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GAUCHE, UNE RECONSTRUCTION DIFFICILE

samedi 2 décembre 2017
par  Jean-Luc Gonneau
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Les élections du printemps dernier, c’est une évidence, ont constitué un échec pour ce qu’il était convenu d’appeler « la gauche » (des radicaux de gauche à l’extrême gauche). Il serait éventuellement possible de le relativiser : cette gauche-là ne représentait déjà plus toutes les valeurs qui l’avaient identifiée depuis, en gros, le Front populaire. Les abandons successifs de certaines de ces valeurs par la gauche dite « de gouvernement » (participation de la quasi-totalité des élus socialistes à la ratification du Traité de Lisbonne, qui déjugeait le verdict populaire du référendum de 2005 sur le projet de constitution européenne, loi travail dite El Khomri mais en réalité Hollande-Macron-El Khomri, dans l’ordre, projet de destitution de la nationalité, lois liberticides poussées par Manuel Vals et d’ailleurs prolongées et accentuées par le duo Macron-Collomb, ce dernier ex-« socialiste »...) en avaient été les marqueurs. Il n’est donc pas étonnant qu’une partie de cette gauche-là aient rejoint En marche, soit par conviction, soit pour quelques-uns par pur opportunisme (un siège à préserver par ci, un poste ministériel par là). Une partie des médias et de la droite a beau qualifier le gouvernement Macron de « centre gauche », c’est bien de droite dont il s’agit et il est donc finalement logique que Manuel Vals et une partie des « hollandais » aient rejoint le camp idéologique qui, au fond, était le leur. Même constat pour les Radicaux de Gauche, qui envisagent, eux, purement et simplement, une « réunification » avec leurs homologues de droite. Au Parti Socialiste, on y reviendra, le ménage n’est pas encore fait. Mais foin de digressions : échec il y eut, en partie masqué par le score inattendu obtenu par la France insoumise.

Commençons par les constats. A gauche, le score électoral est sans bavure. : la France insoumise frôle le second tour à la présidentielle, le PS est presque ramené à l’étiage de l’antique candidature de Gaston Deferre, l’extrême gauche ne fait même plus de la figuration. Aux élections législatives, la France insoumise confirme son score, mais se traduit par un nombre de sièges, scrutin majoritaire oblige, réduit. Le Parti Communiste parvient de justesse à sauver son groupe parlementaire. Les Verts disparaissent de l’Assemblée, les radicaux de gauche sauvent trois sièges, dont l’un file à En marche. La Parti Socialiste (280 sortants) se retrouve avec trente élus, dont quelques-uns (Manuel Vals, Stéphane Le Foll…) grâce à l’absence courtoise d’une candidature En marche dans leur circonscription : la Berezina.

De quoi se poser des questions. Pour la France insoumise, le problème principal est de consolider sa nouvelle position de parti (heu, pardon, mouvement) dominant à gauche. Sortir d’une telle séquence électorale, même prometteuse est difficile. Mélenchon et ses amis ont fait, contrairement à beaucoup d’autres, un gros effort programmatique. Comment continuer à le faire vivre sans risquer un sentiment de « déjà vu, déjà entendu » ? Le temps permettra des actualisations qui redonneront du mouvement aux idées, mais en attendant, la France insoumise a joué une opposition frontale, avec des formes orginales, qui permet à ce jour à Jean-Luc Mélenchon d’apparaître dans l’opinion comme le principal opposant à Emmanuel Macron. Le Parti Socialiste demeure en pleine déconfiture. Lâché par une partie de son aile gauche partie avec Benoit Hamon et une partie plus importante encore ralliant En marche (une hémorragie qui n’est peut-être pas terminée), en panne de projet, souffrant d’une forte désaffection militante. Réaction à ça ? Une bagarre qui promet d’être chiffoniéresque entre quelques personnalités. Sur la ligne directrice ? Quasiment rien. Sur le positionnement face au gouvernement ? Open bar chez les éventuels prétendant-e-s : opposition pour Luc Carvounas ou Emmanuel Maurel, silence pour Najat Vallaud-Belkacem, faut voir pour Stephane Le Foll, ce monsieur qui dénonce les manœuvres internes alors qu’il y a trempé aux côtés de François Hollande pendant des années. Gloussons. Le Parti Communiste demeure difficilement audible, et la guéguerre PCF –FI, où comme dans toutes les guéguerres, les responsabilités sont partagées, commence à lasser. EELV sort à peine du coma et semble lorgner vers le nouveau parti (heu, pardon, mouvement) de Benoit Hamon, qui est en recherche de renforts. Tout ce petit monde espère devenir ou redevenir plus grand, et discute, ce qui ne fait pas de mal si ça ne fait pas de bien. Une partie importante des clés pour un rebond de l’ensemble de la gauche est entre les mains de la France insoumise, qui a des qualités pour le faire, mais des défauts aussi. Nous y reviendrons dans un prochain édito.


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