DEBAT : A PROPOS DE L’IMPOT SUR LA FORTUNE
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Qui aura le courage d’avoir un discours non démagogique sur l’ ISF ? Cet ISF (auquel je ne suis malheureusement pas assujetti) est totalement débile et démago : il s’agit d’un impôt sur une richesse théorique, pas réelle.
Si votre appartement que vous avez payé autrefois 150 000 Euros vaut aujourd’hui, au prix du marché, 750 000 euros, vous ne les avez pas pour autant. Vous ne les aurez que si vous le vendez ; et, à ce moment-là, il faudrait imposer la plus-value (750 000 - 150 000 = 600 000 Euros)...imposition à laquelle vous échappez si vous attendez assez longtemps avant de le revendre (à noter que, si on veut arrêter les "ventes à la découpe", il suffit de supprimer cette exonération totale de la plus-value dont bénéficient les marchands de biens, qui achètent et revendent aussitôt). Bref, il faudrait faire exactement l’inverse de ce qu’on fait. Sans parler du fait que, s’il y a un krach immobilier, et que vous ne le revendez finalement que 150 000 Euros, on ne vous remboursera pas pour autant tous les ISF que vous aurez payés à l’époque où il valait 750 000, somme que vous n’avez jamais eue, que vous n’auriez eue que si vous l’aviez vendu à ce moment-là. Idem pour les actions, etc. : tant qu’on ne les a pas vendues, on n’a rien gagné (ni perdu).
Mais la valeur émotionnelle du terme "impôt sur la fortune" est trop forte dans l’opinion publique pour qu’un gouvernement ait le courage de s’attaquer à un impôt qui n’est qu’un impôt sur une fortune potentielle, et qui touche parfois des gens aux revenus modestes qui ont la malchance que le logement qu’ils habitent ait pris de la valeur ; alors que "impôt sur la plus-value", ça fait technique, c’est émotionnellement moins fort.
En réalité, on ne devrait taxer que les revenus, qu’il s’agisse du travail ou du capital, quelle que soit la façon dont on ait placé ce capital. Mais, évidemment, une suppression de l’ ISF devrait s’accompagner d’une hausse de toutes les autres façons de se constituer un capital, qui ne sont pas si nombreuses : impôt sur le revenu (du travail comme du capital), impôt sur les plus-values, au moment où elles sont réalisées et impôt sur l’héritage, alors qu’on ne cesse de les diminuer tous les trois.
C’était d’ailleurs l’objectif de la CSG, impôt portant sur la totalité des revenus, quelle que soit leur nature ; mais il faudrait supprimer les nombreuses exemptions dont bénéficient les revenus du capital, la rendre progressive et non simplement proportionnelle, et la rendre totalement non déductible, cette déductibilité profitant davantage aux revenus élevés . Ce discours est-il possible à tenir politiquement ?
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