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COMMENT REUSSIR SA VIE

mercredi 9 mai 2018
par  Jacques-Robert Simon
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L’inné, l’acquis, la bonne fortune, l’abîme des drames, le hasard, la nécessité : qu’est-ce qui permet de vivre avec le sentiment d’avoir réussi sa vie ? Réussir sa vie aux yeux des autres ? À ses propres yeux ? Il est possible de penser que l’on a réussi sa vie lorsqu’on est le premier ou parmi les premiers d’un domaine quelconque. Le besoin de se mesurer à autrui habite chacun dès les plus jeunes âges et est relativement facile à satisfaire : le bambin court rapidement plus vite que son papy. Déterminer le meilleur d’une course à pied semble facile à faire : la mesure est aisée.

Depuis les Jeux Olympiques de Moscou en 1980, toutes les places en finale de la course de 100 mètres ont été monopolisées par des sprinters noirs ayant une ascendance récente ouest-africaine. Ces résultats peuvent s’expliquer par des prédispositions génétiques et un environnement adéquat. Un gène a été identifié qui serait responsable de la vélocité des sprinters noirs. Il ne devrait y avoir aucune gêne à admettre cette origine génétique : il y a environ 100 000 ans, tous les hommes vivaient en Afrique, les autres peuplades se sont créées par la suite à partir d’immigrés. Les Eurasiens ont dans leur génome entre deux et quatre pour cent de gènes de l’Homme de Néandertal qui préexistait à la venue de l’Homo Sapiens. Les habitants de l’Afrique subsaharienne sont dépourvus de gènes néandertaliens. Les uns et les autres montrent donc des différences génétiques, ce qui ne justifie aucune hiérarchisation entre eux. La base génétique influence les caractéristiques physiques et mentales de tout individu, mais elle ne détermine pas complètement sa vie. Les jumeaux homozygotes développent, par exemple, des circuits cérébraux différents induisant des comportements variés, quelquefois même contradictoires. L’épigénétique décrit toutes les modifications transmissibles aux descendants non originellement actives de la séquence d’ADN. Le parcours d’une vie n’est pas figé à la naissance, la quasi-totalité des champs des possibles est accessible à tous.

Le parcours d’une vie peut être vue comme une planche de Galton faite de nombreux obstacles disséminés d’une façon plus ou moins erratique et au sommet de laquelle on laisse tomber des boules. La boule choque chacun des obstacles sans que l’on puisse prévoir la direction prise après le choc. À la fin de ses tribulations, la boule gagne une des boîtes situées au bas de la planche. La probabilité d’atteindre une boîte donnée n’est pas la même pour toutes les boîtes : la plus proche du point de départ sera la mieux emplie, mais les autres sont aussi atteintes. La distribution dans les boîtes suit approximativement une courbe en cloche dite de Gauss.

La vie réserve nombre de chocs et de rencontres et si à chacun de ceux-ci vous appliquez une tendance, une préférence, une envie, un désir, toujours le même, vous finissez quelquefois par arriver là où vous souhaitiez. « Le talent n’existe pas… Le talent c’est d’avoir envie de faire quelque chose. » C’est cette envie, si vous la conservez malgré les innombrables aléas de la vie, qui vous fera peut-être atteindre une partie de vos rêves… ou pas. Sans cette passion on dérive vers les passions tristes.

