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VENEZUELA, ON SE CALME

jeudi 7 septembre 2017
par  Sylvain Ethiré
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La situation au Venezuela suscite de légitimes inquiétudes. Bon. Mais déchaine aussi des passions, parfois sincères, souvent malsaines, et des prises de positions où l’outrance domine, que ce soit parmi les zélateurs de Maduro ou ceux de ses opposants. Cette fièvre a envahi la presse internationale, très majoritairement en faveur de l’opposition, et les responsables politiques des pays occidentaux, Trump en première ligne, Macron pas loin derrière. Concernant la presse de notre pays, le sommet dans l’absence de nuance est probablement le journaliste du Monde Paulo Paranagua, qui fut dans sa jeunesse, voila presque un demi siècle un actif militant de gauche, et qui voue depuis l’arrivée de Hugo Chaves une haine inexpiable (les frangins Castro n’ont guère été mieux traités par M. Paranagua, qui a aussi multiplié les suspicions envers le pouvoir bolivien dès l’investiture d’Evo Morales). La méthode, amplement reprise par ses confrères : repérer la moindre erreur commise par Chavez (il y en eut) puis Maduro (il y en a aussi, et plus), leur donner une importance démesurée, en inventer d’autres, rechercher les moindres défauts ou contester les mesures qui peuvent être mises au crédit du régime (il y en eut, et pas qu’un peu), et surtout faire l’impasse sur les défauts ou les turpitudes de l’opposition (ce qui ne manque ô combien pas).

De l’autre côté, davantage présent dans les réseaux sociaux et les médias alternatifs que dans la presse grand public (un seul quotidien défend le régime bolivarien, L’Humanité), on retrouve trop souvent le même genre de dérives : haro sur l’opposition, englobée dans le même sac que l’extrême droite, et silence radio sur les échecs du gouvernement.

Difficile pour le citoyen curieux (et de gauche) de se faire une opinion. D’autant que les politiciens s’en mêlent, et pas qu’un peu. Trump au premier chef, qui dénonce la dictature du régime et menace d’y envoyer l’armée (on le comprend, il semble que la CIA, déjà très présente sur place, pétrole oblige, n’y suffise pas). Macron reprend le mot et, syndrome de premier de la classe oblige, est le premier dirigeant européen à recevoir une délégation d’opposants à Maduro. Marrant, ça. Des opposants à une « dictature » autorisés à aller se balader à l’étranger ? On connait peu ce genre de choses. Dis-donc, Maduro, sauf ton respect, pour un dictateur, tu bandes un peu mou, là. En tôle, tes opposants, qu’ils devraient être, et pas un avec un passeport. Macron, au passage, n’a pas reçu à ce jour, et ce ne semble pas être demain la veille, d’opposants aux régimes, au hasard mais pas tout à fait, d’Arabie saoudite, des Emirats divers et variés, de la Turquie. Pas des dictatures ? Arrête ton char, Sylvain, c’est pas pareil, la-bas, la démocratie, c’est pas dans leur culture. Ah bon, c’est pour ça que notre Manu ne reçoit pas leurs opposants ? Mais non, Sylvain, tu sais bien pourquoi : le fric du Qatar, les Mirages et les chars Leclerc, les migrants que retient la Turquie, tout ça, quoi. Je commence à comprendre la différence entre une « bonne » dictature et une « mauvaise » dictature. De plus, comme on l’a vu, comme « dictateur », Maduro est plutôt mou du genou.

Revenons aux écrits disponibles. Si on exclut ceux à sens unique déjà évoqués, la moisson est plutôt rare. Relevons toutefois les articles dans Libération de l’historien spécialiste de l’Amérique latine Olivier Compagnon, qui s’insurge d’une comparaison entre Pinochet et Chavez ou Maduro, tout en s’inquiétant vivement des dérives institutionnelles récentes de Maduro. Et la longue analyse du journaliste, Maurice Lemoine, ancien du Monde diplomatique, qui défend la révolution bolivarienne sans rien cacher de ses erreurs et montre que l’opposition n’est pas l’assemblée de bisounours injustement persécutée que voudraient nous faire avaler la majorité de la presse et les Trump et Macron que nous venons d’épingler. Au fait, Trump, dis-donc, les précédents présidents de ton pays n’ont jamais parlé de dictatures à propos des régimes militaires chiliens, argentins, brésiliens, paraguayens et on en passe. Un oubli, sans doute. Bon, garçon, un autre diplomatico siouplait.


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