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TRIBUNE : PRESIDENT HOLOGRAMME

mercredi 18 octobre 2017
par  Jean-Pierre Lefebvre
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Le Monde du 6/10 analyse quelques ouvrages traitant du phénomène Macron, évoquant Machiavel, De Gaulle ou Waldeck-Rousseau, une révolution, un grand chambardement. Comment peuvent-ils à ce point négliger l’essentiel, cette impression de phlogistique, d’inconsistance totale que laisse derrière lui malgré le - relatif - savoir-faire médiatique de son matelas de conseillers, ce président largement virtuel, incarnant à merveille la société du spectacle de Guy Debord, mis à part la vulgarité de sa haine de classe, preuves publiques d’inconditionnalité capitaliste donnée à ses patrons. Je propose une autre clé de lecture. Dis-moi qui t’a fait ?

Le peuple citoyen a été cruellement trompé par Mitterrand puis Hollande et autre éléphanteaux baudruches, jusqu’à la CFDT qui laisse faire le démantèlement d’un siècle de conquêtes sociales, en échange d’une retraite dorée pour son secrétaire. La gauche de gouvernement n’a rien donné que cette même capitulation séculaire devant les intérêts des possédants. La compromission historique entre le CAC40 et l’ENA se poursuit simplement en plus cynique. Pour plus de sécurité, le nouvel acteur cette fois a fait ses classes chez Rothschild puis à l’Elysée. Son ascension ne tient pas tant à ses talents de Rastignac, à « son destin national » supposé, qu’au choix cynique d’une poignée d’oligarques et de hauts fonctionnaires, interchangeables, Minc, Pigasse, Attali, Jouyet et les autres qui distribuent le fric et manipulent comme propriétaires médias et instituts de sondage. Ils exigent des vedettes politiques, une fois leur fidélité assurée, le talent requis des bons interprètes sur petit écran, l‘armée des scribes de l’ENA garantissant le conformisme des discours et décisions. Ils ont - de justesse - réussi, une fois plus, en 2016 à détourner à leur profit la volonté populaire de démocratie directe et de changement, quand ils démontrent chaque jour leur incapacité de classe sinon à piller la richesse nationale du moins à faire jeu égal avec les oligarchies voisines pour moderniser notre industrie : construction navale, Lafarge, Alsthom, Gondrange, Nioka,…, l’effondrement industriel et technologique de l’hexagone ne cesse plus de signaler haut et fort que leur temps est forclos.

Après les meilleurs marxistes, Piketty a démontré imparablement d’où vient tout le mal sociétal : succédant au dynamisme incontestable des deux dernier siècles, l’accumulation exponentielle, financière, foncière, totalement parasitaire, des 1 % ne peut désormais mener qu’à la catastrophe finale, en concurrence avec les autres sécrétions délétères du marché « libre et sans contrainte » : pollution, pillage du monde, régression intellectuelle, guerres voire disparition du travail sous l’avancée numérique.

L’issue stratégique est donc clairement indiquée : le socialisme autogestionnaire qui garantirait enfin une véritable propriété collective des moyens de production, nulle part encore essayée, la RTT, l’écologie, une éducation nationale à la rationalité, une ville vivable, enfin, car libérée du mercantilisme technocratique obtus. La gauche fut-elle radicale, en est toujours, malheureusement, à 1972, à son modèle brejnévien, post stalinien, selon lequel l’Etatisation serait le remède unique au parasitisme capitaliste. La Cour des Comptes a beau ressasser ses constats de déliquescence de l’Etat, son coût excessif (huit point de PIB de plus que les voisins !) et notre déficit frôler la catastrophe si les taux d’intérêts remontent, ce qu’on nous promet sous peu, cela reste la pierre de touche de ses discours politiques.

Macron mène sur l’essentiel la politique du pire avec sa théorie du ruissellement du capital sur les pauvres, leurre grossier alors qu’il explose les avantages sociaux conquis au siècle dernier. Il court à l’échec, son offensive contre la bureaucratie est inaudible car toute entière destinée à de nouveaux cadeaux à l’oligarchie. La question stratégique est que soit menée jusqu’au bout l’analyse rationnelle, en écartant les mythes et les comptes de m’amère Loi : quel système peut remplacer efficacement le logiciel hyperlibéral et obsolète ? Comment bâtir une solution économico-politique d’avenir qui tienne la route concrètement tout en emportant l’adhésion des salariés ? Tant que la critique libertaire d’une part, le réalisme économique d’autre part, n’auront pas été clairement assimilés et dépassés par la gauche radicale - naturellement après filtrage des excès de l’un et de l’autre - il n’est aucune issue politique fiable. Seule la démocratisation à l’intérieur de l’entreprise peut ouvrir un chemin nouveau, parallèlement à la dé-bureaucratisation de l’Etat. C’est toute l’ambiguïté de la cause Insoumise, au-delà des palinodies kafkaïennes des ci-devant grognards communistes qui n’en finissent pas de refuser leur résurrection miraculeusement mélenchonne !

Codétermination ? La fonctionnarisation de tout le salariat est une fausse solution aux méfaits du capital, pis que le mal, le XXe siècle l’a prouvé. Des voix post mai-soixante huitardes s’élèvent – Chevènement… – pour proposer la codétermination, terme pudique pour dire autogestion sans effaroucher le CAC 40 ! En effet, pourquoi l’Europe du Nord, certes solidement capitaliste et confrontée aux mêmes pressions mondialisées à la régression, s’en tire néanmoins tellement mieux que nous, chômage, garanties sociales, équilibre financier, démocratie libérale, écologie, dynamisme économique, qui dit mieux ? Certes pas le paradis mais dans ce monde vacillant, déjà pas si mal !

Ne serait-ce pas, au-delà des passés idéologiques différents, qu’ils ont mis tant bien que mal une dose d’autogestion, sans doute boiteuse - dans leur moteur capitaliste avec leur cogestion tout en contrôlant le danger de bureaucratisation étatique ? Cet essai prudent n’est-il pas une étape dont s’inspirer ici : partir du réel mais en avançant vers ce que la théorie suggère de meilleur, une économie libérée du parasitisme de l’accumulation sans fin mais qui garderait son efficience, grâce à un marché dynamique bien que contrôlé ? Et faire que l’Europe bouge en basculant sur la voie de ce socialisme là ? Autogestionnaire à terme. Le président hologramme pourrait s’en retourner vendre à la pâtisserie Trogneux ses délicieux macarons, les meilleurs d‘Amiens.


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