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L’AVENIR EST AILLEURS

lundi 20 juin 2016
par  Jacques-Robert Simon
popularité : 70%

Deux phénomènes apparemment incompatibles coexistent dans la nature. Dans l’un s’effectue un éparpillement, le colorant d’une solution concentrée va diffuser vers une autre plus diluée. Dans l’autre, des molécules vont se rassembler pour former un agrégat. Pourtant, les espèces en présence sont pratiquement semblables et les lois physico-chimiques strictement identiques. Il ne faut donc pas compter sur la science pour expliquer la mondialisation qui se déroule actuellement à une vitesse accélérée durant laquelle les gens et les capitaux s’éparpillent tandis que des zones rassemblent hors du cadre des Nations des gens de même typologie. L’éparpillement tout d’abord. Les capitaux peuvent, depuis toujours, être transportés efficacement là où ils peuvent engendrer une plus value optimisée. Il leur faut trouver une main d’œuvre peu coûteuse et qualifiée fabriquant des produits vendus le plus cher possible, donc pas à ceux qui les fabriquent. Le capital fournit l’arme nécessaire pour contraindre les travailleurs à œuvrer dans le sens souhaité. Les pays « sous-développés » fournissent des multitudes de personnes si pauvres que le pire des travaux est un rêve pour eux. Un investisseur avisé placera donc ses capitaux au sein du tiers monde. Même si l’appât du gain est son ressort, il peut aussi proclamer qu’ainsi des miséreux deviennent moins miséreux, ce qui est exact : il est bon de soigner son image. Une des multiples conséquences, au sein des pays développés, de ce transfert de capital vers le tiers monde, c’est que la main d’œuvre locale ne trouve plus d’emploi dans des secteurs industriels qui tendent à disparaître. Les nouveaux besoins en service (aide aux personnes, garde d’enfants …) conviennent mal aux ouvriers en recherche d’emploi Ainsi, plus de quatre ouvriers (25% des emplois) sur cinq sont des hommes, tandis que près de quatre employés sur cinq sont des femmes. La féminisation des emplois est concomitante avec les délocalisations industrielles. Il est souvent fait mention de main d’œuvre peu qualifiée pour désigner les emplois industriels, il serait plus judicieux de parler de personnes peu diplômées car l’intelligence de la main acquise par l’expérience n’est plus mise en doute par personne. Ce ne sont pas seulement des emplois qui disparaissent, c’est une voie d’accès vers une reconnaissance sociale qui se ferme. On assiste donc à une « intellectualisation », ou du moins une tentative d’intellectualisation, des sociétés occidentales en mettant sur la touche l’apprentissage qui est une éducation par le faire plutôt que par le savoir. Toutefois, cette obsession du diplôme est moins frénétique dans d’autres pays européens qu’en France. L’égalité homme femme va de soi, mais les revendications spécifiques pour les femmes obscurcissent jusqu’à rendre invisible la lutte des classes, les femmes appartenant à toutes les classes sociales. Pourtant pour constituer un capital, qui n’est rien d’autre que du travail accumulé, il est impératif et inévitable de trouver un moyen de faire travailler d’autres pour soi-même. La lutte des classes n’existe apparemment plus car on a divisé les prolétaires en castes. Les membres des castes se reconnaissent des affinités électives en leur sein bien que d’immenses inégalités de tous ordres les séparent. Notre futur ressemblera peu ou prou au présent des États-Unis : 30% des jeunes âgés de 29 ans ont fait des études supérieures (niveau licence) avec cependant des disparités : les femmes blanches sont 39,1% mais les hommes noirs 12,2%. Le taux de pauvreté aux USA est le plus important des 17 pays les plus riches : un enfant américain sur quatre et un enfant afro-américain sur deux (50%) grandit en dessous du seuil de pauvreté. Il serait ridicule de prétendre une quelconque aptitude de telle « race » ou de tel sexe à apprendre et comprendre mieux que d’autres. Il est prouvé sans aucune espèce de doute que l’environnement des enfants est le facteur déterminant pour son avenir, et cet environnement est lié intimement aux revenus disponibles. La pyramide hiérarchique est d’autre part déterminée selon les critères des possédants : pour y appartenir il est impératif d’être leur semblable. Éparpillement donc : les capitaux peuvent se déplacer avec facilité sur la planète entière. Il est mis en avant qu’en conséquence ils vont créer des richesses en permettant des investissements productifs. Il y a cependant tout lieu de penser que les capitaux créent surtout une force de contrainte permettant d’asservir autrui plus que le libérer. Les vraies créations de richesses sont le fruit du talent, de l’esprit d’aventure, de la culture intellectuelle ou manuelle et surtout de l’ingéniosité. Il est inutile de mettre de l’engrais sur une plante morte, c’est pourtant ce que font les financiers incapables de faire la différence entre un m’as-tu-vu et un entrepreneur. Résultat : les habiles pullulent tandis que les créateurs se meurent : il est impossible de rêver en comptant. L’éparpillement conduit à terme à une homogénéisation des cultures, des pratiques politiques, des mœurs, en fait de tous les aspects de la vie quotidienne sauf ceux qui concernent les capitaux : dans la logique du modèle proposé (dit libéral grâce à un talent certain de communication) les inégalités ne peuvent que croître. Elles augmentent car aucun des dispositifs antagonistes n’est efficace. Le contrepoids au despotisme économique peut être la révolution, l’émeute, les élections, mais la formation de castes ne permet plus cette solution. Un autre pourrait relever de la réglementation, mais on voit mal comment celle-ci pourrait être écrite autrement que dans le sens qui favorise ou du moins qui préserve les possédants puisque ceux qui les écrivent font partie eux aussi des nantis. L’agrégation par les castes est efficace car elle tire parti d’éléments naturels : le besoin de dominer, la haine des différences, le besoin de paraître … Il n’y a rien de naturel à être égaux, libres et fraternels : il faut toute l’attention de parents, d’une école, de références morales, toutes choses que s’acharne à détruire le prétendu libéralisme. Faire une liste exhaustive et détaillée des diverses castes serait possible mais difficile, car l’appartenance à l’une d’entre elles peut se définir de maintes façons, par l’ethnie, la culture, la sexualité, le sexe … Des miséreux, les uns soudanais les autres afghans se sont récemment battus dans un camp de réfugiés. Leur désespérance est pourtant la même, tout comme sa cause. Il peut être avancé qu’à long terme un citoyen unique peuplera le monde et que des problèmes de ce type ne se poseront plus. Il n’en sera rien car l’homme a une imagination infinie pour trouver des motifs de se détester. Seul la fraternité peut parvenir à allier l’égalité et la liberté, pas la cupidité ni l’esprit de lucre. Le règne de l’amour n’arrivera jamais, certes mais, ce qui est certain c’est que le futur est ailleurs, pas dans un tiroir caisse.

Le voyage pour moi, ce n’est pas arriver, c’est partir. C’est la saveur de la journée qui s’ouvre, c’est l’imprévu de la prochaine escale, c’est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c’est la curiosité de confronter ses rêves avec le Monde, c’est demain, éternellement demain. Partir... Par Roland Dorgelès


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