouvementés, entre des textes fort différents, les uns émanant, sans surprise de plus ou moins nostalgiques des grandes heures du Parti, ce qui n’est pas forcément péjoratif, un autre, signé notamment par des proches de Marie-George Buffet, assez proche de l’appel pour revivifier le front de gauche, et celui de la direction, qui entérine l’idée d’une primaire, conditionnelle, de la gauche, ce qui fait plus que tousser tous les autres. Bref, le congrès sera peut-être sportif, ce qui n’est pas une mauvaise chose. Et alors que nous bouclions cet article arrive un nouvel appel, dit appel des 100, réunissant des élus PS (côté frondeurs), PCF ou EELV, quelques syndicalistes, intellectuels, associatifs et la porte-parole d’Ensemble, Clémentine Autain. Parmi « les 100 », beaucoup ont déjà signé d’autres appels, ce qui donne à cette brassée d’appels un petit air d’entre-soi. Et chaque appel ou presque proposant d’organiser partout de vastes débats : on ne saura plus où donner de la tête ! N’oublions pas l’appel de Francis Parny, dirigeant en colère du PCF, au soutien de la candidature de Jean-Luc Mélenchon, qui recueille à ce jour un peu plus de 1600 signataires, presque tous encartés au PCF. En gros, dit l’appel, quand on a un candidat dont les axes de programme sont largement partagés à gauche du PS, qui, à un an de l’échéance, est le seul de son camp à pouvoir dépasser 10% des suffrages, inutile de perdre son temps en babils et minauderies (là, je traduis, c’est pas écrit comme ça), on le prend et on essaie de le bonifier.

Et justement, toujours, Mélenchon dans tout ça ? Disons qu’il fait sa pelote. Ses comités des « insoumis » frôlent le millier, il engrange un peu plus de 90 000 soutiens (des soutiens, pas des clics comme Macron), les sondages le font, comme disent les journalistes sportifs « tutoyer » François Hollande (mais les sondages, hein, faut s’en méfier, et puis tutoyer Hollande dans ce genre de sport n’est qu’une étape, pour rester très Tour de France, vu l’étroitesse du score du président en titre), il a tout un squelette, et même plus, de programme, puisqu’il s’agit de réactualiser celui de 2012, bien nommé « L’humain d’abord ». Et le premier de ses moments de vérité approche : le 5 juin aura lieu à Paris son premier rassemblement des « insoumis », en plein air, que les amateurs d’envolées lyriques et républicaines auraient tort de manquer.

N’oublions pas les Nuits debout, séduisante initiative citoyenne qui a provoqué un engouement médiatique à double tranchant, un, enfin des gens se parlent librement et respectueusement, deux, mais où cela peut-il déboucher. Au minimum, cela aura débouché sur la réalité que des gens, nombreux, se sont parlé, et écouté. Et rien que ça, c’est déjà beaucoup par les temps qui courent


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