CHRONIQUE DE LA GAUCHE EN QUESTIONS (DEUXIEME SEQUENCE)

lundi 20 juin 2016
par  João Silveirinho
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Depuis le mois dernier, les choses ont encore bougé dans les couloirs de la gauche. Il s’y passe tous les jours quelque chose, assénait jadis un slogan d’un grand magasin parisien ? Presque.

Il ya eu un flop, des patinages, des nouveautés, des avancées. Revue de détail en commençant par le flop : la « primaire de toute la gauche » est définitivement enterrée. De profundis mais sans regrets

Au rayon patinages, plusieurs des appels que nous relevions le mois passé ont connu ce que l’on qualifie parfois de succès d’estime. Il en est ainsi de l’ « appel des cent ». Celui qui voulait « rallumer l’étincelle » du Front de gauche a contribué à confirmer un attachement, assez formel quand même, du PCF au Front de gauche lors de son congrès. Mais, comme l’appel des cent, il n’a pas mobilisé les énergies suffisantes pour devenir un espace de débats et de propositions. A l’autre extrémité du spectre de la gauche au sens (très) large, le mouvement « En marche » d’Emmanuel Macron est déjà à l’arrêt, essoufflé après quelques centaines de mètres et quelques dizaines de porte à porte. Un patinage proche du flop. De même, on ne parle plus beaucoup du baroque Hé ho la gauche, qui a patiné avant de floper. Patinage, qui devrait s’inscrire dans la durée, pour les frères ennemis du NPA et de LO, qui ne pèseront pas lourd malgré leurs courages militant. Patinage aussi pour Nuit debout, contrarié par la fatigue et la pluie. L’initiative s’en relèvera-t-elle. Disons qu’elle a semé quelques graines de réflexions qui peut-être porteront quelques fruits.

Au rayon nouveautés notons, mais est-ce vraiment nouveau, la réapparition médiatique de Nicolas Hulot comme hypothétique candidat écolo. Ce qui contrarierait les ambitions de Cécile Duflot, mais lui éviterait un score a priori lilliputien. Hulot pourrait-il faire mieux ? Sans doute. De beaucoup ? Pas sur. La vraie nouveauté, c’est l’annonce d’une primaire de la gauche qui se dit de gouvernement, idée sortie du chapeau du boss du PS, Jean-Christophe Cambadélis, qui n’en est pas peu fier. Manœuvre habile si on ne considère que le pré carré du PS : Hollande se présente, ses opposants internes (Marie Noëlle Lienemann est déjà candidate, Benoît Hamon, Arnaud Montebourg, Gérard Filoche se tâtent) auront le plus grand mal à accorder leurs violons, parmi les alliés du PS, le PRG et les dissidents verts se dévoueront pour une candidature « de témoignage ». Résultat : Hollande désigné les doigts dans le nez, et le voilà, selon certains, relégitimé pour repartir pour un tour. Mais si on regarde un peu plus loin que le bout du nez des intrigues internes du PS, une telle primaire ne soulèvera certainement pas l’engouement populaire qui fit le succès de celle de 2012. Et la légitimation du vainqueur ne pèsera pas bien lourd.

Entre nouveauté et patinage se situe le congrès du PCF. Nouveauté : le texte présenté par la direction ne recueille qu’une très courte majorité, le score le plus riquiqui de toute l’histoire du parti. Nouveauté grâce à la nouveauté : l’attitude ambiguë de la direction du parti à propos de la « primaire de toute la gauche » avait plombé le texte susdit. Cette primaire sort dans les choux du congrès, quelques jours avant d’être assassinée par la PS. Pas de primaire, donc, mais patinage pour ce qui concerne l’élection présidentielle. Malgré les efforts de la direction pour « dépersonnaliser le débat », l’ombre de la candidature Mélenchon a plané sur le congrès. Il y a les carrément pour, qui ont officialisé leur soutien, avec Francis Parny et Brigitte Dionnet, proches de Marie-George Buffet, et près de 3000 signataires, les plus ou moins carrément contre (« il faut un candidat communiste pour relancer le parti », « trop perso » ou bien sous cape « Mélenchon vient du PS, donc suspect »), souvent mais pas toujours des vétérans, et ceux qui se tâtent. Comme souvent, les tâtistes ont raflé la mise, le PCF se décidera plus tard. Espérons qu’il ne sera pas trop tard.

Les avancées enfin. Pluriel hélas superflu car il n’y en a qu’une : la lente mais régulière ascension de la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Pas seulement dans les sondages, toujours à relativiser, mais aussi dans le rassemblement. Chez les communistes certes, mais plus largement à gauche, dont quelques socialistes qui ont rompu les amarres. La présence bienveillante de personnalités communistes (Marie-George Buffet, Patrice Cohen-Seat…) et plus observatrice de Clémentine Autain, porte-parole d’Ensemble, à son meeting du 5 juin est un signe. Certes, observation n’est pas encore soutien, mais peut-être bien que ça vient.


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