L’ultralibéralisme est la première doctrine de droite structurée. Le monarchisme était nul, Mussolini lui disait : « l’Etat n’est pas assez fort, donnez-moi tous les pouvoirs et j’arrange tout » et la réponse est « peut-être, Benito, mais pourquoi toi plutôt que mon concierge ! »

Le communisme était structuré, les arguments étaient reliés entre eux, les auteurs s‘étaient vraiment « défoncés » pour qu’il en soit ainsi ; et d’ailleurs il était en grande partie vrai. Moi, jeune d’une famille de droite, il me coupait le souffle !

Ceux qui ont inventé l’ultralibéralisme ont dit : « on va faire aussi bien » bien que leur doctrine soit fausse. Les arguments sont reliés parce qu’ils l’ont voulu, et bien calculé. Le spectateur trouve lui-même des arguments pour, pourquoi ? Parce qu’ils ont passé du temps à calculer qu’il allait penser cela, ils ont fait en sorte que tout aille. Il y aura des exemples concrets où l’ultralibéralisme a marché, toujours pour la même raison !

Nous devons faire une vraie étude, en démontant tout, argument par argument ; c’est un travail de titan, il faut le faire !

Un aspect important : les guerres de l’Afrique subsaharienne donnent un spectacle terrible. On est tenté de comparer les potentats de ces pays à Pierre le Grand, Napoléon ou Staline. Or la situation est complètement différente. Ces pays dépendent absolument des puissances occidentales. Il ne s’agit pas de nier les progrès de l’Afrique, qui compte des écrivains géniaux et des journalistes pleins d’humour. Il faut voir la vérité : ces pays sont dépendants ; ces potentats ne sont pas des Napoléons. Dans tout conflit d’Afrique subsaharienne, le chef fou qui veut accroître son pouvoir vit aux USA ou en Europe de l’ouest. La preuve par l’absurde : l’affaire Danone

Donc Danone a 10 ou 15 usines qui gagnent 15% et 2 qui gagnent 5%. Ils ferment ces deux : donc le groupe gagne moins. Le nombre d’actions n’ayant pas bougé, elles gagnent moins. Dire « on n’a que des usines qui font 15% » est un effet d’optique : il faudrait que les actionnaires qui sont « ceux des mauvaises usines » soient éliminés (rire). Pourquoi l’action a monté ? Parce que les experts en expertise ont décrété que le patron qui est un fauve mérite un « susucre ». NB : aux dernières nouvelles, ils auraient récupéré une partie des machines ; délocaliser est moche mais l’usine ne serait pas perdue à 100 % (?)

Une doctrine masochiste

Labourer la moisson (1) : Parce que la multinationale qui s’installe dans un pays perdu commence par éradiquer le réseau de la concurrente, ce qui est excessif, provoque des désastres économiques toujours et des guerres souvent. Parce que, déjà, le capitalisme financier tue le normal (tout pour les actionnaires), mais le capitalisme financier « new wave » tue le classique, car les fonds achètent pour tricher, faire monter l’action et revendre, et le gars qui rachète - qui existe - ne gagne rien.

Parce qu’on dit : plus de recherche fondamentale ; et là on voit en rigolant que les Américains n’appliquent pas la règle car ils en font énormément ; certes toujours financée par des voies pas jolies. Ou c’est l’armée, ou les grosses firmes donnent des fortunes à des universités plutôt privées ....mais ils en font. Parce qu’en recherche appliquée on va chercher ce qui est immédiatement rentable, (quand ce n’est pas ce qui peut être fait dans l’usine délocalisée du bout du monde) et non ce qui est progrès vrai, qui pourrait servir plus tard.

Plus généralement, je ne suis pas encore assez calé pour bien le dire, mais on dirait qu’ils se complaisent dans des mécanismes « à l’envers ». Au minimum les articles de Bernard Maris donnent des exemples ponctuels.

Bien sûr un patron peut carrément couler la boîte pour augmenter son paquet de stock-options, mais Kenneth Lay qui a été balancé par son conseiller risque 172 ans de taule. Où est De Gaulle qui disait « Mais enfin ! Un patron doit être fier de sa firme comme un artisan était fier de lui... Et on doit être fier d’être français, donc de faire du bon boulot ! » Ca a presque marché pendant 15 ans !

Enfin sachant, comme tous, que les moyens bourgeois perdaient toujours à la Bourse, qu’il fallait avoir accès au quasi-délit d’initié ...ou au vrai, pour gagner ; que des gens disent aux prolétaires de jouer à la Bourse me paraît de l’humour trash.

