Plein de nuages et quelques lueurs d’espoir.
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Pauvre planète ! L’un de ses poumons verts part en fumée, à la grande joie de l’agro-business d’Amérique Latine et de son pyromane en chef, Jair Bolsonaro, probablement le plus répugnant personnage d’une scène politique mondiale où la concurrence en ce domaine est pourtant féroce. Les risques de réchauffement, dont les effets sont de plus évidents et dévastateurs s’accroissent chaque année. La Libye, après la calamiteuse intervention du duo Sarkozy-Cameron (si brillamment transformée en épopée par le grand poète Bernard-Henry Levy), demeure l’actif épicentre du cancer jihadiste qui se développe en Afrique. A tout moment, Donald Trump, bruyamment appuyé par le célèbre expert international des affaires de corruption Benyamin Netanyahou, peut mettre un feu d’enfer dans tout le Moyen-Orient en attaquant l’Iran pour y « rétablir la démocratie », formule polie pour « récupérer son pétrole ». Démocratie que ce pays a de plus rarement connu, la famille Pahlavi n’étant guère portée sur la chose, et dont la tentative de l’instaurer par Mohammad Mossadegh, fugace premier ministre qui eut le mauvais goût de nationaliser le pétrole iranien, fut promptement interrompue avec l’appui actif… des Etats-Unis. Ajoutons que le chaos politique que traverse l’Europe ne présage pas grand-chose de bon, que cette liste n’est pas, il s’en faut, exhaustive, et voilà pour la planète.
Dans ce « concert des nations » qui fait mal aux oreilles et pas que, notre pays joue une partition que d’aucuns jugent prudente, d’autres timorée, le maître mot d’ordre paraissant être de ne se fâcher avec personne, à l’exception de Bolsonaro, le dangereux guignol brésilien. De temps en temps, on fait mine de se rebeller, on tance Donald Trump lorsqu’il dénonce l’accord nucléaire avec l’Iran et met en place des sanctions économiques contre ce pays, mais dans les faits, on participe à ces sanctions. Nous invitons le premier ministre iranien au G7 ? Ha, ha, en voilà une belle initiative. Et Trump trouve qu’en voilà une idée qu’elle est bonne. Vous voyez, Macron a dompté Trump ; ça, c’est pour la com’ car quelque jours après, Trump, le raminagrobis de Biarritz, menace quasiment de raser l’Iran. Le grignotage de la Palestine par Israël ? A peine un froncement de sourcil. Les massacres perpétrés par l’Arabie saoudite, ce parangon de démocratie, au Yemen avec l’aide active américaine ? Rien à dire, c’est un bon client, et puis Mme Parly nous l’assure sans rire : les armes que nous y vendons ne tuent pas de yéménites. Des pistolets à eau sans doute ?
La France, de par sa dimension, ne peut prétendre jouer un rôle majeur en termes de puissance économique ou militaire. Elle bénéficiait d’une sorte de magistère moral issu des Lumières et de la Révolution, qui s’érodait lentement avec le temps avec les turpitudes diverses qui suivirent mais se relevait aussi. Et d’une certaine prééminence culturelle, affaiblie certes par la mondialisation anglophone, prélude à la mondialisation économique, mais aussi, et surtout, par l’incurie culturelle croissante de la classe politique : sous la Ve République, seuls deux présidents de la République, (De Gaulle et Mitterrand quels qu’aient été leurs défauts par ailleurs) furent capables de redonner un lustre culturel international à la France. Pour les autres, ce fut toujours un sujet mineur. On croyait avoir atteint le fond avec Sarkozy et Hollande, incultes notoires et même parfois revendiqués, mais le « nouveau monde » macronien, cette « start up nation », nous sidère par sa vacuité. Bref, nous ne sommes pas sortis de l’auberge/
Et pendant ce temps, les réformes vont leur train, un peu plus lentement peut-être, car on se méfie, là haut, depuis l’apparition des gilets jaunes. On essaie de faire passer plus doucement une réforme des retraites alors que savons tous que tout le monde, sauf les détenteurs de capitaux car les capitaux ne prennent jamais leur retraite, y perdra. Dernière lubie présidentielle : remettre sur la table la question migratoire, qui, sans avoir complètement disparu des esprits, ne figurait pourtant plus dans les préoccupations principales de nos concitoyens. Il s’agirait même de « repenser » le droit d’asile, au prétexte qu’il y aurait des filières en abusant, avec des passeurs y faisant fortune. Des filières, il y en a, il y en a toujours eu. C’est le rôle de la police de les identifier et de les appréhender. C’est le rôle de juges qui statuent in fine sur les demandes d’asile d’apprécier leur existence. Elles ne concernent de toute évidence qu’une minorité de personnes obtenant l’asile. Cela rappelle un débat vieux de quelques années où il était proposé de durcir les conditions d’autorisation des mariages entre français et étrangers pour lutter contre les mariages blancs de complaisance (même pas 1% des mariages de ce type). Une enclume pour enfoncer un clou. La vraie raison de ce soudain attrait pour le « problème » de l’immigration, c’est que la macronie espère ainsi siphonner des voix au Rassemblement (ex Front) National. C’est jouer avec le diable que de lui emprunter ses outils : au risque de se diaboliser. Il semble d’ailleurs qu’au sein même de la macronie, certains se rebiffent, l’enfer ne les tentant pas/
Ne versons cependant pas dans le pessimisme, ce n’est pas notre genre. Allez, garçon, encore un petit verre de votre Gaillac perlé pour la route. Des lueurs d’espoir, il y en a. La menace sur l’avenir des retraites commence à mobiliser de larges parties de la population. La grève très suivie de la RATP, les manifestations qui se multiplient à ce sujet sont de bon augure. Le référendum contre la privatisation d’ADP (Aéroports de Paris), aberration économique, approche le million de signatures. Signez si ce n’est déjà fait. C’est vous, c’est nous qu’on spolie avec cette vente, c’est le groupe Vinci, qui se goinfre déjà avec les autoroutes, qu’on enrichit. L’engagement citoyen pour la défense de l’environnement et le combat écologique contre le réchauffement climatique se développe, notamment dans le jeunesse. Face à l’apathie des partis de la gauche, des signes semblent montrer que la société civile, ce que certains nomment le peuple, commence à prendre les choses à bras le corps. Lueurs d’espoir.
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