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GAUCHE RADICALE ? NON, GAUCHE TOUT COURT, PEUPLE INCLUS.

vendredi 8 septembre 2017
par  Jean-Luc Gonneau
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Comme souvent, le mois d’août français fut amorphe, tandis que Donald Trump et Kim Jong-Un, les deux seuls chefs d’état capables de rivaliser avec les footballeurs dans la catégorie fantaisie capillaire, amusaient la galerie internationale dans un concours de qui a la plus grosse. Et « en même temps », comme souvent pendant la torpeur aoûtienne, de sombres projets se manigançaient dans les officines gouvernementales. Nous ne connaissons qu’une seule exception à cette tradition : le mois d’août 2012, pendant lequel, tout à la joie de son élection, François Hollande ne fit strictement rien. Mais ne prenons pas cela comme une tentative de début de réhabilitation de l’ex-président.

Mi-août, le journal Le Monde, ancien « quotidien de référence » rendait compte, non sans s’en inquiéter un brin, de la tendance au reflux, dans une partie de l’Europe, de la social-démocratie, assimilée dans les articles à la « gauche de gouvernement » face à la montée de la « gauche radicale ».Le choix de l’adjectif, quand bien même il est repris, parfois avec fierté, par des militants et des animateurs de cette gauche-là, n’est pas anodin. D’une part parce « radical », comme une bonne partie de la terminologie politique, recouvre des options bien différentes, ainsi survit en France (et davantage en Argentine) un Parti radical qui a bien peu en commun avec la « gauche de gauche », autre terminologie discutable, quoique moins imparfaite que « gauche radicale ». D’autre part parce que, pour les journalistes des medias mainstream, le terme radical, et l’opposition avec gauche de gouvernement, induit que justement, cette gauche radicale est vouée à ne jamais gouverner, éternelle opposante. Et que si elle y parvient par les urnes, elle rentre rapidement dans le rang (Mitterrand en 1983, Tsipras en 2015 au bout de quelques mois, ou comment généraliser à partir de deux exemples seulement).

Ce qu’ils appellent la « gauche radicale », c’est-à-dire un éventail politique incluant la France insoumise, le Parti Communiste, la frange de gauche des écologistes et du Parti Socialistes, et d’autres formations ou groupes plus confidentiels, c’est pour nous la gauche, tout simplement. Elle a certes des racines différentes, communistes, socialistes, écologistes, des divergences (sur l’Europe notamment), mais un corpus commun solide. Et n’en déplaise à beaucoup, elle a vocation à gouverner. Ce que manqua de peu, tous comptes faits, Jean-Luc Mélenchon au printemps dernier. Il eut fallu pour ça que Benoît Hamon saborde sa campagne pendant le naufrage. Le prix à payer en interne au Parti Socialiste eut été lourd, mais moins sans doute que celui qu’il paye aujourd’hui.

La gauche a donc vocation à gouverner. Son principal leader, Jean-Luc Mélenchon, en appelle au peuple plus qu’à la gauche. On comprend l’argument : une partie non négligeable des classes populaires, autrefois attachée à la gauche, l’a quittée soit pour se réfugier dans l’abstention, soit en cédant aux sirènes protestataires de l’extrême-droite. En admettant voici vingt ans la prééminence du marché dans l’économie, la dérive du Parti Socialiste d’une forme initiale de social-démocratie vers un social-libéralisme clairement assumé par François Hollande et parachevé par le ralliement d’une partie de ses membres à Emmanuel Macron, mais aussi la lente décroissance du Parti Communiste, où le poids de l’appareil, soucieux avant tout de son maintien, a étouffé peu à peu sa capacité d’initiative, ont été des facteurs déterminants de la désaffection d’un électorat que les deux principaux partis classés à gauche ont trop longtemps pensé captif : pas besoin de trop les prendre en compte puisque, hein, ils voteront toujours pour nous. Puis est venu le jour où macache, plus de vote. En appeler au peuple et prendre en compte avec des propositions concrètes l’expression de ses besoins (travail, salaire, logement, santé…), comme le fait Mélenchon, c’est redonner du corps à la gauche avec un programme de gauche. Ni radicale ni je ne sais quoi, de gauche.

On pourra cependant reprocher à la France insoumise sa vision inclusive de la convergence politique, voire l’arrogance ou condescendance de certains de ses dirigeants vis-à-vis d’autres forces de gauche. Nous savons que la politique est aussi un art du rapport de forces. L’oublier serait d’une coupable naïveté. Il n’empêche. Qu’il soit souhaitable, nécessaire même, de confirmer la prééminence de la « gauche de gauche » sur la social-démocratie (pas le social-libéralisme, qui n’est pas de gauche), convenons-en. Que la social-démocratie soit un corpus politique cohérent, respectable, et qui garde des défenseurs, c’est un fait. Que son appui soit probablement nécessaire pour un gouvernement de gauche est une hypothèse réaliste. Ne pas confondre allégeance et alliance. Ni l’une ni l’autre ne préserve de futures traîtrises. Mais l’allégeance est féodale et l’alliance un peu plus démocratique, si ? Cela bien sur sans tomber dans la tambouille honnie par Mélenchon.


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