Le cauchemar de Darwin (le film)

Le titre du film veut dire d’abord qu’avec la perche du Nil, mise dans un lac où elle n’avait rien à faire, la « compétition entre espèces » a tourné au massacre. Mais en fait qui l’a mise là ? Des firmes qui suivent l’ultralibéralisme. Et ça c’est « mort aux faibles » chez l’homme. C’est ça, le Cauchemar de Darwin !!

Autre exemple de militantisme bien vu : le soir où Chirac essayait de nous persuader qu’il n’y avait aucun danger dans la « constitution », on pouvait voir à la place le western « Pale rider », où on voit un gros propriétaire minier brandir un titre de propriété et Clint Eastwood lui répondre : « vous oubliez le paragraphe où il est dit que les petits chercheurs d’or gardent leur parcelle tant qu’ils l’occupent ! ». Bien trouvé !

L’ultralibéralisme est une tentative de faire croire que « Mort aux faibles » est acceptable en rappelant les époques sinistres où on a vu les partis dire « Mort aux Intellos » : manipulation inadmissible

L’élitisme est le principe que le gars doué mérite de réussir, ça et seulement ça. Là, je dois préciser que les gens qui s’en réclament ont toujours une petite pensée pour le nazisme, dont la vraie doctrine de départ était « mort aux intellos ! », très visible chez Mussolini et chez les Khmers rouges aussi, nazis infiltré dans le communisme (les Vietnamiens ayant mis fin à leur désastre ont attaqué la Chine (à un contre vingt !) pour lui dire : ne nous remettez plus jamais des ordures comme ça - match nul)

Donc la doctrine du staff du clown Reagan et de ses successeurs est : celui qui est riche aujourd’hui a raison, celui qui est pauvre a tort. Plus d’aide, les précaires et chômeurs crèvent. Ici, Francis Mer : les ouvriers, on ne peut rien pour eux, ceux qui ne sont pas doués, tant pis. Un sénateur finlandais (père d’un ministre !) : le malheur de l’Afrique, c’est que le QI d’un Européen est 95 et celui d’un Noir 70 (textuel) Donc, si je comprends, les libéraux donnent à cela une teinte élitiste ? Ils vont embarquer des gars qui ont un vague sentiment « élitiste » ou pour la « méritocratie » ?

Tout faux, Reagan et les autres, il se trouve que les « beaufs », le terme est bon, ont la jalousie ancrée, ils se renseignent, ils achètent à des firmes de « beaufs » ; et des marques médiocres se maintiennent ; et des crétins sont patrons riches, et des gosses géniaux ne fichent rien au lycée et ont un boulot nul. Amusante, l’idée de Reagan : j’ai réussi à partir de rien..... Non, tu avais une tête type pour jouer au ciné le sale con pas vraiment salaud, modèle rare ; aucun mérite.

A la limite, sachant qu’on ne nous fera plus le coup des Khmers Rouges, il suffit de surveiller l’extrême-droite et on n’aura plus de drame ; donc sans hésiter, je dis qu’on ne fera pas de « Darwinisme social », pas de sélection naturelle, même pas pour séparer les sales types des braves gars. Quand une pauvre nana d’Afrique pleure au bord de la route en terre parce que son gosse vient de mourir, je me fous de savoir si le gamin dans 15 ans aurait été sympa ou m’aurait mis une rafale de mitraillette, je m’en fous ; ça ne m’intéresse pas. Or ici, avec la constitution (2), on était en plein dedans... Je n’ai pas assez parlé, pour ne pas avoir l’air de la ramener, avec les héros qui ont combattu les néonazis il y a quelques années ; j’ai eu tort.

(1) Le gars qui a résumé est Gébé : « labourer la moisson », dessin connu

(2) Le signataire a assuré les collages PS quand on lui demandait, mais a couvert sa ville d’affiches perso assurant le succès des réunions Non. Et pourri toutes les rares affiches FN au centre-ville.

François Ledru est l’auteur des chansons « L’ultralibéralisme », « Le lait en poudre », (le scandale Nestlé) « Sharon » (un dirigeant qui ne veut rien comprendre), « Le soldat » (la boucherie de 14-18), « Ituri » (la guerre de Bush contre le tiers monde), « Sale temps » (les malheurs des beurs), « La constitution », « L’internationale des dégonflés », « Où c’est que j’ai mis mon flingue » et « Nicolae Sarkocescu ». Plus des chansons sur l’extrême-droite encore top-secret et plusieurs chansons anticléricales.