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TRIBUNE : MACRON : LE « CONFUSIONISME » DE L’ILLUSION

mardi 23 mai 2017
par  Allain Graux
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« Les mots sont mystificateurs, les intentions toujours masquées » (Maximilien de Robespierre)

Le gouvernement provisoire nommé par le nouveau président de la République, rassemble – autour d’un premier ministre issu de la droite (Les Républicains) – des jeunes soudards de cette droite libérale, des anciens ministres et des personnalités de la droite d’une gauche non moins libérale, des personnalités dites civiles, expertes ou techniciennes, qui sont également des représentants du courant néo-libéral. Dans un tel aéropage, Nicolas Hulot ne peut-être qu’une caution destinée à masquer les orientations réactionnaires, autoritaires et de casse sociale de la REM (République en Marche). Emmanuel Macron n’a reçu de soutien que de 18 % des inscrits au premier tour de l’élection présidentielle et il a été élu au deuxième tour par une minorité de français : 42 % des inscrits dont beaucoup n’adhéraient pas à son programme mais ont utilisé ce vote pour faire barrage au Front national

Un gouvernement de droite

Pourtant, ce gouvernement penche sérieusement à droite, car il s’agit pour le successeur et continuateur de Hollande, de mener la politique ordo-libérale en vigueur dans l’Union Européenne. Elle est assurée par des coalitions droite/social–démocrates dans nombre de pays, en Allemagne, Autriche, Pays-Bas, Italie. En France, du fait des institutions gaulliennes de la Vème République, cette coalition prend une forme particulière, mais ce n‘est rien d‘autre qu’un alignement sur cette forme de gouvernance pour accommoder l’exploitation globalisée qui domine le monde capitaliste. Les ministres comme les candidats choisis par l’équipe présidentielle, ne reflètent en rien la diversité sociale française, tant sociologique qu’idéologique, ils sont issus des classes les plus favorisées qui bénéficient des miettes d’un système au service des grands groupes dominants. On ne trouve aucune trace d’un chômeur ou d’un ouvrier parmi eux. Les classes populaires représentent pourtant 55 % de notre population, majoritairement victimes du chômage de masse provoqué par le financiarisation de l’économie et les délocalisations.

La « société civile » de LREM, parti présidentiel qui se veut « central » dans la vie politique, est surtout constituée de chefs d’entreprise, médecins, avocats, cadres du privé ou collaborateurs d’élus. On n’y trouve a priori aucun ouvrier, et seulement une toute petite poignée d’employés. La « République en marche » est celle des CSP+, des cadres dynamiques, des notables locaux. Un monde de gens qui vont plutôt bien, voire très bien, à l’image du noyau des électeurs d’Emmanuel Macron. La liste compte d’abord un nombre considérable de chefs d’entreprise, PDG, créateurs de start-up, patrons de TPE/PME. Au total, d’après nos calculs, c’est de loin le plus gros contingent. Ils sont au moins une soixantaine, soit un peu moins d’un tiers des candidats estampillés « société civile... On dénombre aussi une soixantaine de cadres du privé, chargés de communication, chefs de projet, responsables des ressources humaines, commerciaux, etc. Ainsi qu’une dizaine de consultants en tout genre (stratégie, management, etc.), des experts en communication et plusieurs “coachs”... Autres contingents fournis, ceux des médecins et des avocats... Nous n’avons ainsi repéré aucun actif ouvrier dans cette liste. Et à notre connaissance, très peu d’employés . (1)

Le renouvellement politique tant vanté ne se traduit pas en termes de classes sociales. S’y ajoutent pour les postes régaliens, essentiels, des professionnels de la politique qui ne sont pas des perdreaux de l’année, comme François Bayrou ou Bruno Lemaire et même le premier ministre, sans compter Le Drian. Il s’agit donc d’une illusion de changement de personnel comme de politique.

Un programme de droite

Avec les élections législatives, il s’agit de mettre en œuvre des projets présidentiels dans la continuité de ce qu’avait fait le ministre de l’économie de François Hollande et que les Français avaient rejeté. La nouvelle réforme du code du travail, sous prétexte de flexibilité, va surtout accroître la précarisation des travailleurs. Elle serait décidée par ordonnance dès cet été, pour achever de casser la protection des salariés. Le MEDEF ne s’y est pas trompé en acclamant le programme macroniste, il souhaite qu’Emmanuel Macron obtienne une majorité aux élections législatives pour réformer le Code du travail, a déclaré Thibault Lanxade, son vice-président : « Il faut aller vite. Il faut qu’il ait l’entièreté des moyens, a-t-il déclaré. Il faut qu’il ait une majorité pour pouvoir faire en sorte que ses ordonnances puissent passer. »

La hausse de la CSG va amputer les pensions des retraités au-delà de 1200€ mensuels (920 € pour un couple). Les coupes sombres dans les effectifs des fonctionnaires, alors que nos hôpitaux manquent cruellement d’infirmières et de personnels de santé, sont destinées à préparer de futures privatisations dans les services de santé comme de l’éducation, sous le prétexte d’une incapacité ou de déficiences publiques qui auront été sciemment organisées.

