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L’ETHIQUE AUX SOURCES DU POLITIQUE

vendredi 14 avril 2017
par  Jacques Broda
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1. L’humain d’abord : " L’injustice sociale sous les formes de l’exploitation ne serait que l’euphémisme du meurtre..." (1) La totalité du corps social est en train de se fissurer dans une sorte d’anomie passive, où les signifiants-maîtres sont ceux des maîtres du signifiant. Résister dans sa tête, son cœur, son corps, nous oblige à revisiter la philosophie et la psychanalyse. Maria Zambrano, Vladimir Jankélévitch, Emmanuel Lévinas nous enseignent la responsabilité pour autrui comme forme première de l’être. La détresse fonde l’éthique. Sigmund Freud pense le Nebenmensch comme proximité secourable, de l’un à l’autre, de l’autre à l’un (2). Il s’agit d’une figure maternelle, métaphore des prémisses de l’éthique au-delà du soin. L’éthique n’est pas un plus de morale, elle est une posture exigeante, tendue, courageuse, à défendre et construire la valeur en toutes circonstances. L’éthique est un rapport actif à l’inconscient, une position de travail, de re-connaissance, de vouloir (et) savoir. L’éthique est à la fois relation à l’autre et rapport au soi (de l’inconscient).

Avec le nebenmensch, l’écoute, la réponse, l’interprétation, sont aux fondements de la responsabilité pour autrui. A partir des soins primaires (et même avant), le souci de l’autre, le désir de l’autre s’élaborent comme gratitude, pour ne pas dire amour. A l’opposé, l’envie, la haine, les pulsions destructrices non élaborées, non élaborables, les déficiences vitales symboliques induisent (une sorte) de sortie de l’humain. Pour Emmanuel Lévinas, l’humain c’est le visage de l’autre dont je suis responsable, le visage humain. Sauver l’humain c’est offrir les conditions maximales à la gestation, reproduction, éducation des petits d’hommes. Nous sommes très très très loin du compte. Que demande ’le peuple’ ? Une égalité fraternelle. Dans les formes les plus rudimentaires, les plus précaires, les plus démunies de l’existence, l’humain résiste ; un terreau millénaire d’humanisations partagées et réciproques existent comme patrimoine éthique de l’humanité. Cette fondation anthroponomique (Paul Boccara) est le réel de l’humain. Mais pas que... A l’opposé, nous le savons, les forces de destruction, de dominations, de transgressions, la pulsion de mort, travaillent en 3x8, dans et hors-sujet.

2. L’Ethique, rapport terrible du sujet à lui-même : Pour élucider les causes de la faille, l’origine de l’effondrement éthique, j’interroge dans cet article, la source de l’engagement en-deçà de l’idéologie. Il y a certes l’amour maternel, paternel, l’éducation, ’étudier et bâtir’ (Emmanuel Lévinas). Il y aussi ’la piété filiale’ comme forme première de la solidarité, elle oblige le sujet à prendre soin de son propre corps, comme bien d’héritage. L’amour-propre n’est-il pas le propre de l’amour ? Si le père se prolonge dans le fils qui est à la fois le même et un autre, le fils est traversé par le sentiment de piété, gratitude éclairée par la transmission de la vie. Ici la relation père-fils est une métaphore de la filiation. La crise politique est avant tout une crise de la transmission et de la filiation. Les courroies de transmission sont grippées, voire inexistantes. Quant à la ’dette transgénérationnelle’ on discerne mal les contours de sa pérennité. Se sentir une dette légitime à l’égard de mère-nature, ne nous dédouane pas d’une dette critique à l’égard des anciens. Fut-ce (les luttes émancipatrices) du prolétariat.

Voici tracée à grands traits l’analyse de ’l’humain d’abord’, d’un point de vue éthique. Quand j’aborde ces propositions avec des jeunes en formation ils les entendent et s’y retrouvent. Pourquoi le discours politique hésite-t-il devant l’obstacle du dire l’éthique ? Aller y voir nous oblige à un travail d’analyse(s) et d’énonciation inédits. Lever les résistances, se confronter à la question de l’éthique donc de l’inconscient, n’est pas une mince affaire, y compris pour les militants, les dirigeants. ’L’humain d’abord’ est à ce prix : quitter le registre du mot d’ordre incantatoire pour aller à la rencontre du réel, comme ’rapport terrible’ du sujet à lui-même.

" J’ai appris que notre Vieux monde est régi par l’Autorité, comme le Nouveau par le Dollar... " (Lettre de S.Freud à W.Fliess, 11 Mars 1902)

(1) . Lévinas, E ; " Du sacré au saint ", Les éditions de minuit, Paris, 1977 (2) . Freud, S ; " Lettres à Wilhelm Fliess ", P.UF, Paris, 2006


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