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LA REUSSITE OU RIEN, C’EST ÇA, LA « PENSEE COMPLEXE » PRESIDENTIELLE ?

mardi 11 juillet 2017
par  Jean-Luc Gonneau
popularité : 9%

La presse en a parlé un peu, modérément. Le député ultramarin Jean-Hugues Ratenon, apparenté à la France Insoumise, et qui était voici quelques mois au RSA s’est indigné, soutenu par ses petits camarades. De quoi s’agit-il ? D’une péroraison du président de la République devant une assemblée de « start uppers », un public qu’il adore, hier à Las Vegas, cette fois à Paris. Le raout ayant lieu dans un ancien dépôt SNCF, le président fila une métaphore ferroviaire : « une gare c’est un lieu où l’on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien ». Jean-Hugues Ratenon connaît ses classiques (il paraît que le président aussi, mais pas les mêmes) et conclut son indignation en reprenant le dernier vers du premier couplet de l’Internationale, du regretté, depuis longtemps, Eugène Potier, communard condamné à mort mais qui en réchappa, poète, goguettier : « Nous ne sommes rien, soyons tout ». Bien envoyé, Jean-Hugues !

Dans le genre, le président est un récidiviste. On se souvient de ses saillies pleines d’humour à propos des ouvrières « illettrées » d’une entreprise bretonne, de « l’alcoolisme et du tabagisme qui se sont peu à peu installés dans le bassin minier » lors d’un voyage dans les Hauts de France, ou encore de son fameux « le meilleur moyen pour se paye un costard, c’est de travailler », pour river leur clou à des syndicalistes de Lunel qui avaient l’outrecuidance de se plaindre de la dureté des temps. Une telle constance, qui force l’irrespect, ne saurait s’expliquer par un alibi, même douteux du genre de celui qu’avancèrent d’aucuns pour expliquer le dérapage de Jacques Chirac sur le bruit et les odeurs des immigrés, qui aurait été la conséquence d’un léger surdosage de Corona. Pas de ça chez Macron, juste une timide excuse au sujet des « illettrées ». Mais il n’était alors « que » ministre. Pas encore candidat, comme à Lunel, ni président. Un jupitérien, ça ne s’excuse pas.

Ce que ces propos indiquent, c’est bien, sinon un projet, ou pas encore, une vision de la société. La réussite comme critère. Et pas n’importe quelle réussite, celle qui est sanctionnée par l’argent et le pouvoir qu’il donne, notamment celui de choisir. Il me souvient d’un joli texte de Françoise Bouillé qui s’intitulait « Pas le choix » et qui parlait avec délicatesse de celles et ceux qui, effectivement, n’étaient pas en situation de choisir, une fois payés le loyer, la nourriture de la famille, tout juste les vêtements nécessaires avec souvent la hantise des fins de mois difficiles, et qui sont la grande majorité de la population mondiale, et des millions dans notre pays. Du Zola, ça ? Non, le quotidien de nombre de concitoyens. Et dans les gares, l’immense majorité de ceux qui ne sont rien viennent y prendre un train pour aller au boulot. Des boulots de rien, puisque beaucoup n’ont pas de costard. Un premier signe de réussite serait, selon Jupiter, le « costard » ? Remarquons qu’il y a un progrès social par rapport à ce que disait jadis Jacques Séguéla, pour qui l’emblème de la réussite était la Rolex.

Cette obsession de la réussite individuelle, mal dissimulée derrière l’affirmation fantaisiste que la réussite des « meilleurs » fait ruisseler la richesse vers tout le monde ou presque, ce qui est constamment contredit par les faits (bel exemple de « fake », comme on dit maintenant) rappelle un trait permanent du « rêve américain » : chacun peut réussir (comprendre : devenir riche) s’il travaille dur. Ben non, tout le monde ne peut pas réussir, même en travaillant dur. Ce tropisme états-unien du président, on le constate aussi dans d’autres domaines, anecdotique avec son souci de donner un statut à la « first lady » française, plus préoccupant avec l’invitation à Paris pour la fête nationale de Donald Trump. Enfin quoi, après le serrage de pinces lors du sommet de l’OTAN, les amabilités prodiguées par notre président à l’américain, qui paraissait s’en contreficher au G20, les revoilà encore ensemble le 14 juillet ? Un genre de Laurel et Hardy en beaucoup moins rigolo. S’afficher aussi souvent avec un type aussi peu recommandable, ça pose question !


Commentaires

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mardi 25 juillet 2017 à 15h43 - par  SIMON

Je crains que le mépris des "gens qui ne sont rien" soit devenu à la mode, au point d’être majoritaire dans l’opinion dans presque tous les pays occidentaux. Bien sûr il a toujours existé mais il était malséant de l’afficher. Et puis il faut bien trouver des responsables à l’impasse de société actuelle : autant accuser ceux qui n’y sont pour rien.

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