Il faut empêcher les risques de privatisation commerciale rampante de l’éducation, de prolonger davantage le gouffre financier du nucléaire et des risques de catastrophe avec le prolongement de la durée de vie des centrales. Il faut empêcher les accords CETA et TAFTA qui promettent de nouvelles crises pour nos agriculteurs. Il faut rompre avec l’enchaînement à l’OTAN sous domination Etatsunienne et donc à Trump avec une Europe de la défense qui lui serait inféodée. La Défense est l’exercice suprême de la souveraineté du peuple, de la Nation, elle ne peut-être que nationale. A la confrontation, préférons la coopération et des alliances respectant l’indépendance de chacun.

Il faut une véritable alternative

L’opposition à ces désastreux projets, l’alternative se jouera entre la droite-extrême qui est en perspective de recomposition entre le FN ou partie et la fraction Wauquiez des « Républicains », ou la France insoumise. En effet, les écologistes sont éparpillés et EELV est proche de l’extinction tout comme le PCF, le PS est en voie de « pasokisation » et tout aussi divisé. Dans ce contexte, la FI apparaît, d’une manière originale, comme la possibilité d’un grand mouvement populaire de masse, une force nouvelle et moderne de recomposition, au-delà de la classique « unité de la gauche », partisane et traditionnelle, éclatée, pervertie et déconsidérée, achevée par le quinquennat hollandiste. Ceux qui s’époumonent pour appeler à un retour à ce schéma classique, n’ont rien compris à ce qui se passe dans la société, à ses changements profonds, illustrés par les deux grands mouvements qui ont émergé du scrutin présidentiel. Il faut cependant bien déchiffrer ce que représente chacune des forces en présence, du Progrès ou de la Réaction.

La FI est un mouvement qui dépasse le vieux visage du parti d’avant-garde de la classe ouvrière, allié à la réformiste social-démocratie, pour être la Force du salariat et de toutes les couches sociales exploitées par une minorité toujours plus étroite d’exploiteurs mondialisés ou à leur service. Dans ce contexte, l’extrême-droite sert de repoussoir pour masquer les véritables objectifs de démantèlement des systèmes de protection sociale des sociétés avancées, obtenus par plus d’un siècle de luttes. Le capitalisme est aujourd’hui confronté à une redistribution de la répartition de la plus-value dont les bourgeoisies des pays en émergence s’octroient une part grandissante. Les classes ouvrières et populaires, en paient les conséquences, privées des miettes du profit colonialiste dont elles bénéficiaient en partie. C’est le sens de la remise en cause de leurs systèmes de protection sociale et du chômage de masse qu’elles subissent.

La FI est la seule force d’opposition qui reste en mesure et en capacité de s’opposer à ce programme nuisible, la seule force qui propose une alternative immédiate aux crises sociales, écologiques et démocratiques pour un avenir en commun qui rassemble au-delà des combines partisanes des droites et de la « gauche sociale-démocrate » déconsidérée en France comme partout en Europe. La FI est la seule force en mesure de s’opposer à la progression de la droite-extrême et du FN comme elle a commencé de le faire lors des scrutins présidentielles.

Les ennemis du peuple, cependant se découvrent et apparaissent dans leur nudité crue. Le « dégagisme » n’est pas achevé avec la présidentielle, cette élection n’en a été que le prélude qu’il convient de poursuivre par les législatives en choisissant la seule alternative souhaitable : celle d’avenir en commun. Pour ce faire, par son action, chaque citoyenne, chaque citoyen est une sentinelle de nos libertés pour donner la vertu à notre représentation et pour passer à la prochaine étape : l’Assemblée Constituante pour la VIème République.

(1) 1La « société civile » de Macron, des gens qui vont bien - Médiapart- 16 mai 2017 Par Lucie Delaporte, Christophe Gueugneau, Michaël Hajdenberg, Donatien Huet, Mathieu Magnaudeix et Faïza Zerouala

Le blog d’Allain Graux : http://allaingraux.over-blog.com


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