LE TEMPS DES BOURRASQUES

vendredi 26 octobre 2018
par  João Silveirinho
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Les dictionnaires nous disent qu’une bourrasque est un brusque coup de vent de courte durée. L’un d’entre eux cite toutefois, opportunément, Jules Verne : « Quelques bourrasques de neige passaient au milieu des rafales de pluie et du vent. La mauvaise saison était évidemment prochaine ».

Au début de l’été, la bourrasque Benalla faillit tourner à la tempête. Elle est de plus, après quelques semaines de calme, susceptible de réapparaître à tout instant. A la fin de l’été, le gouvernement a été secoué par deux bourrasques successives. La bourrasque Hulot fut de courte durée : elle était prévisible depuis des mois, seul le moment de son déclenchement n’étant pas dans les radars de nos plus aiguisés prévisionnistes. Et elle ne faisait que confirmer ce que nous savions déjà : pour la macronie, l’environnement n’est qu’une toute petite variable d’ajustement du jeu électoral et ne doit en aucun cas troubler les parties de monopoly du monde économico-financier. Jupiter ne fit d’ailleurs aucun effort pour retenir le soldat Hulot car, tant pis, il n’était là que pour le marketing vert (pâle). Plus intense fut la bourrasque Collomb. Le ministère de l’Intérieur, ça, c’est du sérieux. La sécurité, c’est tout de même plus important que les histoires d’abeilles et de petits zoiseaux. L’immigration, c’est autrement préoccupant que les degrés Celsius en plus ou en moins, plutôt en plus, que des scientifiques nous prévoient mais pas tout de suite, tandis que les migrants, hein. Et puis, l’Intérieur, c’est aussi le renseignement. Important, le renseignement. De plus, le ministre n’était pas une sorte de « prise de guerre » à la Hulot, mais un des piliers de la macronie. Collomb et Le Drian, les deux barons « socialistes » qui firent beaucoup pour l’élection de Jupiterinho. Même si le ministre Collomb ne laissera pas un grand souvenir dans les annales du ministère, sa démission, bravant un premier refus de Jupiterinho, a, comme on dit au bistro, un sacré coup sur la tronche de la macronie. Et paralysé deux semaines le gouvernement, le temps de bricoler un remaniement poussif. Jolie bourrasque, finalement.

Et l’automne venu, nous voici en pleine bourrasque Mélenchon. Et connaissant, d’un côté, l’opiniâtreté du bougre, et, de l’autre, la perversité jupitérinhienne, voilà une bourrasque qui risque de durer, donc davantage qu’une bourrasque. Nous avons, en tout cas pour beaucoup d’entre nous, soutenu le programme de J.L. Mélenchon, et apprécié ses qualités. Et on ne nous fera pas croire qu’une opération d’une quinzaine de perquisitions politiques (un record absolu semble-t-il), mobilisant plusieurs dizaines de policiers et au moins un procureur, sans compter les gilets pare balles (il est vrai qu’il commence à faire un peu frisquet le matin tôt) n’ait pas reçu l’aval du gouvernement. Nous comprenons donc l’indignation du père Mélenchon et ne sommes pas choqués par sa véhémence. Les fichiers d’adhérents et de sympathisants de LFI embarqués avec les ordinateurs. Tout cela sera rendu. Ce fut probablement le cas. Après siphonage bien entendu car, comme nous l’écrivions plus haut, le renseignement, c’est important. Tout cela vaut bien une « juste colère ». Nous sommes moins convaincus par les diatribes contre la presse. Nous savons évidemment que la grande majorité de la presse est aux mains, directement ou indirectement « aux mains du grand capital », comme on disait jadis. Et que la déontologie journalistique est fréquemment mise sous le boisseau. Il demeure que mettre toute la presse dans le même sac, ou tous les journalistes de Radio France dans ce sac là nous paraît pour le moins excessif. Et que l’invective avec la « journaliste avé l’assent » fut déplacée. Les émotions sont humaines, mais on se doit de les contrôler mieux. J.L. Mélenchon sait mieux que beaucoup manier l’humour, y compris féroce quant il faut. Cela lui sied mieux que la colère disproportionnée. Nous, on dit ça parce qu’on l’aime bien. Après, à lui de voir. Faute de quoi cette bourrasque, qui, après l’épisode Benalla, aurait pu illustrer un usage politique de la police (et alors, le glissement vers une police politique n’est pas loin) pourrait se retourner contre celui, Mélenchon, qui en est à ce jour la victime.

Cette série de bourrasques montre la fragilité de l’édifice macronien. Ce qui ne semble pas, au moins en apparence, gêner Jupiterinho qui, dans la lancée de ses « illettrés », « gens qui ne sont rien », « fainéants », traverseurs de rues, vient paternellement d’inciter des retraités de Colombey les deux églises à se plaindre moins, eux qui viennent de se prendre en pleine figure en quelques mois une hausse de la CSG sur leur revenu, et le quasi gel de celui-ci dans les années à venir. Dans la série cynisme et foutage de gueule, ce monsieur est décidément insurpassable.


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