UNE HEXAGONERIE AU GOÛT D’HUILE DE PALME

lundi 2 décembre 2019
par  Patrice Perron
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Les députés de l’Hexagone se sont encore illustrés dans la nuit du 14 au 15 novembre de cette belle année 2019. Dans un vote réalisé en catimini, et sans doute avec peu d’individus présents (mais tout le monde est payé), les députés ont adopté un amendement incroyable : ils ont reporté à 2026 la suppression de la défiscalisation de l’utilisation de l’huile de palme dans la fabrication de carburant soi-disant bio !

Pour un gouvernement qui se prétend écolo, cela la fout mal. Car sur Terre, personne n’ignore le fait que l’exploitation de l’huile de palme, d’une part contribue fortement à la déforestation, mais d’autre part, est trois fois plus polluante en rejets de gaz à effet de serre que le gazole. Cette huile participe donc à la destruction de la nature et à la mise en danger de notre survie. Et, en même temps, comme dirait Jupiter, ce même gouvernement ne passe pas une minute de son existence sans chercher un moyen de nous taxer encore plus sur l’utilisation des carburants. Et cette défiscalisation rapporte à Total la modique somme de 70 à 80 millions d’euros. Que celui ou celle qui trouve une logique à ces pratiques, me balance un pavé des Champs-Élysées sur la tête.

Un peu étonné d’un tel vote, je suis allé aux infos. Facile, car tous ceux qui ont voté pour, cherchent maintenant à se défausser en avançant des arguments peu convaincants ou des alibis. Par exemple : le chantage à l’emploi pour le personnel de la raffinerie située dans les Bouches-du-Rhône. Or, cette raffinerie traite aussi de l’huile de colza, mais c’est plus cher. Le vrai nœud du problème, c’est le nerf de la guerre : le fric. Pour continuer à se faire un maximum de pognon de dingue, Total n’hésite pas à pratiquer un lobbying éhonté et honteux, tandis quelques marcheurs macroniens et des LR se rendent complices d’un tel scandale.

La prime du pire revient au gouvernement qui d’un côté vote une loi de transition écologique et de l’autre tient ensuite des discours contradictoires et incohérents. Ainsi le ministre Darmanin donne son aval au vote de l’amendement repoussant à 2026 ce qui est prévu en 2020, en chantant à l’unisson avec le PDG de Total, qu’il faut une concurrence égale entre les pays européens. Argument fallacieux, puisque déjà les Pays-Bas ont interdit l’adjonction d’huile de palme dans leurs carburants.

Cela nourrit un paradoxe incroyable et inacceptable dans les actes du pouvoir hexagonal, à savoir, que ce gouvernement encourage Total à polluer par le cadeau fiscal octroyé et en soutenant l’amendement, mais continuerait à nous punir fiscalement parce que nous utilisons des moteurs thermiques dont le carburant contient de l’huile de palme. Balaise comme politique écolo ! Comprenne qui peut !

Heureusement, la ministre de l’écologie n’est pas contente et le premier ministre Édouard Philippe s’est senti obligé de réagir face au tollé, en demandant un nouveau vote le lendemain 15 novembre pour annuler celui de la nuit précédente. La cacophonie est magnifique et réussie. C’est un excellent concert.

Même si cet amendement, quasi clandestin, a été annulé, (pour cette fois), par 52 voix pour l’annulation et 2 voix contre, (il y avait donc 54 députés présents), cet épisode lamentable met parfaitement en lumière les pratiques de Total et celles de certains députés au minimum irresponsables. Cela nous appelle à toujours être vigilants, à nous méfier des engagements, puis des actes du personnel politique, même si les promesses n’engagent que ceux et celles qui y croient. Il y aura toujours des entourloupes dont nous serons les victimes.


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