EN MÉMOIRE DE RUY RODRIGUES DA SILVA
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Il compta parmi nos premiers auteurs, nous fournissant des articles éclairants sur son pays, le Brésil, au moment où l’élection de Lula à la présidence de la république ouvrait de nouvelles perspectives pour une justice sociale tant attendue dans ce pays. Nous le connaissions déjà, celui qui fut l’un des plus jeunes ministres (de l’éducation, déjà) d’un état brésilien, le Goias, puis partira parmi les premiers en exil en France lors de la dictature militaire. Long exil, près de 20ans, pendant lequel, souvent avec la Cimade, il conduisit ici, en Afrique, en Asie. Quand il repartit pour son pays natal afin d’y créer la première université de l’état du Tocantins, il avait acquis la nationalité française et fit moult voyages dans notre pays, où à chaque fois, nous le retrouvions, petit homme élégant, souriant mais énergique, la tête emplie de projets de coopération et gardant toujours à l’esprit des principes auxquels il ne dérogea jamais : la haine de la corruption, l’importance de l’éducation (professeur, pédagogue hors pairs) et celle de la justice sociale, ne séparant pas l’une de l’autre, que ce soit dans ses projets internationaux ou dans ceux du Tocantins, où nous l’accompagnâmes quelques fois.
Lors de son dernier voyage à Paris, à l’orée de ce siècle, il luttait contre les premiers symptômes d’un mal incurable (maladie d’Alzheimer). Les nouvelles s’espacèrent, le téléphone même finit par ne plus servir. Et nous apprîmes, avec bien du retard, son décès voici presque deux ans.
Je me souviens de son commentaire ironique lorsqu’il prit connaissance du numéro où parut son premier article : « Dites-moi, c’est une synthèse entre Le Monde et Charlie Hebdo que vous essayez, là ? ». On n’y avait pas pensé, on ne l’a pas vraiment fait, mais Ruy Rodrigues Da Silva a été de ceux qui nous ont ouvert la voie. Obrigado, Ruy !
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