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LA FIN D’UNE ILLUSION ET D’UNE REVE POLITIQUE ?

Par Ruy Rodrigues Da Silva
mardi 22 février 2005
par  Ruy Rodrigues Da silva
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LA FIN D’UNE ILLUSION ET D’UNE REVE POLITIQUE ?

Par Ruy Rodrigues Da Silva

L’élection à la présidence de la république d’un émigré nordestin, d’origine familiale pauvre, sans diplôme universitaire, yant un passé syndical, puis politique reconnu aura interrompu et peut-être définitivement cassé un système de pouvoir traditionnel où seules les classes dominantes pouvaient accéder aux fonctions de représentation et de direction politiques. Cette classe dominante, les hommes d’affaires et beaucoup de politiciens, annonçaient la catastrophe : déficits budgétaire, de la balance des paiements, de la balance commerciale aggravés par les promesses d’une politique « irresponsable » où les préoccupations sociales et les objectifs de redistribution équitable des richesses conduiraient le pays à la faillite. L’inexpérience et l’incompétence, ainsi que les pressions prévisibles du parti du nouveau président et des classes populaires viendraient sans doute augmenter encore l’héritage d’une dette extérieure colossale et d’une trop faible croissance pendant trop longtemps.

Une politique économique « orthodoxe »

Dès son installation, le gouvernement de Lula a surpris aussi bien les prophètes de l’échec que ses alliés politiques. La politique économique « orthodoxe », rigoureusement fidèle aux exigences du modèle imposé par le FMI et la Banque Mondiale, exigeant la défense de la monnaie, des surplus fiscaux pour garantir le paiement de la dette, a agréablement surpris les hommes d’affaires brésiliens et internationaux, et déçu les leaders du Parti des Travailleurs et les alliés naturels du gouvernement. Après une longue période de stagnation, le Brésil renoue en 2004 avec la croissance (5,3% de hausse du PIB), permettant un solde positif de création de deux millions d’emplois et un excédent commercial de 30 milliards de dollars, surpassant ainsi les exigences du FMI.

Une situation sociale aggravée ?

La politique économique essentiellement monétaire et fiscale, porteuse de restrictions a donné des résultats décevants pour les alliés et les électeurs d’un gouvernement présidé par un homme du peuple. La réforme agraire est en deçà des objectifs quantitatifs promis : sur les 115 000 familles qui devaient en bénéficier, seules 66 000 ont obtenu une distribution de terres, aggravant les conflits et la violence. Dans les campements de Mouvement des Travailleurs sans Terre (MST), 120 000 familles attendent l’attribution d’une parcelle qui leur permettrait de sortir de la misère. L’insécurité dans les campagnes s’ajoute à celle observée dans les grandes métropoles São Paulo, Rio de Janeiro, Belo Horizonte...). 50980 homicides ont été enregistrés en 2003, et les chiffres de la violence urbaine sont en hausse pour 2004. Les indicateurs statistiques relatifs au programme social sont médiocres mais positifs. Le programme « Bourse famille » touche maintenant 6,5 millions de familles, soit trois fois plus qu’auparavant. Dans les domaines de la culture, des sciences et de la technologie, des progrès sont constatés, ce qui contraste avec la régression enregistrée sous le gouvernement précédent.

Une politique étrangère active

C’est surtout pour la politique extérieure que notre président-ouvrier est unanimement applaudi, même s’il y a des critiques sur la fréquence de ses déplacements à l’étranger, par lesquels il essaie de consolider et d’élargir aussi bien les échanges commerciaux que politiques et scientifiques. Avec la création du groupe dit G20, qui comprend notamment l’Afrique du Sud, la Chine, l’Inde, le Nigéria, et les négociations avec l’Union Européenne, le Brésil essaie de se prévenir non seulement de la polarisation de ses relations avec les Etats-Unis mais aussi de renforcer sa place et celle du Mercosur dans les instances internationales liées à l’ONU. En novembre dernier, le Brésil a reçu en deux semaines les présidents de la Chine, de la Corée du Sud, du Viet-Nam, de la Russie ainsi que le premier ministre du Canada et le roi du Maroc. Cet intérêt pour le Brésil est la conséquence directe de l’offensive diplomatique du président Lula.

Le bilan de Lula est donc, on le voit, contrasté, mais les résultats des élections municipales d’octobre dernier, qui ont vu globalement le PT progresser, et les plus récentes enquêtes d’opinion indiquent que l’espoir de la population n’est pas mort. Les rêves de changement pour une plus grande justice sociale et la réduction des privilèges des groupes dominants se poursuivent. La continuation des progrès déjà enregistrés, les réformes à venir de la justice et de la pratique politique leur donneront, on l’espère, corps.

Ruy Rodrigues Da Silva est ancien ministre des Etats de Goias et du Tocantins.


Commentaires

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vendredi 26 octobre 2007 à 22h51 - par  Darsonval

C’est navrant de porter en mésestime le président le plus aimé des français, encore 10 ans après sa disparition, alors que c’est lui qui avait sorti le pays de la féodalité. Comme en témoigne les efforts déployé par l’équipe actuelle pour faire disparaitre ses symboles de la retraite à 60 ans, entre autres, à travers le scandaleux et faux problème des régimes spéciaux qui n’est qu’un odieux prétexte. De même Lula a libéré le Brésil de l’étau libéral. Les grands propriétaires terriens ne voient pas de cet oeil des terres qu’ils convoitaient, distribuées à des gens qu’ils considérent pour moins que rien, contrairement à Lula qui en est issu. Son talon d’achile c’est d’ailleurs la complicité possible entre les grands propriétaires et la mafia qui entretiennent la violence et l’insécurité permanente pour le discriditer. Néanmoins, la confiance que le menu peuple lui a témoigné encore pour la seconde élection est là pour preuve que celui-ci lui est reconnaissant. Mais la tâche est immense dans un pays 16 fois plus grande que la France, où tout était monopolisé par les plus riches, au détriment des besoins du plus grand nombre, qu’il ne peut satisfaire tout le monde dès le premier mandat. Mais, il a pris la bonne direction pour lutter contre la pauvreté tout en renforçant l’économie du pays et nous lui faisons confiance. Un enfant du peuple ne peut être qu’un bon président. Lui au moins il connait son devoir d’élu du peuple, d’autres feraient bien de s’en inspirer.

samedi 26 février 2005 à 18h23

Lula c est comme Mitterand : beaucoup d espoirs tres vite decus, sauf pour le FMI et les financiers...
Le Bresil de Lula c´est les OGM, le Nucleaire, la misere, son airbus perso, encore plus d eucalyptus en monoculture, plus de croissance industrielle, plus de pollution, plus d inegalite, plus de violences...
Qu´est ce qui change ??

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