QUAND MARIZA ELECTRISE LE PUBLIC DU PALAIS DES CONGRES

mardi 23 mai 2017
par  Jean-Luc Gonneau
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Quand nous avons rencontré Mariza, à peine une heure avant son entrée en scène, habillée avec simplicité et confort, nous avons trouvé une jeune femme disponible, calmement enjouée, n’hésitant pas à développer sa vision du fado et de sa carrière, insistant sur sa volonté de transmettre ses émotions, justifiant dans son parcours ses allées et venues et ses fusions entre fado traditionnel (titre de son avant dernier album) et musiques du monde, dont le fado (Mundo est le titre de son dernier album) parfois avec humour : bref extrait de notre dialogue,
-  Après Mundo, ce sera quoi, fado traditionnel à nouveau
-  (sourire) Après Mundo, ce sera Amor
-  Amor traditionnel ou Amor mondial ?
-  (éclat de rire) Les deux, nous travaillons sur ce projet, dans lequel s’implique aussi Jorge Fernando, qui fut mon premier producteur…

Une Mariza étonnamment sereine juste avant d’arriver devant les 3700 spectateurs, salle complète, robe lamée argent qu’elle changera pour le rouge. Et une sérénité qui contrastait avec la folle énergie déployée tout au long d’un concert, accompagnée par les mêmes musiciens qu’il y a deux ans au Grand Rex (José Manuel Neto, cador de la guitare portugaise, le très flamenquiste Pedro Joia à la guitare classique, l’impavide angolais Fernando Araujo à la guitare basse, et Hugo Marques aux percussions). Autant le concert du Grand Rex avait pu laisser un goût d’inachevé (l’album Mundo venait de sortir et l’ensemble n’ét ait pas tout à fait rôdé), autant celui-là fut remarquable debout en bout, certes articulé autour des moments forts de Mundo (Maldição, Sem ti, Caprichosa, qui est une « fadisation » d’un tango chanté naguère par le grand Carlos Gardel, Padoce do ceu azul, réminiscence africaine au rythme de morna, Melhor de mim…) mais alternés avec des « classiques » du répertoire de Mariza, comme le toujours ébouriffant Gente de minha terra, le très profond Fadista louco chanté a capella, Chuva, où Mariza et l’arrangement musical dynamisent la mélodie (un peu mièvre) de Jorge Fernando et en font une re-création prenante, Barco negro ou encore le très populaire Rosa branca.

Mariza réussit à allier une maîtrise très « show biz » (complicités fréquentes avec le public qui peut parfois aller un peu trop loin, comme avec l’interminable appel, cela dit entendu, au public pour lui faire chanter quelques mots du Padoce, longue promenade dans l’immense salle tandis que les guitaristes continuent à jouer le Gente da minha terra) et une émotion non feinte lorsque qu’elle interprète tel fado de façon poignante ou lorsqu’elle sent le public répondre au don qu’elle lui fait. Car bien au-delà des quelques facilités citées plus haut, Mariza respecte au plus haut point son public et se donne sans compter. Ajoutez ses moyens vocaux exceptionnels (mais elle n’aurait peut être pas du chanter ce fado traditionnel sans micros pour elle et ses musiciens : ce qui passa fort bien dans l’acoustique sophistiquée de la salle Pleyel voici quelques années se perdit un peu dans l’immense palais des Congrès à l’acoustique plus sommaire) , sa maîtrise rythmique hors pair qui lui permet de se démarquer de se libérer des contraintes métriques des textes pour leur donner toutes leurs couleurs : Mariza est une grande, très grande chanteuse de fado, qui s’inscrit déjà dans la légende du genre, et une grande artiste tout court.


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