POURQUOI JE VOTERAI MÉLENCHON

jeudi 13 avril 2017
par  Jacques-Robert Simon
popularité : 1%

Je voterai pour M. Jean-Luc Mélenchon aux élections présidentielles d’Avril-(Mai) 2017. J’assume parfaitement que le ressort ultime de mon choix est de l’ordre de l’émotion, de l’affectif, de l’impalpable. Malgré tout, ce choix a suivi une analyse rationnelle, autant que possible, lucide et sans partialité, qu’il est peut-être utile de mettre à disposition.

Les manœuvres politiciennes m’insupportent au plus haut point : faire tout, même le pire, pour être élu, être capable de mentir sciemment aux gens que l’on est censé représenter pour assumer un pouvoir, s’aider de citations de sociologues éminents sur l’éthique de conviction, l’éthique de responsabilité pour tromper les électeurs que l’on a la responsabilité d’éclairer… confine à l’abject. Ce n’est pas les Français et encore moins le Peuple que ces « habiles » aiment, c’est le pouvoir. Dans ce chapitre, même si cela insupporte M. Mélenchon, M. Mitterrand était le plus retors : récipiendaire de la francisque (N° 2202), il avait su gouverner avec le Parti Communiste Français avec le seul objectif de l’éliminer. M. F. Hollande a tenté, dans une moindre mesure, de suivre des recettes qualifiées de socialistes : éliminer sa gauche pour faire comme la droite. La finance n’a jamais été l’ennemi de M. Hollande, d’ailleurs tout homme politique devrait l’admettre, il n’est pas possible de l’ignorer car chaque fragment de notre société en est imbibé. Cependant, il est possible de tenter de la réguler, de la discipliner pour lutter contre ses accès de fièvre qui frôlent le délire. Oui, la gauche peut faire maintes choses si elle en a le courage, mais pas en mentant cyniquement à une foule de gens qui n’ont pas tous le temps de se plonger dans les délices des comptes publics. M. Macron est le double qui se veut rajeuni de M. Hollande et il présente l’avantage de ne pas cacher sa non-répulsion pour le monde des affaires. Il place l’ambiguïté ailleurs, en se mettant nulle part. Il espère garder ainsi une fraction de l’électorat dit de gauche. Macron c’est Fillon, sans le savoir-faire de ce dernier.

M. François Fillon a essuyé tous les crachats que des bonnes âmes avaient probablement préparés de longue date. La justice tranchera en temps utile, elle aurait d’ailleurs dû trancher il y a longtemps. Son programme est celui d’un redressement national qui tend à faire confiance pour ce faire aux classes dominantes actuelles. Ce même programme demande des efforts considérables aux autres classes sociales en faisant l’hypothèse qu’il est nécessaire d’augmenter leur docilité pour être compétitif avec les autres pays européens et les autres pays du monde. Parmi les remèdes proposés, certains sont exacts : il faut lutter contre les déficits publics, il faut desserrer l’étau que représente la dette publique, il faut mettre au centre de tout la valeur travail… Mais il faut également que la moralité, qui fait partie des valeurs chrétiennes essentielles, soit au cœur des transactions, des négociations entre individus. Et ceci est une parfaite utopie : attendre de gens qui délocalisent leurs avoirs fiscaux dès que l’ombre d’un prélèvement menace, une quelconque moralité est illusoire. La classe bourgeoise n’est plus, depuis longtemps, assez chrétienne pour cela. Bien que M. Fillon soit humainement l’homme de la situation, bien que son programme soit le plus abouti, il ne peut pas être une option raisonnable pour un vote sensé.

Immigration, racisme, xénophobie : ce sont les thèmes qu’emprunterait Marine Le Pen. En préalable, qu’est-ce qui différencie le plus brutalement deux individus : leur niveau de fortune ou leur race (si on trouve une définition convenable pour celle-ci) ? Personne n’a noté de problème lorsqu’un riche émir emménage près du Pont de Neuilly malgré la différence de culture. Par contre, la présence d’éléments exogènes en nombre au sein d’un milieu prolétaire conduit presque inévitablement à des heurts voire à un rejet. Quel que soit le modèle économique proposé, il est acquis qu’un apport d’immigrés trop important conduit à déstabiliser ceux qui sont déjà dans les situations les plus instables. Cet apport conduit également inévitablement à déconstruire plus ou moins complètement les systèmes sociaux de protection conçus dans un cadre donné et non inclusif. Il peut être avancé, par simplisme, mauvaise foi ou intérêt, que la classe populaire en banlieue est infiniment plus raciste qu’en centre ville. Il n’est pas nécessaire de retenir cette hypothèse. Un autre aspect programmatique de Mme Le Pen : la Patrie. Il n’y a aucune honte à revendiquer son appartenance à une patrie. La démocratie Athénienne, réservée à quelques uns, a pu être étendue à plusieurs dizaines de millions d’individus grâce à la démocratie représentative incluse dans une nation respectée par tous, riches et pauvres. À ma connaissance aucun lien de substitution crédible n’a encore été proposé.

Le meilleur moyen d’éviter des transferts de population c’est de faire en sorte que personne ne doive partir par obligation : les coopérations scientifiques et techniques, l’industrialisation des zones désertiques, la maîtrise des problèmes de santé en Afrique représentent les axes à explorer. Mais l’approche mercantiliste est parfaitement inapte à conduire à des résultats satisfaisants dans ces domaines. Et Mme Le Pen n’entend en rien changer l’ordre du monde économique et financier, elle souhaite seulement asservir le peuple avec de nouveaux maîtres qui seraient à ses ordres.

Il ne reste donc finalement que Jean-Luc Mélenchon pour me convaincre d’aller voter. La proposition de planification écologique m’a paru comme l’essentiel de son programme. Une pure économie de marché ne songe qu’à faire consommer davantage des produits de qualité douteuse ou mauvaise. Un futur conforme à un respect écologique de la planète cherchera tout au contraire à instiller qualité et sobriété dans les esprits. Un futur raisonnable doit être basé sur le respect des différences et la coopération. Le mercantilisme propose la loi du plus retors comme règle de vie. Un futur raisonnable doit être basé sur la science et la raison. Les marchands proposent l’esbroufe et des mondes virtuels vides de sens et de morale.

Je voterai Mélenchon mais abandonner la filière nucléaire pour satisfaire des marqueurs électoraux d’une poignée d’écologistes relèverait d’un suicide pour notre pays.


Commentaires

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mardi 18 avril 2017 à 15h43 - par  Jean-Luc Gonneau

Bon choix,Jacques, mais je comprends mal ta compassion, certes chrétienne, pour Fillon. Ce type est dangereux, presque aussi xénophobe que M.Le Pen, encore plus antisocial. Quant à la dette, c’est important certes, mais on ne saurait en faire l’alpha et l’omega d’une politique. Et même sur ce plan,Fillon premier ministre n’a rien fait. Tout ceci bien amicalement

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