IL N’Y A PAS QUE DES MIRACLES A LOURDES
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Au mois de février de cette année, le Conseil municipal de Lourdes vota l’implantation dans la ville d’un CADA (centre d’accueil de demandeurs d’asile) pouvant accueillir 90 personnes, essentiellement des familles. Ce dispositif fut ensuite complété par dix huit places en logements d’urgence, le tout confié à l’association France Terre d’Asile, répute pour son professionnalisme dans l’accueil de ces populations. Tout se passa bien, et continue de bien, se passer. Sauf que. Sauf que le secrétaire départemental du Front National, Olivier Monteil, conseiller régional, ne l’entendait pas de cette oreille et le fit savoir dans un post du compte Facebook de la fédération départementale du Front National.
Pour Monteil, les occupants de ces logements ne sont pas des demandeurs d’asile mais des clandestins. Ils ne sont pas 98 mais 250. Leur présence a été décidée en catimini (un vote du Conseil municipal, par nature public car à Lourdes, ce n’est pas comme à Béziers où on vire les opposants, c’est du catimini). Monteil ignore, ou fait semblant, que la France, comme la totalité des pays européens, est signataire de la Convention de Genève. En conséquence, en droit, à moins que Monteil n’attache aucune importance au droit, donc que Monteil ne puisse en aucun cas se revendiquer républicain, un demandeur d’asile, tant qu’une juridiction (la Cour Nationale du Droit d’Asile) n’aura pas statué sur son sort, n’est ni un « clandestin », puisqu’il est connu des services administratifs, ni un intrus sur le territoire. Ce n’est que si sa demande d’asile est rejetée qu’il peut être contraint à quitter la France. 250 et pas 98 ? Il semblerait que Monteil ait ajouté aux demandeurs d’asile du CADA les réfugiés chrétiens d’Orient accueillis par la paroisse de Lourdes. On atteint là le sommet du comique (noir). Car le même Monteil explique doctement, dans une conférence de presse suite à son « post » Facebook (retiré depuis, quel courage) que les chrétiens d’Orient eux, ont fait le choix de demeurer en Syrie ou en Irak. Sauf à Lourdes ?
Quoiqu’il n’en veuille pas personnellement aux « migrants », communique-t-il après son « post », mais au gouvernement et la municipalité (PRG), Monteil met en annexe de son « post » les noms des rues où ils sont logés et pour faire bonne mesure le numéro de téléphone portable de la directrice du CADA (France Terre d’Asile a porté plainte). Bien sur, tout ceci est promptement supprimé sur le compte Face book, le mal étant fait. Et bien sur, sont aussi effacés les réactions des sympathisants de Monteil. Mais pas assez vite : le site Streetpress en a recueilli quelques unes. Echantillon : « Les Pyrénées ne veulent pas des envahisseurs islamistes, on fera tout pour les virer », « Flinguer ces fils de putes », « Tous des bêtes sauvages, ils me dégoutent, des ordures sur le sol français », "Ils vont s’amuser les migrants à dégommer les stèles chrétiennes (...) Une stèle tombée = un migrant mort". Sur un autre site, où ces commentaires ne sont pas effacés à ce jour, posté par un certain duranddurand (lajoielajoie ?) : « le F.N. peut aussi porté (sic) plainte contre la ville et l’état et France Terre d’Asile pour mise en danger volontaire de la vie d’autrui. en cachant de dangereux délinquants ! » ou encore, d’une « Olivia Blanche » : « Nul doute à avoir sur la présence de migrants à Lourdes. Dernièrement, l’Observatoire de la Christianophobie a révélé, photos à l’appui, un vandalisme ignoble sur la maison natale de Bernadette Soubirou (on veut que ce soit internet et qu’il n’y ait pas de fautes d’ortho’ sur les noms propres mais, ndlr)… Des inscriptions injurieuses, à caractère sexuel et christianophobe autant qu’anti-Françaises, dans un Français pitoyable, qui dénonce les auteurs (serait-ce duranddurand ?, ndlr) !!! ». Dans ce florilège de haine, il y a appel au meurtre, discours raciste, insultes publiques. Dans la divulgation par Monteil d’adresses et de téléphone, atteintes à la vie privée. Dans la déclaration non démentie de Monteil qu’il tient ses « informations » d’une « source policière », il y a diffamation des services de l’Etat si c’est faux ou enquête interne si c’est vrai. Il fait de plus allusion à une prétendue directive de la hiérarchie policière incitant à la clémence si des incidents avec les demandeurs d’asile étaient constatés. A quoi répond la préfète, assez maladroitement si vous voulez mon avis, qu’il s’agit d’une « interprétation malveillante » d’une directive. Mais de toutes façons, le procureur local, qui a promis des poursuites, ne risque pas le chômage s’il tient ses promesses.
Pour faire bonne mesure, le « post » de Monteil était illustré d’une photo montrant de nombreux africains. A Lourdes ? Non, en Lybie en 2015. Comme il dit, Monteil, « les lourdais (mais pas les lourdaises ? ndlr) ont le droit d’être informés. Certes, mais surtout pas par lui. Au fait, certains médias ont tenté de joindre la direction du Front national à ce sujet : silence radio. Dédiabolise, Marine, dédiabolise. A ce rythme là, le diable a autant de souci à se faire que la finance avec Hollande.
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