FADO : L’HOMMAGE A AMALIA A REMPLI L’OLYMPIA

jeudi 20 octobre 2016
par  Jean-Luc Gonneau
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Une heure avant le concert, il y a avait déjà foule devant l’Olympia, la salle parisienne fétiche d’Amalia Rodrigues (1920-1999). Une foule presque exclusivement portugaise (ou lusodescendante), contrairement à celle des concerts des divas du fado d’aujourd’hui, les Mariza, Ana Moura, Katia Guerreiro, où le public est plus ou moins à moitié composé de francophones. C’est qu’Amalia, elle, son souvenir, occupe une place toute particulière dans le cœur des portugais. Leur temps viendra peut-être, ou pas, pour ses héritières.

En plus de cette aura, le plateau présenté par la jeune maison de production Dyam avait de quoi faire saliver. Accompagnés par Custodio Castelo, l’un des maîtres de la guitare portugaise, Jorge Fernando à la viola (mais aussi compositeur, chanteur, auteur, et pour ce spectacle directeur musical) et Carlos Menezes, l’un des meilleurs spécialistes de la guitare basse, on pouvait compter sur la présence de Joana Amendoeira (1982), en pleine possession de son art, l’une des fadistes les plus subtiles d’aujourd’hui, Pedro Moutinho (1976), frère cadet de Camané, fadiste de tradition à la voix chaude dans la lignée de Carlos Do Carmo, Duarte (1980), l’alentejano, poète du fado que le public français commence à bien connaître tant il est venu souvent se produire ici ces deux dernières années, Fabia Rebordão (1985), petite cousine d’Amalia, proche de Jorge Fernando, récompensée par plusieurs prix, Anabela (1976), fadiste mais aussi chanteuse de comédies musicales, et « notre » Claudia Costa, toute jeune chanteuse (27 ans) révélée par sa participation à « The Voice » en 2014. Plus, pour un titre, la chanteuse israélienne Orly Solomon et, cerise sur le gâteau, Simone de Oliveira (1938), grande dame de la chanson portugaise, accueillie triomphalement par le public parisien. Paris, une ville où elle fit plusieurs séjours. Leonor Mafra, présente au concert, ancienne propriétaire de la Pasteleria Belem à Paris se souvient bien de « cette dame adorable qui venait tous les jours prendre son petit déjeuner à la pâtisserie ».

Si le grand moment d’émotion du concert fut la prestation de Simone de Oliveira, chacun tint son rôle impeccablement. Nous retiendrons, parmi d’autres interprétations de qualité, le Povo que lavas no rio de Joana Amendoeira, tout sourire pendant le concert (‘je me sentais bien, tout le monde s’entendait et s’appréciait »), toute en retenue pendant ses interprétations, mais une retenue celant des diamants qui lorsqu’ils apparaissent touchent directement le cœur, une intéressante version avec un rythme original du Barco negro, par Fabia Rebordão, qui arborait une coiffure post-néo-punk à rendre jaloux un joueur de foot, un traitement lui aussi original d’Estranha forma de vida par Duarte, plus « cool, mec » que jamais, et l’impeccable tenue de Pedro Moutinho dans les fados traditionnels chantés par Amalia, « mais je n’étais pas vraiment volontaire pour chanter Senhor Vinho », plaisantait-il après le concert. Et la fluidité de la voix d’Anabela. Et la concentration de Claudia Costa : « J’ai eu l’impression d’être sur une autre planète. Et je ressentais comme un devoir de bien représenter le fado d’ici ». Devoir accompli. Et « Simone », comme clamait le public et qui chanta si bien le Gaivota et le Desespero d’Amalia. Ajoutons que le choix des titres fut judicieux, mêlant grands succès et fados anciens un peu oubliés, et (presque) toujours adapté aux styles personnels des artistes, et les musiciens à la hauteur de leur réputation. Au total une superbe tarde de fado.

Dans environ deux semaines, Misia chantera elle aussi Amalia à Paris. Et on peut compter sur « celle qui ne fait jamais rien comme tout le monde » pour nous captiver à nouveau.

Article paru également dans Lusojornal (www.lusojornal.com)


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