« LE MONDE EST PARTI, IL FAUT QUE JE TE PORTE »
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No pasaran. Il faut le dire, l’écrire, car« laver le monde c’est écrire encore… ». Quand l’insupportable nous déporte hors de nous-mêmes, la limite au-delà de la limite, tu es toujours en-deçà de toi, rarement au delà.« Nul ne témoigne pour le témoin. » Désobéissance civile. Insoumise à l’ordre des choses, des mondes du réel, elle agrafe sur sa poitrine une croix ébène. Retour de l’esclave. La cale, ou se caler n’est plus une métaphore du temps passé. Est-ce la mort de la caresse ? Est-ce la disparition de la caresse au sein de la détresse. Ou son contraire ?
« Le poème peut être une bouteille jetée à la mer, abandonnée à l’espoir, qu’elle pourra un jour être recueillie sur quelque plage, la plage du coeur peut-être. » Il n’est pas seul. Il n’est plus seul. « Avec le genévrier d’or tes cheveux flottent aussi sur la mer. »
Il existe une sorte d’internationale de la honte, elle transgresse les lois, règles et valeurs, réalise un monde où toutes les transgressions deviennent pensables, possibles. Les yeux ne voient plus, les oreilles n’entendent plus les cris étouffés de nos semblables, nos frères. Frères nous aurions pu être, nous aurions aimé l’être dans un simulacre d’amour, de pain partagé. Nous le voulons sans le vouloir. Et toi ? Qui s’occupe de toi dans le creux de l’arbre. Qui entend le désir brûlant d’amour brûlant la douleur ? Nacre.
« Le peuple d’accueil avec nous / dans la barque… / Ils t’aident tous… » Oui, ils t’aident tous ! Ils se lèvent comme un seul homme. Ils te portent à bout de bras. A la cime de l’ongle. « Comme eux muets / nous flottons vers le monde… Vague, tu / l’as porté jusqu’ici, l’os poli, / tu t’es abandonnée, imperdable, en lui, / sable de rive, tu prends en toi, / tu accueilles, / seigle-de-mer, souffle dessus, / ajoute ta part, la tienne… » Oui ajoute ta part, la mienne aussi, dans le Danube aussi. « Rentrés chez eux / dans l’étrangeté du ban sans lieu… les frères, les soeurs… les étrangers-toute-leur-vie, / couronnés d’une semence d’étoiles. » No pasaran.
Le titre, les citations en italiques sont tous de Paul Celan. Article paru également dans L’Humanité
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