Chacun n’est pas identique pour affronter les tribulations de la vie, mais on peut essayer de les rendre égaux : le point de départ ne devrait pas déterminer les points d’arrivée avec trop de constance. L’éducation devrait tendre à donner les mêmes chances à chacun. Le quotient intellectuel est censé fournir une mesure de l’intelligence humaine, clé de tous les devenirs. Personne ne saurait définir ce qu’est exactement l’intelligence. Selon les tests de QI, les européens montrent des scores dans la fourchette 87-105, les américains 69-94 et les personnes de l’Afrique sub-saharienne 59-89 (le plus grand nombre marquant le plus intelligent). La distribution des résultats montre un grand recouvrement ce qui laisse une chance à chacun d’être meilleur que son voisin quelle que soit son origine. Mais un chiffre ne peut pas résumer un homme. Le problème survient lorsqu’on considère que citer des fragments plus ou moins obscurs de Spinoza représente une bien plus grande valeur qu’un exploit athlétique. Le « racisme », ou plutôt le mépris d’un groupe d’individus, provient de la hiérarchisation des savoirs. Les hommes ont un cerveau plus volumineux que celui des femmes ? Mais qui peut prétendre que leur apport à la société en est inférieur ? Ce ne sont pas les différences d’intelligence ou d’aptitudes ce sont les mécanismes de domination mis en place qui produisent le mépris.

Dans le parcours d’une vie pour lequel les rencontres sont si importantes, la motivation, l’effort, le sentiment d’efficacité, l’autodiscipline, la fiabilité ont un impact considérable sur les résultats pouvant être attendus. La chance de rencontrer les bonnes personnes au bon moment est un facteur d’épanouissement décisif, grâce à la chance pour beaucoup, grâce à un soigneux tri des relations sociales pour quelques uns. Écrivains, artistes, scientifiques... Leur capacité à inventer repose non pas sur une quelconque mesure de l’intelligence mais bien plutôt sur leur capacité à rester eux même quitte à gérer des émotions fortes et souvent contradictoires.

Les savoirs livresques ont historiquement servis plus pour dominer la multitude que pour contribuer au progrès, aux découvertes, aux inventions, aux techniques. L’expérience et l’expérimentation sont à la source de la très grande majorité des savoirs utiles. Mais un artiste de la main ne peut communiquer son savoir que par l’exemple, c’est à dire à quelques uns. Les savoirs inutiles peuvent être épandus devant plusieurs centaines d’étudiants emplissant un amphithéâtre. Les artisans ne savent pas briller dans les salons, ou du moins pas toujours. Ils ont du mal à former des écoles, des clans, des fratries. Les intelligences alternatives associées aux métiers manuels sont des producteurs de diversité qui devrait rendre impossible le mépris plus ou moins dissimulé des uns vis à vis des autres en démontrant le grand choix des futurs possibles.

L’apport d’énergie est indispensable au maintien de tous types d’organisation sociétale. L’énergie nucléaire peut pourvoir aux besoins des occidentaux, le photovoltaïque et l’éolien peuvent être utilisés partout où la dissémination de la technologie nucléaire serait périlleuse. En alliant toutes les sources raisonnables d’énergie, la planète pourra à peu près être alimentée au niveau actuel, mais guère plus. La robotisation est déjà très poussée dans le domaine des productions industrielles et agricoles, le numérique va par contre dévaster les savoirs inutiles liés aux monstrueuses bureaucraties engendrées pour faire acheter ce dont on n’a pas besoin. Les producteurs et les fabricants de biens vont retrouver par conséquent leur importance, le foisonnement de la désormais trop nombreuse cohorte des hommes de papier va trouver ses limites. La distribution, la réglementation, la consommation ont été prodigieusement compliquées afin d’éponger les masses estudiantines ne sachant rien faire d’autre que de diriger les autres. Le système scolaire dans lequel le savoir manuel et technique est tenu pour partie négligeable fournissait ces multitudes. L’heure est revenue d’associer la valeur à l’utilité.

La « réussite » dépend pour l’essentiel du regard des autres. Internet permet de ne pas se limiter aux proches pour trouver la nécessaire résonance. Les intelligences de la main comme de l’intellect étant bientôt toutes deux reconnues à leur valeur, la plupart des gens qui s’en donneront la peine pourront avoir le sentiment d’avoir réussi leur vie. La compétition ne servira plus qu’à classer des semblables, laissant le plus intéressant ailleurs : « La vulgarité des premières places, ce qui compte ce sont les places à part. »…


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