Carlos Do Carmo au Grand Rex : la leçon du maître.
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Pour les amateurs de fado qui viennent des alentours de Paris, un concert au Grand Rex un samedi soir, quand les possibilités de stationnement sont extrêmement limitées, quand d’autres sont à peine ou pas encore revenus de vacances, c’est une gageure difficile pour contribuer à remplir cette vaste salle. Les producteurs du concert de Carlos Do Carmo y sont toutefois parvenus en partie. Un public assez nombreux pour acclamer l’un des doyens du fado, celui sans doute, parmi les fadistes vivants, qui a apporté le plus à l’évolution du fado (et qui continue). Et les musiciens d’exception qui l’ont accompagné : José Manuel Neto à la guitare portugaise, Carlos Manuel Proença à la viola et Daniel « Didi » Pinto à la viola baixa. Un public où la proportion de français était plus faible que lors des concerts de ses jeunes collègues, Mariza, Ana Moura ou Antonio Zambujo, mieux servis par la presse exagonale, dont les « spécialistes » des musiques du monde connaissent mal, à quelques exceptions près, le fado, et encore moins son histoire, attirés plutôt par les lumières de la nouveauté, qu’ils ont raison, cela dit, de défendre aussi.
Carlos Do Carmo est, déjà, dans l’histoire du fado. Mais, ô combien, dans son présent. Malgré un rhume entêtant, il fait face ce samedi. Après une guitarrada de rêve (comme le fado parait couler de source quand on entend ça), Carlos paraît. Cela suffit presque, il fait partie de ces quelques artistes dont la présence prend au cœur le public. Son répertoire alterne avec sagacité anciens succès (Canoa, Julia Florista, Os Putos et l’inévitable Lisboa menina e moça) et thèmes plus récents. Un seul regret : qu’il ne reprenne pas au moins un des titres issu de l’album Um Homem na cidade (1977), qui ouvrit la voie au fado « moderne » tel qu’on l’entend aujourd’hui. Si la voix, ce soir là, est un peu voilée par le rhume, la chaleur demeure, le compasso est parfait. Et les textes de haute qualité. Car Carlos Do Carmo est probablement le plus littéraire, avec Misia et Aldina Duarte, des chanteurs de fado en activité. Il aura dans quelques semaines 78 ans. A chacune de ses visites à Paris, nous craignons que, fatigue de l’âge œuvrant, ce soit son dernier concert ici. Mais non, il nous l’a promis : « je vous dois un concert, sans rhume ». Même enrhumé, Carlos, vous êtes le boss du fado.
Une dernière pour la route ? Parlant du Portugal aux français présents : « C’est très compliqué, le Portugal. Il y avait des celtes, et puis sont venus des arabes, des juifs, d’autres contrées encore, et tout cela a fait un peuple…. Nous sommes neuf millions au Portugal, et cinq millions dispersés dans le monde. Mais ne croyez pas qu’ils ont émigré en France ou en Suisse, ou aux Etats-Unis. Non ils ont émigré au Portugal. Ils sont partis du Portugal pour arriver au Portugal. Où qu’ils soient ils ont leur Portugal. Et c’est peut-être pour ça qu’ils s’intègrent si bien ».
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